• Il faut célébrer le Débarquement du 15 août 1944 en Provence sans oublier les coloniaux à l’heure où les partis populistes et xénophobes font une entrée remarquée au Parlement européen

    L'anniversaire du Débarquement en Normandie a donné lieu à de nombreuses commémorations. Mais ces cérémonies suffisent-elles à rendre hommage à tous les héros français ? Qui sont les laissés-pour-compte ? Pierre Henry, directeur général de France terre d’asile, écrit à François Hollande pour lui demander de corriger une injustice.

    À l’occasion des commémorations du 70e anniversaire du Débarquement, la Nation et le monde ont paru rassemblés en Normandie pour rendre un vibrant hommage aux 37.000 jeunes alliés fauchés pour servir la liberté d’un pays, d’un continent.

    La Nation et le monde ? Non, pas tout à fait. Et c’est d’ailleurs pourquoi des voix ont murmuré :

    "Qu’en sera-t-il de la mémoire des nôtres, ces milliers de soldats de l’ex-empire français, tombés, comme les anglo-saxons, pour chasser le nazisme ?"

    Certes, l’Histoire nous dit que les "coloniaux" n’ont pas débarqué à Omaha, Utah, ou même Gold. Mais le 6 juin aurait pu être une célébration plus généreuse, devant tout le "beau monde" réuni : celle du sacrifice de l’ensemble des jeunes gens morts pour notre liberté tout au long de la guerre.

     

    La mémoire est écornée

     

    C’est pourquoi, les fils et les petits-fils, les filles et les petites-filles de tous ces "indigènes" continuent d’interroger :

    "Qu’en sera t-il de la mémoire des nôtres ?"

    Ils regardent leur avenir et leur présent qui branlent, à force de se construire sur les fondations d’une Histoire pas assez honorée. En tous cas pas à la hauteur de ce qu’elle mériterait.

    Et voici que les célèbres vers de Senghor resurgissent :

    "On fleurit les tombes, on réchauffe le Soldat Inconnu.
    Vous mes frères obscurs, personne ne vous nomme"

    Plusieurs décennies ont passé et le temps a quelque peu démenti les vers du poète, mais le nom des "frères obscurs" reste encore murmuré. Les "frères" sont encore mal clamés par la République.

    Le parcours de Léopold Sédar Senghor est à ce titre emblématique : il fut, après la défaite, l’un des 70.000 soldats coloniaux prisonniers dans les Frontstalag de France mais qui le sait ?

     

    De nombreux morts oubliés

    Qui sait aujourd’hui que la France a, dès le début de la guerre, pu s’appuyer sur autant de combattants majoritairement venus du Maghreb et d’Afrique subsaharienne, mais aussi sur les Indochinois, sur les troupes malgaches et somalis, sur celles des Antilles et des Comores ?

    Qui sait que 100.000 étaient là, bien avant le printemps 44, pour se battre et subir avec "les Français de souche" la défaite de 1940, qu’elle fut accompagnée de racisme et de mauvais traitements à cause de leur couleurs ?

    Qui peut dire aujourd’hui, après qu’une grande partie des prisonniers fut rapatriée, que 5000 hommes de l’empire rejoindront les maquis ? Combien ont appris que leurs frères d’armes poursuivaient, ailleurs, sur d’autres territoires, la guerre de la France dans le monde ? Qu’en 1942 et 1943, les tirailleurs nord-africains livraient bataille en Érythrée, au Levant, à Bir Hakeim (en Libye), à El Alamein (en Egypte) ?

    Que les "Africains" combattaient les Allemands en Tunisie, que les Tabors marocains libéraient la Corse, que l’armée d’Afrique s’engageait en Italie et que tous ces combats laissaient en route des morts, par dizaine de milliers ?

     

    Un nouvel anniversaire pour rétablir la justice

     

    S’il revient aux historiens de rappeler les justes faits et dates, de ramener le 6 juin à sa juste place dans l’épopée de la libération du territoire national, il est du devoir des politiques, et du premier d’entre eux, de rendre la mémoire juste en usant de symboles. L’anniversaire du Débarquement de Provence, le 15 août prochain, est l’occasion de rendre justice aux coloniaux.

    Le 15 août 1944, débarquait dans le Sud du pays "l’armée française de libération", soit près de 41.000 hommes, au secours de la Nation. Ce jour-là, aux côtés des forces alliées, ce sont les "Français libres" du général de Gaulle, avec "l’armée d’Afrique" qui posaient les pieds dans le sable, entre Toulon et Cannes.

    C’est une armée composée de près de 120.000 goumiers, tirailleurs et spahis, originaires de 22 pays du Maghreb et d'Afrique noire, qui combattra pour rendre la France telle qu’elle est aujourd’hui : libre, démocratique et riche de diversité.

    La commémoration de ce jour J là doit permettre, à l’heure où les partis populistes et xénophobes font une entrée remarquée au Parlement européen, de renouer la chaîne d’une mémoire nationale abîmée. Une mémoire faite pour relier les Français entre eux. Tout le monde doit pouvoir dire : je le savais. Je sais ce que je leur dois.

     

    Rendons un hommage mérité aux sacrifiés

     

    De nombreux Français attendent, et ils ne sont pas seuls, que la Nation rende enfin l’hommage mérité au sacrifice de ses "indigènes" dont beaucoup sont les enfants. Les autres sont leurs cousins ou leurs voisins.

    Rendre gloire à leurs pères, c’est à jamais et pour toujours les faire entrer - par le lien indélébile du sang versé et par la grande porte d’une vraie cérémonie - dans l’Histoire de France. Elle est belle et bien la leur.

    Ils ne doivent pas en douter, et c’est ce que la commémoration de Provence pourrait réaffirmer à tous, Français de toujours comme plus nouveaux : nos destins sont liés et notre mémoire est commune, autant que notre avenir.

    Il est temps de clamer cela haut et fort. Faites-le, Monsieur le Président, pour la France réelle.

    SOURCE : http://leplus.nouvelobs.com/contribution/1215248-debarquement-les-indigenes-ne-doivent-pas-etre-oublies-rendons-leur-justice.html 

     

    LE PROGRAMME PREVU REPONDRA-T-IL A CE SOUHAIT ?

     

    « « LE PS COMME LA SFIO ? » Espérons que le PS changera d’orientation avant 2017 car le pire serait à craindre…Sur la route des 8000 lieux et liens du 19-Mars-1962 : aujourd’hui à Montbazens (Aveyron) »

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