Hommage à Maurice Audin
un brillant
mathématicien, symbole
du besoin de vérité
en Algérie
Il fut assassiné par les parachutistes, il y a cinquante-huit ans, le 21 juin 1957. Son corps n’a jamais été retrouvé.
Nous étions en 2012 et François Hollande avait fait un premier pas…
C'était l'un des moments forts de la visite de François Hollande en Algérie. Jeudi 20 décembre 2012, le président français s'est rendu place Maurice Audin pour rendre hommage au militant communiste et indépendantiste, mort à 25 ans en 1957, entre les mains de l'armée française selon sa famille. Le chef de l'Etat a promis d'ouvrir les archives pour faire toute la lumière sur cet épisode obscur de la période coloniale. Un hommage et une décision très attendus, notamment par la veuve de Maurice Audin.
Josette Audin avait écrit à François Hollande pour obtenir cette avancée vers la vérité. Le président lui a répondu positivement comme l'a constaté Loubna Anaki qui revient, dans son reportage pour France 2, sur l'histoire de ce brillant mathématicien qui avait choisi de s'engager pour l'indépendance algérienne.
Algérie: François Hollande rend hommage à Maurice Audin par AlQarra
En 2014 François Hollande fait un nouveau pas
vers la vérité : "Maurice Audin ne s'est pas évadé
il est mort en détention !"
Maurice Audin, mathématicien et militant communiste et de l’indépendance de l’Algérie, arrêté le 11 juin 1957, durant la bataille d’Alger, ne s’est pas évadé, "il est mort durant sa détention " a déclaré le 18 juin 2014, le président français, François Hollande, dans un message adressé à l’occasion de la remise du prix Maurice AUDIN pour les mathématiques.
Pour les proches de Maurice Audin et pour les historiens, il ne faisait aucun doute que le jeune mathématicien était mort sous la torture. Mais, c’est la première fois, qu’au plus haut niveau de l’Etat français on remet en cause la thèse, diffusée par l’armée française, d’une "évasion " du militant indépendantiste après son arrestation.
Dans son message publié sur le site de l’Elysée, François Hollande, rappelle qu’il a fait de " l’exigence de vérité la règle à chaque fois qu’il est question du passé de la France " et qu’il avait, à l’occasion de son voyage en Algérie en décembre 2012 insisté sur le devoir de vérité sur la violence, sur les injustices, sur les massacres, sur la torture...
Aujourd’hui est remis le Prix AUDIN de mathématiques, en mémoire de Maurice AUDIN, jeune professeur et militant de l’Algérie indépendante.
Depuis mon entrée en fonction, j’ai fait de l’exigence de vérité la règle à chaque fois qu’il est question du passé de la France.
C’est cette exigence qui m’a guidé quand, à l’occasion de mon voyage à Alger en décembre 2012, j’ai rappelé notre devoir de vérité sur la violence, sur les injustices, sur les massacres, sur la torture.
C’est cette exigence qui m’a conduit à ordonner que soient engagées des recherches sans précédent dans les archives du ministère de la Défense, afin de découvrir si des documents officiels permettaient d’éclairer de façon définitive les conditions de la disparition de M. AUDIN en juin 1957.
Ces recherches n’ont pas permis de lever les incertitudes qui continuent d’entourer les circonstances précises de la mort de M. AUDIN, que la Justice n’a plus les moyens d’éclairer. C’est aux historiens qu’il appartient désormais de les préciser.
Mais les documents et les témoignages dont nous disposons aujourd’hui sont suffisamment nombreux et concordants pour infirmer la thèse de l’évasion qui avait été avancée à l’époque. M. AUDIN ne s’est pas évadé. Il est mort durant sa détention.
C’est ce que j’ai voulu signifier en me rendant le 20 décembre 2012 place Maurice AUDIN à Alger, devant la stèle qui honore sa mémoire.
C’est ce que j’ai dit à Mme AUDIN en la recevant le 17 juin 2014, 57 ans après la disparition de son mari à l’égard duquel un devoir de mémoire et de vérité nous oblige.
Conclusion d’Henri Pouillot
Un sujet revient sans cesse, autour de "l’Affaire Maurice Audin" :
Lors de votre voyage de décembre 2012 d’abord : ce déplacement avait suscité de grands espoirs, avec le slogan de votre campagne électorale " Le changement, c’est maintenant". La majorité des Algériens espéraient qu’enfin, la France allait reconnaître ses responsabilités et les condamner dans l’ensemble des crimes d’état, crimes contre l’Humanité… commis en son nom envers le peuple algérien. Quelle déception ! Lors de votre visite sur la Place Maurice Audin à Alger vous n’avez même pas évoqué la question de la Torture.
Depuis, vous avez diffusé un communiqué le 17 juin 2014 qui reste bien énigmatique et bien insuffisant. Certes il remettait, enfin, en cause la thèse qui restait toujours la version officielle de l’évasion de Maurice Audin. Mais là aussi, cette démarche fut également ressentie comme une opération politicarde. Il est bien évident que personne, depuis juin 1957, ne portait le moindre crédit à la version mensongère de l’évasion de Maurice Audin. Alors, que ce communiqué dise enfin qu’il était mort en détention, n’était que déflorer un secret de polichinelle. Pourquoi, après la diffusion de ce communiqué évoquant des documents et témoignages concordants, ceux-ci ne sont ils toujours pas rendus publics ? Comment Maurice Audin est-il mort ? Qu’est devenu son cadavre ? Quels sont les témoins qui se sont exprimés ? Qu’ont-ils dit ? Quels documents corroborent ces dires ?
Dans la presse algérienne (Le Quotidien d’Oran, El Ayoun, El Watan…), entre août et octobre 2014 un témoignage a été diffusé, donnant une piste sur le lieu de sépulture possible de Maurice Audin. A-t-elle été vérifiée, est-elle exacte ? En novembre dernier, j’avais été sollicité pour commenter ces informations et j’avais accordé plusieurs interviews à ce sujet.
J’ai interpellé votre ministre Jean-Yves Le Drian, votre Chef d’Etat Major des Armées,… sur ce sujet mais je n’ai eu aucune réponse !!!
A l’occasion de l’intervention que j’ai faite à Sidi Bel Abbès, bien évidemment, la question de la torture a été au cœur des échanges et l’affaire Maurice Audin, omniprésente. Ces questions sont naturellement dans les esprits des Algériens. Une position claire, enfin, est attendue : une reconnaissance et une condamnation de cette pratique alors institutionnalisée par les plus hautes autorités de la France de ces crimes commis en son nom. Comme est aussi attendue la diffusion de la vérité sur la disparition de Maurice Audin. Il semble d’ailleurs que le gouvernement algérien serait prêt à tout faire pour que la vérité soit enfin connue.