• Olivier Le Cour Grandmaison: La France reste dans un refus obstiné de reconnaître l'ampleur des crimes coloniaux en Algérie

    Olivier Le Cour Grandmaison: La France reste dans un refus obstiné de reconnaître l'ampleur des crimes coloniaux en Algérie

    Olivier Le Cour Grandmaison: La France reste dans un refus obstiné de reconnaître l'ampleur des crimes coloniaux en Algérie

    Titulaire d'une maîtrise d'histoire et d'un DEA de science politique et de philosophie, Olivier Le Cour Grandmaison fait partie de ces jeunes historiens français qui ont bouleversé les approches de l'Histoire coloniale de la France. Rompant avec les discours estompés, Le Cour Grandmaison désigne un crime colonial par son nom et démontre que les responsables de la colonisation, en l’occurrence de l’Algérie, avaient parfaitement conscience que c’était une oeuvre de destructions, de massacres, d’extermination des populations qui était nécessaire pour la conquête du pays.

    Dans cet entretien au Huffington Post Algérie il évoque ce refus obstiné des politiques français, de droite comme de gauche, à reconnaître les crimes de l'ancienne puissance coloniale. Il fait aussi le parallèle avec l'occupation israélienne et la répression des palestiniens dans les territoires occupés.

    Al Huffington Post Algérie : 61 ans après le 1er novembre 1954 et 10 ans après les lois glorifiant la colonisation comment appréhende-t-on la date de la guerre d’indépendance algérienne en France ? 

    Olivier Le Cour Grandmaison : Pour l’écrasante majorité des responsables politiques tout comme pour celle des français, sauf ceux qui ont des origines algériennes, le premier novembre ne correspond à aucune date particulièrement mémorable. Elle marque peut-être encore les Français qui ont connu cette période. Hormis dans la presse, le 1er novembre ne fait objet d’aucune déclaration relative au début de la guerre d’Algérie et surtout relative aux crimes de guerre et crimes contre l’Humanité commis par la France entre le 1 novembre 1954 et 1962.

    Justement est-il envisageable sur une durée moyenne que la France officielle appréhende autrement son passé colonial en Algérie ?  

    Pour ce qui est des chercheurs et historiens qui travaillent sur la question coloniale en générale et sur la colonisation de l’Algérie en particulier, les choses sont, désormais très bien connues. Il y a une profusion de recherches et de livre sur la question.
    Quand aux responsables politiques français, il n’y a eu que quelques déclarations du Président François Hollande qui soient relatives à ce qui s’est passé en Algérie, soit au 17 octobre 1961 à Paris. Des déclarations, qui de mon point de vue, reste en deçà de ce qui serait souhaitable par égard à l’ampleur des crimes commis à l’époque.

    N’est-ce pas une vision à double standard du droit international de la part de la France et une frilosité d’assumer son passé colonial ? 

    Parfaitement. Les responsables politiques, de droite comme de gauche, sont frileux sur la question. Cela est d’autant plus remarquable et visible quand on le compare avec les attitudes de certaines anciennes puissances coloniales qui, dans certains cas, ont reconnu de façon très claire les crimes qui ont été commis.

    Dans d’autres cas, des décisions de justice significatives ont été prises. Je pense notamment à une procédure engagée par des descendants des Mau Mau. Une guerre qui a éclaté dans le Kenya colonial au lendemain de la seconde guerre mondiale et a fait des dizaines de milliers de morts.

    L’armée britannique a réprimé de façon extrêmement brutale et violente cette insurrection.
    Les descendants de ces victimes et certaines victimes qui ont survécu à ces évènements, ont engagé une procédure devant les juridictions britanniques. Ils ont obtenu à la fois une reconnaissance symbolique - puisque le crime a été reconnue - et une reconnaissance financière puisque des compensations ont été accordées.

    David Cameron, le Premier ministre de la Grande Bretagne a salué cette décision.

    Si on compare effectivement avec la situation qui est celle de la France, et encore une fois il ne s’agit que des responsables politiques, on mesure par la même, le décalage qu’il y a entre une prétention universaliste et le refus obstiné, pour différentes raisons, de reconnaitre l’ampleur des crimes coloniaux commis en Algérie.

    La situation en Palestine aujourd’hui n’est-elle pas semblable à celle du peuple Algérien à l’époque ?  

    Effectivement il y a des éléments de comparaison importants. Il s’agit à l’évidence de méthodes répressives militaires employées par l’armée d’Israël, des continuités et des emprunts qui sont significatifs.

    D’ailleurs, un certain nombre de dirigeants israéliens reconnaissent publiquement que les techniques de guerre mobilisées contre les révolutionnaires - en particulier au cours de la guerre d’Algérie et la Bataille d’Alger - sont les mêmes qui sont utilisées contre les révolutionnaires dans les territoires occupés.

    Par ailleurs, on peut reprendre toute une série d’éléments répressifs notamment deux en particulier qui sont massivement employés par l’Etat israélien dans les territoires occupés. Le premier est l’internement administratif massivement employé durant la période de la colonisation par la France.

    Le second est celui de la responsabilité collective, technique qui a également été employée par l’armée coloniale en Algérie. Elle a d’ailleurs fait l’objet de condamnations d’un certain nombre d’ONG qui ont constaté les dégâts à la fois matériels et humains provoqués par la mise en œuvre de cette responsabilité collective dans les territoires occupés.

    Le gouvernement israélien actuel croit-il réellement, comme il le proclame, à la solution des deux Etats ?  

    Je pense que non. La poursuite de la colonisation dans les territoires en est la démonstration précise. Toutefois, il existe en Israël des ONG et des mouvements de la paix qui protestent contre cette politique mais qui pour le moment n’arrivent pas à se faire entendre et leurs protestations demeurent vaines.

    SOURCE : http://www.huffpostmaghreb.com/2015/11/01/olivier-le-cour-grandmaison-la-france-reste-dans-un-refus-obstine-de-reconnaitre-lampleur-des-crimes-coloniaux-en-algerie_n_8444556.html

     

     

    « Il y a 61 ans, "la Toussaint rouge"...Attentat du Petit-Clamart: un ex-membre du commando accuse VGE *** Un documentaire diffusé mardi 3 novembre 2015 à 20h45 sur RMC Découverte. »

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