• عودة مجلة : Oui ceci est écrit en langue arabe = Traduction… « En revenant de la revue »

    Pour ceux qui, comme moi, ne lisent pas la langue arabe, le titre de ce billet signifie : « En revenant de la revue » (A moins que le logiciel de traduction m’ait trahi) et en l’écrivant j’ai repensé à la célèbre chanson de PAULUS ironisant sur la revue du 14 juillet, façon manifestation boulangiste, à l’issue peu glorieuse pour les festoyeurs :

     

    Si je parle de ça, c’est parce que cette année une délégation algérienne sera présente dans la tribune officielle sur la Place de la Concorde pour assister à la revue du 14 juillet.

    Des deux côtés de la Méditerranée, les forces tournées plus vers le passé que vers l’avenir ... et avec cette chanson elles peuvent se régaler, manifestent leur opposition à ce signe de relations nouvelles entre l’Algérie et la France.

    Cinquante deux ans … c’est plus du double de l’âge moyen des Algériens ! Ceux qui ont vécu leur guerre de libération sont les grands-parents et même les arrière-grands-parents des Algériens de moins de vingt ans.

    Avec une pyramide des âges fort différente, la situation est un peu moins « historique » pour les Français, mais tous les anciens combattants survivants ayant fait la guerre d’Algérie sont septuagénaires ou, plus souvent, octogénaires.

    Alors comment comprendre que, plus d’un demi-siècle plus tard, tant de personnes soient incapables de se projeter dans l’avenir … alors que le fameux main dans la main d’Helmut KOHL et François MITTERRAND à Douaumont eut lieu moins de quarante ans après la fin de la deuxième guerre mondiale qui, en matière d’atrocités est pourtant le summum historique de l’horreur ?

     

      عودة مجلة : Oui ceci est écrit en langue arabe = Traduction…  « En revenant de la revue »

    Helmut KOHL et François MITTERRAND main dans la main à Douaumont

    A la suite de la guerre d’Algérie, deux « fiertés nationales », celle du colonisateur chassé et celle du colonisé, restent blessées et l’on pourrait craindre que ces plaies ne se referment vraiment que quand le dernier individu né avant 1962 sera mort … ce qui ne nous laisserait espérer une relation vraiment fraternelle entre Algériens et Français que dans une petite cinquantaine d’années !

    J’aime trop la France et l’Algérie, avec des attaches personnelles fortes des deux côtés, pour me résigner devant cette sinistre vision qui signifierait l’immobilité intellectuelle et affective … qui est la négation-même de la vie.

    Ce 14 juillet avec une délégation algérienne me réjouit donc … et, à mon âge, je ne peux, évidemment, pas attendre un demi-siècle.

    L’amitié franco-algérienne c’est maintenant et ça a déjà trop attendu.

     Jean-Paul Bourgès, le 8 juillet 2014

     

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    08/07/2014, 04:14 | Par Bernard BIGENWALD

    Pourquoi est-ce si compliqué ? Tout simplement parce que c'est un fond de commerce  pour beaucoup, des deux côtés de la Méditerrannée, et que l'on met ça en épingle, et que les historiens ne font pas assez leur boulot, laissant la place aux démagogues de tous poils, je dis bien de tous poils, car il est de bon ton d'en rajouter, notamment du côté des repentants, qui disent vouloir soigner les plaies, mais qui y déversent souvent du vinaigre. La guerre d'Algérie est un fond de commerce pour le FN, mais il l'est tout autant pour le gouvernement algérien qui saute sur l'occasion chaque fois que c'est possible pour souder le peuple autour de sa politique.  A l'entendre, la guerre aurait fait autant de victimes en Algérie, que celle de 14-18 pour la France, pour une population quatre fois moins nombreuse : bref, un vrai délire que l'on feint de prendre au sérieux, et dont il serait de très mauvais ton de se moquer sans passer pour un nostalgique des colonies. 

    Pour ma part, un voyage en Algérie en 1968 m'a fait le plus grand bien. Aller en voiture, retour en stop. Venir quelques années seulement après l'indépendance était hyper formateur : les traces du monde d'hier étaient encore là, quasi inchangées, et je pense aux villages de colonisation qu'on ne pouvait traverser sans avoir le coeur serré, et le monde d'aujourd'hui, qui n'en voulait pas tant que ça à la France si je m'en fie aux rencontres que j'ai pu faire de ça de là, infiniment plus amicales qu'agressives. Je me souviens de ce gamin à Alger, qui nous voyant dépenaillés en Jeep, les yeux écarquillés d'admiration, m'a demandé, alors que nous faisons le plein dans une station :"Monsieur, vous êtes des aventuriers ? ", de cette colonie de vacances devant laquelle je passais à pieds et où les monos m'ont invité très gentiment à passer la nuit et à assister au spectacle qu'ils organisaient et dont la plus grande part était en français, spectacle si proche de celui qu'auraient pu  faire des petits pieds noirs quelques années auparavant. Mais je me souviens aussi de cette paysanne au bord de la route à qui nous avions proposé de la transporter jusqu'au prochain bled où elle allait et qui a refusé, un peu apeurée.

    Comme on est au club de Médiapart, où il est beaucoup de flagellants qui croient bien faire de revenir sur des plaies qu'ils sélectionnent avec soin, je voudrais leur dire qu'un tout petit peu de prudence et un esprit critique mieux réparti serait plus seyant pour aider à regarder le passé d'un oeil apaisé, et  que leur sollicitude est parfois trouble et en tous cas trop manchéïste. 

    C'est quand même sur Médiapart, et nulle part ailleurs, qu'un journaliste bien connu pour sa tempérance a cru bon d'écrire que je filais mes commentaires "comme d'autres tournaient la gégène" : il croyait se porter ainsi intelligemment au secours d'un écrivain algérien dont je me gaussais pour des raisons qui n'avaient strictement rien à voir avec ses origines. Si, plus de 50 ans après l'Indépendance de l'Algérie, on ne peut critiquer en tant que Français, un Algérien, sans que cet Algérien crie au colonialisme et sans qu'une bonne âme fasse chorus, c'est que véritablement il y a un problème.

    Ceci dit, il suffit de lire certains commentaires sur des fils concernant l'Allemagne pour constater une grossièreté des analyses et  une avalanche de clichés "essentialistes"  qui relativisent tout de même les choses. A croire finalement, que les Allemands ont l'épiderme moins sensible. Du seul fait de porter un nom à consonnance germanique, je pourrais faire une compil de clichés dont on m'a affublé ici, venant d'internationalistes impeccables qui avaient juste besoin de dégazer, un peu comme sur les fils de commentaires dans les journaux de droite, les Dupont-Lajoie se défoulent. La connerie est immortelle et toujours renouvelée. Faut faire avec.

    08/07/2014, 07:31 | Par Jean-Paul Bourgès en réponse au commentaire de Bernard BIGENWALD le 08/07/2014 à 04:14

    Bernard, je suis d'accord avec ce que tu dis de l'aspect "fond de commerce" du FN et de certains responsables algériens. C'est même exprès que je ne les avais pas cités. Par ailleurs, des deux côtés de la Méditerranée il existe, fort heureusement, de nombreuses personnes qui préfèrent l'avenir au passé.

    Il reste que, globalement dans les opinions, il me semble que persiste un sentiment négatif à l'égard de l'autre côté ... alors qu'à l'égard de l'Allemagne la page se tourna très vite (Pensons au voyage du Général DE GAULLE en Allemagne et au Traité de l'Elysée).

    Je ne souhaite pas les grandes repentances qui sont une autre façon de se complaire dans le passé. Dire que les Algériens et les Français sont deux grands peuples dont les deux pays se font face en Méditerranée me suffit pour que nous fassions en sorte d'entretenirles rapports les plus cordiaux possibles.

    Par rapport à ce que tu racontes de ta virée en Algérie, en 1968, je ne suis pas surpris puisque ayant fait en Algérie mon voyage de noce, en 1971, j'ai des souvenirs similaires.

    Je te souhaite une bonne journée ... malgré ton patronyme germanique. Jean-Paul

    08/07/2014, 06:47 | Par Joseph G

    Les pieds noirs restés bloqués à 62, sont juste des exilés d'un pays qui n'existe plus, et qui n'a sans doute jamais existé, magnifié qui plus est par la défaite française transformée en victoire, ou l'inverse ça dépend qui parle, qu'est la décolonisation. J'en suis puisqu'on ne choisit pas sa naissance et je les trouve ridicules, les 3ème générations qui continuent d'entretenir un feu qui ne sert à rien.

    Les militaires qui gouvernent l'Algérie la dirigent et s'engraissent eux, et leurs affidés. Les purges successives et pas seulement au nom de la lutte contre l'islamisme ont nettoyé le pays de ses ressources humaines démocratiques. Je connais aujourd'hui plus d'algériens qui ne le sont plus et/ou qui n'y sont plus. L’Algérie est un pays exsangue, vide, son peuple n'en peut plus d'attendre enfermé dans cette impasse, mais comme chez nous, rien ne bouge.

    La jeunesse algérienne est la vraie cocue de cette vieille histoire -tripatouillée par les politiciens de tous bords- qui ne la concerne plus mais qu'on lui présente sans cesse comme son présent et qu'on lui demande de supporter, des deux côtés de la Méditerranée.

    La guerre des mémoires devrait céder la place à l'Histoire, mais non,  pouvoir  regarder l'Histoire sans se sentir obligé de choisir son camp, et ainsi continuer une guerre parasite, semble impossible. La surprenante Tunisie que l'on voyait comme la plus régentée de ce front de mer maghrébin a surpris son monde, en osant chercher sa voie, un chemin difficile bien sûr. Un jour peut-être, l'Algérie le fera, les Français pourront alors enfin aussi passer à un autre sujet.

    08/07/2014, 07:39 | Par Jean-Paul Bourgès en réponse au commentaire de Joseph G le 08/07/2014 à 06:47

    Que des Pieds Noirs, soient restés bloqués à 1962, cela se comprend ... mais n'oublions pas qu'ils ont vieilli de plus d'un demi-siècle.

    Par ailleurs il me semble faux de situer chez les seuls Pieds Noirs les sentiments anti-Algériens et j'en connais même qui sont parmi les plus algérophiles.

    Enfin si vous avez eu l'occasion de lire les différents billets que j'ai consacrés à l'Algérie, je n'y suis pas tendre pour le gouvernement algérien et je suis tout à fait convaincu que "La jeunesse algérienne est la vraie cocue de cette vieille histoire".

    Très cordialement. Jean-Paul

    08/07/2014, 07:28 | Par Gilbert Pouillart

    Le fait majeur est ,à mes yeux, qu'en si peu de temps (depuis le fameux "coup d'éventail"), une authentique culture métisse ait pu se constituer, le langage du "plus fort" servant aujourd'hui à tous... sans que la langue du "plus faible" (mais l'un des constituants d'un monde linguistique ancien et puissant) disparaisse... Et la connaissance,  et des pratiques, des modes de vie et de la culture du "plus faible" s'est répandue dans la population "colonisatrice ; et la présence  de groupes "mixtes" de tout genre persiste, et même s'amplifie .Nous sommes tous, plus ou moins, franco-algériens ou algéro-français : c'est tant mieux!

    Il y a, chez tout groupe humain, des conflits, des drames, et des évènements heureux, des activités fraternelles .A nous tous de "brasser le bouillon"...

    bonjour, cher Jean-Paul...

    08/07/2014, 07:44 | Par Jean-Paul Bourgès en réponse au commentaire de Gilbert Pouillart le 08/07/2014 à 07:28

    Tout à fait d'accord sur cette interpénétration culturelle et autre. Ce qui me surprend c'est juste le temps qui est mis à avoir des relations normales. On a beau "brasser le bouillon", il met vraiment du temps à prendre une consistance crémeuse et plaisante.

    Bonne journée mon ami. Jean-Paul

     

    08/07/2014, 09:18 | Par Saad eddine kouidri

    Le titre est plutôt "Le retour d'une revue". Il me semble que la difficulté des relations entre l'Algérie et la France découle du fait que la colonisation de peuplement n'a pas été traité comme l'a été le fascisme. A la fin de la "2eme guerre mondiale" le procès de Nuremberg a donné à toutes les victimes un espoir de justice, ce qui n'a pas été le cas des victimes de la colonisation. La colonisation de peuplement n'a pas été condamné par l'Humanité, les instances internationales, l'ONU, à l'instar du fascisme. Il faut préciser que la colonisation n'est pas un problème franco-algérien. Il faut rappeler que la guerre de Libération de l'Algérie s'est faite contre le colonialisme et non contre le peuple français et que la déclaration du 1er Novembre 1954 s'est inspirée de la révolution de 1789. Quant aux problèmes de gouvernance, les français qui acceptent qu'un ancien tortionnaire devient leur unique espoir est aussi désespérant que les algériens qui acceptent de se révolter en invoquant Allah, le dieu des musulmans.

     

    08/07/2014, 10:18 | Par Jean-Paul Bourgès en réponse au commentaire de Saad eddine kouidri le 08/07/2014 à 09:18

    Merci de cette précision sur le résultat de l'usage du traducteur de Google. Le sens me va à peu près quand-même, et vous avez bien compris que l'essentiel était dans le signe consistant à mette mon titre en langue arabe.

    Je pense, comme vous, que le fascisme, et sa forme extrême que fut le nazisme, ont été clairement mis au ban de l'humanité et que cela est reconnu par tous comme une évidence ... sauf par celle qui danse la valse à Vienne avec quelques nostalgiques, tandis qu'il n'y a pas eu de position similaire quant à la colonisation qui fut pourtant un crime collectif contre l'humanité. Et dire cela n'est pas pratiquer la repentance, mais la simple reconnaissance d'une réalité historique objective.

    Je suis donc tout à fait d'accord avec l'ensemble de votre commentaire et, en particulier, en ce qui concerne l'inspiration de la déclaration du 1er novembre 1954. Quant à ce qui se passe en Algérie, c'est assez consternant en effet, mais c'est dans ces moments là qu'il faut être aux côtés de ses amis.

    Très cordialement. Jean-Paul

    « Sur la route des 8000 lieux et liens du 19-Mars-1962, aujourd’hui à Vadans (Jura)Rassurez-vous je ne veux pas vous parler longtemps de football, je souhaite vous offrir la photo du jour et ce malheureux papy en pleurs »

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