• L'EDITO d'Henri POUILLOT "L’après "Charlie" : journée historique ? J'ai peur !!!"

    L'EDITO d'Henri POUILLOT "L’après "Charlie" : journée historique ? J'ai peur !!!"

    L’après "Charlie" : journée historique ? J'ai peur !!!

     

    J’ai peur, très peur, de la récupération de l’émotion nationale qu’ont provoqué ces attentats et prises d’otages. Ma peur principale n’est pas qu’il y ait, demain, un nouvel attentat en France avec beaucoup de victimes, même si ce serait un nouveau drame, drame condamnable, mais que tous les ingrédients sont désormais remplis pour que qu’un climat délétère soit instillé en France sous couvert "d’unité nationale", et au niveau mondial sous couvert de lutte contre le terrorisme.

    Évidemment,cet attentat restera une date historique avec des conséquences qu’on ne peut encore mesurer.

    Mais cette "unité nationale" n’est qu’une façade. Cet "angélisme" apparent cache mal la récupération politique recherchée pour cacher les responsabilités passées de ceux qui ont généré la situation actuelle.

    En effet, la montée du racisme, en France, mais pas seulement, depuis des années, a été exacerbée par une politique délibérée. La guerre de civilisation qui a justifié de nombreuses interventions militaires sur notre planète, générant des "martyrs" a été menée de façon cynique. La "démonstration" en Afghanistan est évidente : les services secrets américains ont "utilisé" des talibans pour rejeter la présence soviétique, puis pendant une dizaine d’années, les troupes américaines mais aussi françaises (et de nombreux autres pays) ne sont pas parvenues à éradiquer l’islamisme le plus rétrograde, et celui ci, désormais, contrôle, de fait, le pays. Quel échec à l’affichage de cet objectif. !!! Comment penser que c’est par une intervention militaire voire même par des mesures législatives que l’on peut imposer des façons de penser.

    En France, on constate que depuis des années, des mesures politiques ont favorisé les réactions racistes.Les séquelles du colonialismes n’ont jamais été cicatrisées. La France n’a jamais reconnu et condamné sa responsabilité dans ce domaine. Pire, elle pratique une politique de "Françafrique" qui n’est rien d’autre qu’une forme de colonialisme. Mais aussi, le ministère de l’identité nationale (avec le débat correspondant) orchestré par Nicolas Sarkozy et sa majorité de "droite décomplexée" ont semé les ferments d’une relance de la parole et des actes racistes qui perdureront encore pour longtemps.

    L’islamophobie, a considérablement progressé dans notre pays. Comment ne pas comprendre qu’une violence n’en entraîne pas une autre ? Le dessin du journal algérien liberté du 12 janvier est explicite .

    Depuis l’attentat contre Charlie-Hebdo, le déferlement de l’information en continu a joué un rôle important pour formater une opinion publique dans un esprit "d’unité nationale", non pas sur une réflexion sur les racines de la possibilité qu’un tel drame se déroule en France, mais pour générer une émotion spontanée. Déjà se sont exprimées les idées que des lois répressives soient mises en place, qu’une intervention militaire soit accrue dans le monde (avec encore une place plus importante de la France) pour "éradiquer" le terrorisme.

    Combien de fois a-t-on entendu une démarche demandant aux musulmans de se justifier de leur non-extrémisme, de condamner les actes barbares !!! En quelques jours, il y a eu plusieurs lieux de culte musulmans qui ont été profanés, attaqués. Les protestations n’ont pas été à la hauteur de ces dérives découlant de l’islamophobie rampante, qui est entrain, qui va inévitablement se réactiver de façon inquiétante. Un engrenage est en route, inquiétant.

    Comment s’étonner que des jeunes stigmatisés pour leurs origines, discriminés pour leur appartenance (souvent supposée) à l’islam, leurs difficultés économiques qui en découlent et les rejettent de la société française, les excluent, n’aient pas une impression d’humiliation, une volonté de révolte. Je me souviens d’un jeune basketteur, il y a 15 ans de cela, me disant : "il n’y a que 2 lieux où je suis reconnu, considéré comme les autres jeunes français le gymnase et la mosquée." Tous ces discriminés sont évidemment des proies pour ceux qui vont utiliser cette misère pour les "enrôler" dans une démarche de repli, de radicalisation.

    Comment ne pas être choqué que dans la marche nationale, parmi les chefs d’état, on retrouve le premier ministre d’Israël et des représentants d’extrême droite de ce pays qui pratiquent un terrorisme d’état, A côté de lui, combien de dictateurs, foulant aux pied les concepts de liberté, ont osé s’afficher dans les rues de Paris (Davutoglu, Bongo...). Cette unité là, ça ne sent rien de bon.

    Oui, vraiment, l’après "Charlie" peut faire peur. Le rejet de la barbarie devait, avec une haute conception humaniste, amener à rechercher une éradication du racisme, de ses causes, une amélioration harmonieuse du vivre ensemble avec ses différences, le respect de l’autre, la mise en application du concept républicain "Liberté, Égalité, Fraternité" auquel il faudrait ajouter "Laïcité". Mais l’exploitation de la sensiblerie risque bien d’être utilisée pour de basses œuvres politiciennes.

    Henri POUILLOT

    L'EDITO d'Henri POUILLOT "L’après "Charlie" : journée historique ? J'ai peur !!!"

    Tu as raison Henri les vermines

    islamophobes sortent de leurs trous

    Plus d'une cinquantaine d'actes anti musulmans depuis les attentats

    Par LEXPRESS.fr avec AFP, publié le 12/01/2015 

    Le Conseil français du culte musulman (CFCM) signale une explosion d'actes hostiles aux musulmans en France, après les attentats commis par les djihadistes à Charlie Hebdo et à l'Hyper Cacher porte de Vincennes. 

    Plus d'une cinquantaine d'actes antimusulmans depuis les attentats

    La mosquée de Paris sous protection policière vendredi 9 janvier 2015.

    REUTERS/Youssef Boudlal

    Plus d'une cinquantaine d'actes antimusulmans ont été perpétrés en France depuis l'attentat à Charlie Hebdo, signale l'Observatoire contre l'islamophobie du Conseil français du culte musulman (CFCM). Plusieurs incidents avaient déjà été repertoriés par les médias. Le CFCM appelle en conséquence l'État à "renforcer la surveillance" des mosquées. 

    Tirs, lancers de grenade...

    Selon le président de cet observatoire, Abdallah Zekri, citant des chiffres du ministère de l'Intérieur, 21 actions (tirs, grenades lancées...) et 33 menaces (lettres, insultes, etc.) ont été comptabilisées depuis mercredi. Ce décompte ne concerne pas Paris et sa petite couronne, et ne comprend pas le début d'incendie survenu dimanche soir sur le site de la mosquée en construction de Poitiers, a précisé le responsable musulman, qui se dit "scandalisé" par ces chiffres, "du jamais-vu" en moins d'une semaine. 

    Avec
     
    « Comme Ménard à Béziers, Marine Le Pen s’est fait copieusement huer à Beaucaire..*** L'appel d'Elsa Wolinsky *** MISE A JOUR : MEDIAPARTL’EDITO de Bernard Deschamps « De l’émotion à la réflexion » »

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