• Marcel Bessard refuse les médailles « On m'a même dit que l'on m'enverrait en prison si je refusais encore. » mais reste fidèle aux commémorations

    Marcel Bessard refuse les médailles « On m'a même dit que l'on m'enverrait en prison si je refusais encore. »   mais reste fidèle aux commémorations

      http://www.lavenirdelartois.fr/actualite/Pays_d_Artois/Lillerois/2013/03/25/article_marcel_bessard_refuse_les_medailles_mais.shtml 

    Ancien boxeur, cycliste, conseiller municipal à Gonnehem, Marcel Bessard porte plusieurs casquettes. Mais beaucoup ignorent son passé de soldat.

    Marcel Bessard a combattu à la frontière tunisienne, en Algérie, entre 1960 et 1962. Anti-militariste, il refuse les médailles qu'on lui propose mais il reste fidèle à la mémoire de ses camarades.

    L'homme a combattu en Algérie de 1960 à 1962. Il a vécu le cessez-le-feu, vu tomber bon nombre de ses camarades. Du courage, il lui en a fallu, mais il refuse toute médaille pour avoir fait la guerre.
    «Je suis un anti-militariste. Les armes, je n'aime pas ça. Et puis, je n'ai jamais compris l'intérêt de faire son service militaire. » Pourtant, en 1960, Marcel Bessard est appelé. Il doit abandonner ses projets personnels, son emploi et sa fiancée pour rejoindre les rangs de l'armée. « Cela m'embêtait, je savais que tout ce que je faisais, tout ce que je mettais en oeuvre ici allait s'arrêter, se souvient l'ancien Beuvrygeois. Lorsque le médecin a validé mon départ, je n'ai pas fait la fête, contrairement aux autres. J'avais l'impression qu'on me prenait ma liberté.
    Il savait que ce qui l'attendait n'allait pas être de tout repos. Né en 1939, une année de classe creuse, il s'apprêtait à être envoyé plus tôt que prévu en Algérie. « Pendant et après la guerre de 1939-45, il y a eu peu de naissances. Il y avait donc moins d'hommes à recruter dans l'armée vingt ans après.
    Par conséquent, j'ai à peine eu le temps de faire mes classes en Allemagne que j'ai été envoyé très vite en Algérie. »

    « Nous étions en alerte permanente »

    Marcel Bessard rejoint l'artillerie, à la frontière tunisienne. « On l'appelait la ligne Morice, il s'agissait en fait d'un barrage électrifié que nous devions surveiller. J'y suis resté deux longues années. Deux Noël et deux Nouvel an », déclare-t-il, encore amer. C'est en arrivant sur le front que le jeune soldat a pris conscience de la gravité de la situation. « Les Français ne savaient pas ce qu'il se passait réellement en Algérie. Nous étions en alerte permanente. L'armée algérienne attaquait chaque jour, chaque nuit. » L'ancien soldat avoue avoir vu de nombreux camarades tomber sous le feu de l'ennemi. Il se dit chanceux d'être rentré sain et sauf chez lui. Mais ce qui ronge Marcel Bessard, c'est le fait que cette guerre a duré huit ans.
    « Je trouve cela dommage d'avoir attendu autant de temps pour en finir avec ce conflit. Le temps des colonies était révolu et les Algériens souhaitaient naturellement prendre leur indépendance. Mais la France n'a pas voulu lâcher son emprise. » L'Artésien se souvient des événements qui ont marqué la guerre, pendant les deux dernières années, comme le Putsch des généraux en avril 1961. « Notre capitaine nous a dit que nous pouvions partir ou rester pour soutenir le Général de Gaulle. Lui a pris la décision de rester. Quant à nous, nous n'avions pas trop le choix. Nous étions plutôt éloignés des villes. » Marcel Bessard prend donc la décision de rester. Un peu moins d'un an plus tard, il est toujours sur place et vit le cessez-le-feu. Il s'en souvient comme si c'était hier... De son point de vue, il n'y a pas de doute, le 19 mars est la date idéale pour célébrer une commémoration nationale, en mémoire des civils et soldats morts pendant la guerre d'Algérie.

     



    Le 19 mars

    la bonne date

    pour une commémoration

    « Là où j'étais, c'était flagrant. Nous étions attaqués quotidiennement jusqu'au 19 mars 1962. Après cette date, il ne s'est plus rien passé. Et puis, le 22 mars, les rebelles sont venus à notre rencontre. S'il a pu y avoir d'autres problèmes après cette date, c'était en dehors de la guerre. »

    « Liberté,
    le mot que je préfère »

    Marcel Bessard a regagné la France le 14 avril 1962. Des années plus tard, les associations d'anciens combattants ont souhaité lui remettre une médaille, mais il n'a jamais accepté cette proposition. Déjà en Algérie, au bout de trois mois de présence, l'ancien soldat avait refusé la médaille commémorative. «  C'est sûr, c'était mal vu. On m'a même dit que l'on m'enverrait en prison si je refusais encore... Mais je n'ai pas voulu. Tout ce qui a été fait là-bas, ce n'était pas bien. Je n'accepte pas de recevoir une décoration pour ça. » L'homme n'en est pas moins fidèle envers la Fédération nationale des anciens combattants d'Afrique du Nord (FNACA). « Ce sont mes amis et nous devons faire perdurer le devoir de mémoire pour l'ensemble de nos camarades qui ont perdu la vie là-bas. » Ainsi, Marcel Bessard ne rate aucune commémoration et reste très engagé dans les associations locales des anciens combattants. Mais il évite de parler de la guerre. « C'est du passé, je préfère tourner la page à présent. » Il profite désormais de la vie. À son retour d'Algérie il a beaucoup voyagé. Il a même monté sa propre affaire et s'est consacré à son travail. En parallèle, il a vécu ses passions à fond, notamment le sport. « J'ai remporté quelques médailles pour des compétitions de cyclisme ou des marathons.
    Celles-ci, je les ai acceptées », déclare-t-il avec un petit sourire.
    Mais sa plus grande passion, c'est sa liberté retrouvée... « Le mot liberté est celui que je préfère. »

    Mélanie LOUF
    L'avenir de l'Artois

    Marcel Bessard refuse les médailles « On m'a même dit que l'on m'enverrait en prison si je refusais encore. »   mais reste fidèle aux commémorations

    Le monument aux morts de la commune de Gonnehem

    Marcel Bessard, 20 ans dans les

    Aures en Algérie, et toute une vie

    pour s'en remettre

    http://www.lavoixdunord.fr/region/marcel-bessard-20-ans-dans-les-aures-en-algerie-et-toute-jna30b0n698198 

    Cinquante deux ans après, Marcel Bessard n'a rien oublié. Les souvenirs de ses 18 mois passés en Algérie sont encore vifs. Ce natif de Beuvry, qui habite aujourd'hui Gonnehem, était au combat quand le cessez-le-feu a été prononcé. Un anti-militariste qui cultive le devoir de mémoire mais refuse les médailles.

    Vingt-huit mois de service militaire pour un anti-militariste, un paradoxe ? « Les objecteurs de conscience devaient faire cinq ans de prison. C'est ça qui m'a fait hésiter, raconte Marcel Bessard. J'ai pensé à ma jeune fiancée et à mes parents. Mais j'ai sacrifié deux ans de ma vie. » Un peu plus même car celui qui a été boxeur a eu la malchance de naître en 1939. Les classes creuses, comme les on appelle, période où les naissances sont moins nombreuses, Deuxième Guerre mondiale oblige. Vingt ans plus tard, on manque d'hommes en Algérie. Après 10 mois en Allemagne, Marcel Bessard est donc envoyé en Algérie dans le sud de Constantine, près de Tébessa, à la frontière avec la Tunisie. Résigné. « On savait que c'était dangereux mais on n'avait pas le choix. Au bout de 15 jours, on a vu 15 cercueils de soldats alignés. On a compris que c'était pas de la rigolade. » Et compris en même temps qu'en France, on ne disait pas la vérité. « Tous les dimanches, mes parents m'envoyaient La Voix du Nord. Le bilan du nombre de soldats tués était toujours minimisé. »

    Sales moments

    De ses 18 mois en Afrique du Nord, dans un régiment d'artillerie et dans des postes d'observation chargés de surveiller le barrage électrifié entre la Tunisie et l'Algérie, il retient de sales moments, « on allait au résultat après l'attaque des Algériens, la nuit, c'était pas beau parfois ce qu'on voyait » et surtout le souvenir d'une « solitude incroyable  ». « Des mois sans voir personne, c'était le désert, on ne voyait que les camions qui amenaient à manger et des militaires de temps en temps. » Seules « distractions », son transistor et son appareil photo achetés avec sa paye de militaire en Allemagne. Son dernier poste, il l'a passé dans un blockhaus pendant 6 mois. « Le poste le plus dangereux car le plus avancé de la frontière. » Le cessez-le-feu, le 19 mars 1962, il l'a senti venir. « Le 17 mars, on a été attaqué de façon plus virulente. Un baroud d'honneur. » Et puis, avec son transistor, il était au courant de pourparlers. « Le 19 mars, notre chef est venu dire que c'était terminé, qu'il ne fallait plus tirer...On était fatigué, usé. Pas le coeur à fêter ça. Plutôt envie de partir.

    Un mois plus tard, il reprend le bateau puis le train qui le ramène de Marseille à Lille. « Je me souviens du silence dans le train. Personne ne parlait. On avait un choc certainement. » Il est rentré en France un mercredi et le lundi, il retourne au travail. Sans transition comme on dit. « Je voulais oublier. » Douze heures par jour, samedi compris. «  Comme ça, je ne pensais à rien. » Oublier mais pas enterrer. S'il en parle peu à ses trois enfants, il lui arrive de passer des diapos d'Algérie au milieu d'autres événements familiaux à Noël ou Nouvel An. Et depuis qu'il est à la retraite, cette période revient comme un boomerang. « Il n'y a pas une journée sans que j'y pense. Les souvenirs... Peut-être on se rend compte maintenant qu'on a eu de la chance. » S'il n'a jamais été blessé, Marcel Bessard sait que c'est parce qu'il a eu de la chance. « J'ai souvent été au bon endroit au bon moment. » Pas blessé, mais traumatisé. Il doit parfois s'arrêter de parler face à la violence des souvenirs, ceux qu'il ne peut pas raconter. Reprendre son souffle, effacer ces images. L'an dernier, il a organisé une conférence à Gonnehem. « Pas pour raconter la guerre mais pour expliquer comment on en est venu là.

     " Où comment cultiver

    le devoir de mémoire "

    Depuis 20 ans, il fait partie de la FNACA mais refuse les décorations et les médailles. « Je m'en fous. Une décoration parce qu'on est allé flinguer des mecs ? Je vais là parce qu'il y a des copains sympathiques. » Marcel Bessard n'a pas tiré un trait sur l'Algérie. « J'ai des amis algériens que j'ai connus en France. J'ai même essayé de jumeler une ville d'Algérie avec Béthune. C'est un pays magnifique. » Dont il a eu la nostalgie 5/6 mois après son retour en France. « Le pays est tellement beau. » Il est allé à Alger en 1980 comme chef d'entreprise et irait bien en vacances. « Mes copains ont peur. Moi, ça me plairait bien. » Marcel Bessard sait faire la part des choses.

     

     

    « Noël en Algérie les 24-25 décembre 1961 dans quelques familles Pieds Noirs. Pour notre information afin de nous donner une idée de ce qu'a été ce dernier Noël de l'Algérie française "Déporter 5 millions de musulmans": les propos de Zemmour dénoncés sévèrement par Bernard Cazeneuve, par plusieurs personnalités et un nombre considérables d'internautes sur Twitter * »

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