• Dieu reconnaîtra les siens ! *** Sortir de la nuit coloniale

    Dieu reconnaîtra les siens !

    19 mars 2015 |  Par Jean-Paul Bourgès 

    C’est cette fameuse phrase que l’on attribue à Simon de MONTFORT lors du massacre des habitants de Béziers, en juillet 1208, où nul ne se souciait plus de différencier les Cathares de ceux qui ne l’étaient pas.

     

    Dieu reconnaîtra les siens !

    Le nouveau maire de Béziers, Robert MÉNARD, est probablement le digne héritier de cette période marquée par les outrances.

    Ayant quelques raisons personnelles de savoir et comprendre ce que fut pour de nombreux Français, la fin de la guerre d’Algérie et, pour les « Pieds noirs » ou les Harkis, leur abandon précipité de l’Algérie, je n’ai jamais traité ces sujets légèrement. A l’époque de la guerre d’Algérie (J’avais dix ans lorsqu’elle éclata et j’allais avoir dix-huit ans lorsqu’elle prit fin) j’étais en opposition avec mon père, officier né à Alger et élevé à Tanger, en étant un partisan de l’indépendance de l’Algérie (La politique était le seul sujet sur lequel nous ne nous entendions pas merveilleusement bien). Je crus longtemps que les « Pieds noirs » continueraient de vivre en Algérie … dans une société mixte comme aujourd’hui l’Afrique du Sud, les brutalités qui avaient précédé l’indépendance, des deux côtés, ne le permirent pas.

    Alors, pour moi, l’existence en France de rues et de places « du 19 mars 1962 » est non seulement naturelle mais indispensable pour saluer la fin d’un conflit aussi long que les deux guerres mondiales mises bout à bout, qui fit un nombre inconnu de victimes mais qui n’est sûrement pas inférieur à un demi-million.

    Vouloir effacer cet événement est donc une pure provocation de Robert MÉNARD, surtout pour lui substituer celui d’Hélie DENOIX de SAINT MARC.

    Hélie DENOIX de SAINT MARC fut un combattant courageux dans la Résistance et il faillit mourir en déportation à moins de vingt trois ans. Après être passé par Saint Cyr, il fut un officier sensible au sort des gens qu’il rencontrait. Mais, même si ce fut amnistié, on ne peut oublier qu’il fut un officier factieux et, surtout, qu’il servit sous MASSU lors de la « bataille d’Alger » dans ces régiments qui pratiquèrent la torture de façon systématique. On n’a jamais dit qu’il tortura lui-même, mais il était le porte-parole du commandement, chargé de nier l’existence de la torture alors qu’évidemment il connaissait son existence … rien de ceci n’est anodin.

    Qu’une voie quelque-part en France, dans son pays d’origine, le Bordelais ou là où il est mort, dans la Drôme, porte son nom, ne me gênerait pas trop dans un esprit de réconciliation nationale plus de cinquante ans après la fin de la guerre d’Algérie.

    Mais substituer son nom au souvenir de la signature des accords d’Evian, ce n’est pas un geste d’apaisement, c’est une provocation et une incitation à la résurgence d’une haine nationale.

    Dans quelques jours nous allons voir de nombreux membres du FN devenir conseillers départementaux et il est fort possible qu’ils puissent même diriger certains départements. Les méthodes de Robert MÉNARD sont bien inquiétantes en les imaginant à des niveaux supérieurs à une ville.

    Mais rien ne semble alarmer nos concitoyens … tant qu’on ne s’en prend qu’à leurs consciences, il est vrai que l’on ne touche à rien d’important. 

    Jean-Paul BOURGÈS 19 mars 2015

    SOURCE : http://blogs.mediapart.fr/blog/jean-paul-bourges/190315/dieu-reconnaitra-les-siens

    Dieu reconnaîtra les siens !

     

    Sortir de la nuit coloniale

    Dieu reconnaîtra les siens !

    Par Salim METREF

    Entre éclipse solaire et marées hautes, la France a les yeux pétillants de joie et de curiosité. Mais en filigrane s’esquissent déjà des lendemains qui déchantent. L’arrivée des extrêmes au pouvoir en France est désormais une certitude.

    À Béziers s’invite déjà en guise de mémoire la nostalgie des causes perdues. Quel âge avait donc Robert Ménard en 1962 pour avoir pu intérioriser autant de ressentiments et, disons-le sans hésitation, de haine à l’égard de l’Algérie indépendante ? Juste 9 ans. Et peut-on à cet âge-là avoir déjà le vécu nécessaire pour s’inventer un passé, une histoire ? Né à Oran en 1953, celui qui ne cache plus ses opinions les plus radicales franchit le Rubicon et ose quelques pas de danse dans ce cercle révisionniste qui s’agrandit chaque jour en France, qui a aussi ses adeptes en Algérie, et qui n’a pas encore trouvé de réponse ferme notamment de ce côté-ci de la Méditerranée.

    Le tonitruant et ancien président et fondateur de Reporters sans frontières cachait-il donc si bien son jeu ? Et si sous les cendres couvent souvent les braises, celles des méchouis arrosés à l’anisette et à l’odeur insoutenable des mechtas enflammées, des « corvées de bois » et des grottes enfumées au gaz d’où personne ne sortait jamais vivant semblent s’être elles aussi soudainement ravivées

    Mais dans la patrie du rugby, des anti-corridas et des aficionados, du linge qu’il ne faut pas étendre au balcon, du combat pour doter la police municipale d’armes véritables, le maire de Béziers trouve toujours du temps pour réécrire l’histoire. A sa manière. Robert Ménard fait donc le deuil de l’Algérie française, lui qui en journaliste aguerri et impénitent a déjà entonné un livre à sa gloire.

    Et entre les drapeaux en berne et les rues rebaptisées s’insinue un parfum nauséabond, celui de la haine jamais récusée, de la nuit coloniale et de ses effets pervers de déstructuration et de désarticulation de sociétés entières qui ici aussi continuent de nous brouiller la vue et de rendre la visibilité incertaine.

    Et si personne ne peut contester à Robert Menard le droit d’agiter chez lui l’étendard de la France coloniale après avoir comme beaucoup d’autres de ses semblables fait son mea culpa et renoncer à défendre des causes bien plus nobles qui demandent plus de courage, récuser ses idées et les combattre est une œuvre salvatrice.

    En France aussi, les justes se sont éclipsés et le courage s’est effiloché avec les années et sous les coups de boutoir des vrais désarrois et des fausses certitudes. Peu importe cependant ce que Robert Menard dit ou ce qu’il fait. Seul est utile de combattre toujours et avec force et détermination ces idées fausses et le doute qu’elles induisent. Et dire aussi sans hésitation et avec conviction et sérénité le courage et la sagesse de ceux qui en burnous et en djellabas ont depuis des siècles déjà tracé la route !

    Salim METREF
    SOURCE : http://www.legrandsoir.info/sortir-de-la-nuit-coloniale.html
    « "LES HERITIERS DE L'OAS" Un article de Bernard DESCHAMPS, Ancien député du Gard19 Mars 1962 : 53 ans après, la tentation révisionniste »

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