• On ne peut oublier le 8 février 1962

    Jean Riboulet

    Artiste peintre et poète (site: aj.riboulet.free.fr)
    Caudebec-en-Caux - France

    On ne peut oublier le 8 février 1962

    Il y a 54 ans, une grande manifestation se termine en massacre. Ce drame ne peut être oublié. Il ne peut passer dans les cendres de l’Histoire, surtout dans la période actuelle avec la modification de la constitution (une de plus depuis le début de la 5ème République !) sur la déchéance de nationalité et les dérives droitières qui nous mènent droit dans le mur Front National

                Après les massacres du 13 novembre, celui du 8 février 1962 semble ne pas avoir ressurgi dans les mémoires (sauf sur quelques blogs ici même). Pourtant, même si la police nationale en a été l’auteur, le lieu aurait dû raviver le souvenir, la station de métro Charonne est là, toute proche du Bataclan, toute proche des terrasses des bistrots et des restaurants qui ont subi la mitraille des djihadistes.

                Il y a 54 ans, une grande manifestation se termine en massacre. Ce drame ne peut être oublié. Il ne peut passer dans les cendres de l’Histoire, surtout dans la période actuelle avec la modification de la constitution (une de plus depuis le début de la 5ème République !) sur la déchéance de nationalité et les dérives droitières qui nous mènent droit dans le mur Front National. On ne peut non plus oublier que J-M le Pen fondateur de ce parti, élu poujadiste à l’Assemblée Nationale, a quitté son siège de député pour rejoindre l’armée pendant la bataille d’Alger auprès de militaires proches de l’OAS.

                Le 7 février 1962, l’OAS commet plusieurs attentats à Paris dont l’explosion d’une bombe qui avait pour cible André Malraux. Une enfant de quatre ans, Delphine Renard est gravement blessée. Elle perd un œil et est défigurée.

                Le lendemain, 8 février, une manifestation s’organise à l’appel de la C.G.T. Au métro Charonne, Boulevard Voltaire, la police charge. Elle pousse des manifestants vers la bouche de métro. Au bas de l’escalier, l’accès au réseau est fermé. Les gens s’y entassent. Des flics jettent sur eux des grilles d’arbres en fonte. Huit morts !

                J’étais ce soir-là Boulevard Voltaire, tout près de la station de métro au nom de notre grand philosophe. J'avais 23 ans. Avec d’autres manifestants nous voulions que des policiers sortent d'un fourgon aux portes verrouillées. Nous avons secoué le véhicule pour le faire basculer sur le côté, sans succès. A un moment la portière côté chauffeur s’ouvre. Je fonce, monte sur le marchepied et tente de tirer le chauffeur qui referme la portière. Cette scène fait l’objet d’une "une" de France-soir que je n’ai jamais retrouvée (pourtant je cherche !). J’y parais en gros plan, de dos, avec mon pardessus en tissus écossais. J’ai le doigt blessé. Un pharmacien à proximité me soigne. Des renforts de la police arrivent. Un habitant nous ouvre le porche de son immeuble pour nous protéger.

                Tous ces gens morts et d’autres blessés au métro Charonne manifestaient contre la barbarie de l’OAS et de ceux qui les soutenaient. Le préfet de police de l’époque s’appelait… Maurice Papon. Quant à moi j’ai vécu la guerre d’Algérie et mon retour datait de 10 mois plus tôt. Parti pour mon service militaire le 1er novembre 1958, je suis revenu fin février 1961 (29 mois et 10 jours), un an avant ces évènements.

                 Peut-être que M. Valls va me déchoir de ma nationalité suite à cet aveu de violence envers la police nationale lors de ces évènements. Si cette Une de France-Soir est dans les archives du Ministère de l’Intérieur, M. Cazeneuve peut me la faire parvenir.

    « « Mémoires dangereuses » : quand la Guerre d’Algérie créait le FN"Se souvenir de Charonne" Discours d'Emilie Lecroq et témoignage de Jean-François Gavoury »

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