• « Je refuse de participer à une guerre de vengeance » : lettre d’un objecteur de conscience israélien

     

    « Je refuse de participer à une guerre

    de vengeance » : lettre d’un objecteur

    de conscience israélien

    Mardi 2 janvier 2024, par Michel Berthelemy de la 4acg 

    « Libération » publie la lettre du premier objecteur de conscience israélien dans le conflit actuel. Tal Mitnick, 18 ans, refuse de participer à ce qu’il dit être un « bain de sang » et appelle à un changement politique profond.

    « Je refuse de participer à une guerre de vengeance » : lettre d’un objecteur de  conscience israélien

    Takl Mitnick

    C’est le premier objecteur de conscience dans le conflit qui oppose Israël au Hamas depuis le 7 octobre et le massacre par l’organisation islamiste qui a fait au moins 1 140 morts selon un décompte de l’AFP. Tal Mitnick, 18 ans, a refusé de s’enrôler dans l’armée israélienne. Libération a choisi de publier sa lettre, traduite dans son intégralité, pour ce qu’elle dit du conflit et de la manière dont il est vécu en Israël.

    « Cette terre a un problème : deux nations y ont tissé un lien indéniable. Même avec toute la violence du monde, nous ne pourrions pas effacer le peuple palestinien ou son lien avec cette terre, tout comme le peuple juif ou notre lien avec cette même terre ne peuvent pas être effacés. Le problème ici relève d’une forme de suprématie, la croyance que cette terre n’appartient qu’à un seul peuple. La violence ne peut résoudre ce problème, ni de la part du Hamas, ni de la part d’Israël. Il n’y a pas de solution militaire à un problème politique. C’est pourquoi je refuse de m’enrôler dans une armée qui croit que le vrai problème peut être ignoré, sous le couvert d’une guerre civile, avec un gouvernement qui ne fait qu’entretenir le deuil et la douleur. »

    « Le 7 octobre, la société israélienne a vécu un traumatisme sans précédent dans l’histoire du pays. Au cours d’une terrible invasion, l’organisation terroriste Hamas a assassiné des centaines de civils innocents et en a enlevé des centaines d’autres. Des familles ont été assassinées dans leurs maisons, des jeunes ont été massacrés lors d’une rave et 240 personnes ont été enlevées dans la bande de Gaza. Après l’attaque terroriste, une campagne de vengeance a commencé non seulement contre le Hamas, mais aussi contre l’ensemble du peuple palestinien : des bombardements aveugles de quartiers résidentiels et de camps de réfugiés à Gaza, un soutien militaire et politique total à la violence des colons en Cisjordanie, ainsi qu’une persécution politique d’une ampleur sans précédent à l’intérieur d’Israël. La réalité dans laquelle nous vivons est violente. Selon le Hamas, mais aussi selon Tsahal et la classe politique, la violence est la seule solution. La poursuite d’une logique “œil pour œil, dent pour dent”, sans réfléchir à une véritable solution qui nous apporterait à tous sécurité et liberté, ne conduit qu’à plus de tueries et de souffrances.

    « La violence ne nous protège pas » 

    « Je refuse de croire que plus de violence nous garantira plus de sécurité, je refuse de participer à une guerre de vengeance. J’ai grandi dans un foyer où la vie est sacrée, où le dialogue est valorisé, où la communication et la compréhension passent toujours avant la violence. Dans le monde plein de corruption dans lequel nous vivons, la violence et la guerre sont un moyen détourné pour accroître le soutien au gouvernement et faire taire les critiques. Nous devons reconnaître le fait qu’après des semaines d’opérations terrestres à Gaza, au bout du compte, ce sont des négociations et un accord qui ont permis le retour d’otages. Que c’est l’action militaire qui a causé la mort des autres. A cause du mensonge criminel selon lequel “il n’y a pas de civils innocents à Gaza”, même des otages agitant un drapeau blanc et criant en hébreu ont été abattus. Je n’ose pas imaginer le nombre de situations similaires qui n’ont pas fait l’objet d’une enquête parce que les victimes sont nées du mauvais côté de la barrière.

    « Les personnes qui ont dit : “pas de négociations avec le Hamas” se sont tout simplement trompées. Point à la ligne. La diplomatie et un changement de politique sont les seuls moyens d’empêcher de nouvelles destructions et de nouvelles morts des deux côtés.

    « La violence à laquelle l’armée recourt, y compris ces dernières années, ne nous protège pas. Le cycle de la violence est effectivement un cycle : la violence de l’armée, comme celle de toute armée, amène toujours plus de sang. Dans la pratique, elle n’est rien d’autre qu’une armée d’occupation qui cherche à se maintenir comme telle. La vérité c’est qu’elle a abandonné les habitants du Sud et le pays tout entier. Il est important de faire la distinction entre les gens ordinaires et les généraux ou les égoïstes qui trônent au sommet de ce système : aucun des citoyens ordinaires n’a décidé de financer le Hamas, aucun d’entre nous n’a choisi de perpétuer l’occupation et aucun d’entre nous n’a décidé de déplacer des troupes en Cisjordanie quelques jours avant l’invasion, parce que des colons avaient décidé de construire une soukka [lieu de culte juif construit temporairement pour la fête de Souccot, ndlr] à Huwara. Et maintenant, après une politique de longue haleine destinée à imploser, c’est nous qui sommes envoyés pour tuer et être tués à Gaza. Nous ne sommes pas envoyés pour nous battre pour la paix, mais au nom de la vengeance. J’avais décidé de refuser de m’enrôler avant la guerre, mais depuis qu’elle a commencé, je suis d’autant plus convaincu de ma décision.

    « Le changement viendra de nous » 

    « Avant la guerre, l’armée gardait les colonies, maintenait le siège meurtrier de la bande de Gaza et préservait le statu quo de l’apartheid et de la suprématie juive sur les terres situées entre le Jourdain et la mer. Depuis le début de la guerre, nous n’avons vu aucun appel à un véritable changement de politique en Cisjordanie et à Gaza, pour mettre fin à l’oppression généralisée du peuple palestinien et au bain de sang, ni pour une paix juste. Nous assistons au contraire à l’aggravation de l’oppression, à la propagation de la haine et à l’expansion de la persécution politique fasciste en Israël.

    « Le changement ne viendra pas de politiciens corrompus ici, ni des dirigeants du Hamas, qui sont eux aussi corrompus. Il viendra de nous, les peuples des deux nations. Je crois de tout mon cœur que le peuple palestinien n’est pas un peuple mauvais. Tout comme ici, où la grande majorité des Israéliens veulent vivre une vie agréable et sûre, avoir un endroit où leurs enfants peuvent jouer après l’école, et joindre les deux bouts à la fin du mois. Il en va de même pour les Palestiniens. A la veille du 7 octobre, le soutien au Hamas dans la bande de Gaza était au plus bas, à 26 %. Depuis le début des violences, il s’est considérablement renforcé. Pour que les choses changent, il faut mettre en place une alternative – au Hamas, et à la société militariste dans laquelle nous vivons.

    « Ce changement interviendra lorsque nous reconnaîtrons les souffrances endurées par le peuple palestinien ces dernières années, et le fait qu’elles sont le résultat de la politique israélienne. Cette reconnaissance doit s’accompagner de justice, et de l’édification d’une infrastructure politique basée sur la paix, la liberté et l’égalité. Je ne veux pas participer à la poursuite de cette oppression et de ce bain de sang. Je veux travailler directement à la recherche d’une solution, et c’est pourquoi je refuse de m’engager dans l’armée israélienne. J’aime ce pays et ses habitants, car c’est là d’où je viens. Je me sacrifie et je travaille pour que ce pays soit un pays qui respecte les autres, un pays où l’on peut vivre dans la dignité.

    Tal Mitnick, 26 décembre 2023 

    SOURCE  : https://www.liberation.fr/international/moyen-orient/je-refuse-de-participer-a-une-guerre-de-vengeance-lettre-dun-objecteur-de-conscience-israelien-20231228_274B5J76EJBX3MAIOF6I4BAA5E/ 

    Si vous avez un moment et si vous êtes abonnés au quotidien Le Monde, lire cette lettre de Dominique Edde, écrivaine libanaise :

    https://www.lemonde.fr/idees/article/2023/12/28/guerre-israel-hamas-qui-peut-penser-que-les-israeliens-vivront-en-paix-apres-que-l-irreparable-a-ete-commis_6208026_3232.html?lmd_medium=al&lmd_campaign=envoye-par-appli&lmd_creation=ios&lmd_source=mail 

    « On doit faire la paix »

    « Je vais refuser de servir l’armée », ces jeunes Israéliens

    qui choisissent de ne pas s’engager.

    « Je refuse de participer à une guerre de vengeance » : lettre d’un objecteur de  conscience israélien

    Gabrielle Teissier K 

    Citoyenne, du monde, de gauche, athée, en résistance contre tous les racismes

    Ils sont plusieurs, ils sont jeunes, ils vont refuser de servir l’armée israélienne. Merci à eux.

    « Sofia a 18 ans, l’âge d’entrer dans l’armée. La jeune femme, le regard bleu perçant, ne sourcille pas, et pourtant : « En février, je vais refuser de servir l’armée israélienne et j’irai en prison militaire pour ça. »

    « La plupart des personnes dans ce pays ont cet esprit militaire qui soutient l’armée quoi qu’il arrive, et cela inclut bien sûr des proches. Parfois, ils m’appellent la traître ou la Juive pleine de haine. C’est vraiment difficile », confie-t-elle. » 

    « La nuit n’est jamais complète.
    Il y a toujours puisque je le dis,
    Puisque je l’affirme,
    Au bout du chagrin,
    une fenêtre ouverte,
    une fenêtre éclairée.
    Il y a toujours un rêve qui veille,
    désir à combler,
    faim à satisfaire,
    un cœur généreux,
    une main tendue,
    une main ouverte,
    des yeux attentifs,
    une vie : la vie à se partager. »

    Paul Eluard 

    Israël-Hamas: «Je vais refuser

    de servir l’armée», ces jeunes Israéliens qui

    choisissent de ne pas s’engager

    La guerre à Gaza va se poursuivre tout au long de l'année 2024, a assuré Israël, qui continue de bombarder l'enclave palestinienne, trois mois après l'attaque du 7 octobre. L'armée annonce que ses réservistes vont bientôt faire une pause dans la guerre, afin de se préparer au prolongement des combats. Ils sont 360 000 au total, en plus de l'armée régulière. Mais, dans ce contexte, certains refusent de s'engager.

    « Je refuse de participer à une guerre de vengeance » : lettre d’un objecteur de  conscience israélien

    Des soldats israéliens se tiennent debout sur des tanks, dans une zone de rassemblement près de la frontière entre la bande de Gaza et Israël, le 1er janvier 2024. © VIOLETA SANTOS MOURA / Reuters

    Cette guerre de longue haleine entre Israël et le Hamas nécessite la rotation des troupes armées, et en particulier des réservistes israéliens. Pourtant, certains de ces jeunes appelés à s’engager le refusent. C'est notamment le cas de Sofia Orr, l'une des voix de cette jeunesse israélienne qui dit stop au conflit. Elle vit à Pardes Hanna-Karkur, au nord de Tel-Aviv.

    Sofia a 18 ans, l’âge d’entrer dans l’armée. La jeune femme, le regard bleu perçant, ne sourcille pas, et pourtant : « En février, je vais refuser de servir l’armée israélienne et j’irai en prison militaire pour ça. », assène-t-elle au micro de de Sandrine Mallon et Willy Moreau, envoyé spécial de France Info pour RFI.

    La jeune femme est l’une des figures du mouvement « Mesarvote », un groupe antimilitaire qui revendique aujourd’hui plusieurs dizaines de membres : « La plupart des personnes dans ce pays ont cet esprit militaire, qui soutient l’armée quoi qu’il arrive, et cela inclut bien sûr des proches. Parfois, ils m’appellent la traitre ou la Juive pleine de haine. C’est vraiment difficile », confie-t-elle.

    « On doit faire la paix »

    Son visage est devenu public, comme celui de son ami Tal Mitnick, le premier à avoir refusé de faire son service militaire depuis le 7 octobre. Il a été condamné la semaine dernière à une première peine d’un mois de détention.

    « Tu peux avoir une exemption, le faire calmement et ne pas être humilié publiquement pour ça. Mais ce n’est pas une option pour moi. Je sens que je dois en parler publiquement et essayer d’avoir le plus d’impact possible », assure Sofia Orr.

    Depuis, elle répète inlassablement : « La violence extrémiste du Hamas ne peut être combattue par davantage de violences. Je veux faire partie de la solution et pas du problème. On doit faire la paix, il n’y a pas d’autres options », conclut la jeune femme.

    Entrée « dans une nouvelle phase »

    de la guerre

    Cinq brigades israéliennes vont être prochainement retirées ou redéployées. Les réservistes vont également faire une pause afin de se préparer à des « combats prolongés », a rapporté l’armée israélienne. Pour David Rigoulet-Roze, chercheur associé à l'Institut de relations internationales et stratégiques, et rédacteur en chef de la revue « Orient Stratégique », interrogé par Daniel Vallot du service international, cette annonce de l’armée indique que la guerre entre « dans une nouvelle phase ».

    « Selon les énoncés de Tsahal, il s’agit d’un redéploiement avec le but de leur permettre de reprendre leur travail, donc il y a une logique économique et, je cite (Tsahal) : "Nous planifions la gestion des forces opérant sur le terrain en examinant le système de la réserve, de l’économie, le renouvellement des forces, et la poursuite des processus d'entraînement au combat au sein de Tsahal." Donc, il y a un système de rotation qui est aujourd’hui à l’œuvre, qui montre qu’on entre dans une nouvelle phase, puisque ça a été évoqué à plusieurs reprises. »

    « La première phase étant celle des bombardements massifs, la deuxième de l’opération terrestre et une troisième phase qui serait de moindre intensité, notamment dans le nord de Gaza. Cela correspondrait aux demandes américaines, notamment de Jake Sullivan, le conseiller à la Sécurité américain de Joe Biden, qui souhaitait à partir de janvier qu’il y ait effectivement des opérations de moindre intensité. Mais ça ne signifie pas un changement de stratégie, ça s’inscrit plutôt dans une planification à long terme », analyse le chercheur.

    Impact économique et budgétaire pour Israël

    Comme le souligne David Rigoulet-Roze, les motifs de ce retrait des réservistes israéliens peuvent être d'ordre stratégiques mais aussi économique. « Il y a eu 360 000 mobilisés, donc c’est entre 10 et 15% de la main d’œuvre israélienne, notamment dans les petites et moyennes entreprises. Cest lessentiel de la structure économique. Il y a donc un impact économique évident. Il y a aussi un impact budgétaire, avec un déficit qui sera de lordre de 8%. Mais au-delà, on peut aussi sinterroger sur les modalités du redéploiement. Certains évoquent la possibilité que des unités soient redéployées au nord du pays, avec louverture potentielle dun front, au niveau de la frontière libanaise », détaille-t-il. 

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