• Vive les "faiseurs de paix" !

    La rivière de la Paix

     

    Vive les "faiseurs de paix" !

    Jean-Claude Guillebaud, journaliste, écrivain et essayiste

    Vive les "faiseurs de paix" !

    Créé à Alger, la basilique Notre-Dame d'Afrique. © mtcurado / iStock

    Cinquante-cinq ans après la fin de la guerre d’Algérie, l’aigre polémique sur le 19 mars 1962 est détestable. Voilà aussitôt relancée la sempiternelle « guerre des mémoires ». Les pieds-noirs et les harkis se sentent blessés. Les Algériens leur répondent sur le même ton. On se jette une nouvelle fois à la figure les massacres des uns et les tueries des autres. Avait-on besoin de ce tintamarre ? Bien sûr que non.

    Mais gardons-nous de désespérer

    En réalité, ces invectives – outrageusement médiatisées – sont l’arbre qui cache la forêt. En Algérie comme en France, on trouve aujourd’hui beaucoup plus de faiseurs de paix que de revanchards. Je ne dis pas cela au hasard. Né moi-même à Alger, je n’y étais pas revenu depuis l’âge de 3 ans. Par choix ! En 2011, j’ai pu y retourner et accompagner un groupe d’une centaine d’amis. Je n’oublierai pas ces retrouvailles.

    J’ai effectué cet « accompagnement dialogué » d’une quinzaine de jours, en compagnie d’un proche ami algérien, Akram Belkaïd (auteur de Retours en ­Algérie, Carnet Nord). Nous avons vécu ensemble des moments exceptionnels. À Tibhirine, nous avons prié sur les sept tombes des moines assassinés par le GIA. Lui dans sa foi, moi dans la mienne. Je dois à Akram Belkaïd d’avoir découvert quelque chose que je n’imaginais pas : l’intensité et la force des liens qui unissent aujourd’hui nos deux peuples. Les brèves querelles qui enflamment périodiquement les mémoires ne pèsent rien au regard de cette proximité des cœurs, des sensibilités, des espérances.

    Curieusement, ceux qui participaient à ce voyage semblaient gagnés par ce climat de retrouvailles. Il y avait parmi eux des gens qui, en France, ne s’étaient jamais rencontrés et que tout portait à s’ignorer : des enfants de pieds-noirs orphelins de l’Algérie française, d’anciens coopérants d’après l’indépendance (les « pieds-rouges »), des appelés du contingent, porteurs de plus d’un demi-siècle de souvenirs.

    C’est peu de dire qu’ils se sont découvert les uns et les autres. Devant Notre-Dame d’Afrique, basilique qui domine Alger, une dame est venue vers moi pour me souffler à l’oreille : « Je n’avais jamais rencontré de pieds-noirs. Mais ils sont vraiment sympathiques ! » Quant aux Algériens, ils m’ont accueilli avec une chaleur et une amitié incroyables. Y compris quand je leur disais que ma mère était très « Algérie française ».

    Il suffisait que je m’éloigne du groupe et que je déambule dans les rues d’Alger pour que je sois abordé par de jeunes garçons ou filles soucieux de dialoguer. Une consœur algérienne m’a aidé à retrouver l’appartement où habitait ma mère. Un médecin m’a renseigné sur la maternité d’el-Biar où je suis né. Partout la même phrase : « Jean-Claude, tu es revenu chez toi ! » À propos des rapports franco-­algériens, une remarque revenait en leitmotiv. « Ne comptons pas sur nos politiciens ou sur nos intellectuels pour resserrer les liens. Depuis longtemps, nos deux peuples sont réconciliés. »

    Merci aux faiseurs de paix qui ont rendu cela possible !

    Vive les "faiseurs de paix" !

     

    « « Mé 67 », massacre colonial en GuadeloupeC'était le 14 mars 2015 : Béziers : une ménarderie !!! En 2017, le 19 mars, Ménard fera à nouveau mettre les drapeaux en berne... il ne sera pas le seul maire à réagir ainsi... »

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