• Quand Jean-Marie Le Pen creusait son sillon dans l’industrie du disque

    Quand Jean-Marie Le Pen creusait son sillon dans l’industrie du disque

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    18 mai 2015 |  Par Jean-Marc DE JAEGER 

    Si, dans la guerre ouverte qui l’oppose à sa fille, Jean-Marie Le Pen est mis à la porte du parti qu’il a fondé, il pourra toujours revenir à ses amours sonores. Un entretien à l’hebdomadaire d’extrême droitePrésent réalisé en septembre 2014 rappelle que le président d’honneur du Front national a aussi été à la tête d’une maison de disques.

    En 1962, le plus jeune député de l’Assemblée nationale perd son poste et renonce à se lancer dans une carrière d’avocat. En guise de consolation et « dans l’obligation de faire quelque chose », il crée l’année suivante, comme ne l’indique pas son nom, une société d’éditions sonores : Société d’études et de relations publiques (SERP). Ses amis, Léon Gaultier, ex-Waffen SS, et Philippe Marcais, partisan de l’Algérie française, l’accompagnent dans l’aventure.

    Inspiré par l’enregistrement d’une plaidoirie de Jean-Louis Tixier-Vignancourt, avocat et député d’extrême droite, Jean-Marie Le Pen réalise ses deux premiers disques sur le procès du lieutenant-colonnel Bastien-Thiry, du nom de l’un des auteurs de l’attentat du Petit-Clamart qui avait visé, en août 1962, le président de la République Charles de Gaulle. Les enregistrements étant interdits dans les tribunaux, Jean-Marie Le Pen reconnaît avoir enregistré « clandestinement ».

    « J’ai dû faire 120 disques en 20 ans » 

    A l’époque du rock’n’roll et du yéyé, les maisons de disques surfent peu sur le filon des documents historiques et littéraires, pas assez rentables. Malgré tout, le futur fondateur du Front national continue à creuser son sillon. Son troisième disque sort à l’occasion du centenaire de la bataille de Camerone. Viennent ensuite un disque sur le maréchal Pétain puis un disque des Poèmes de Fresnes de Robert Brasillach récités par l’acteur Pierre Freynay. Son album Papes de notre temps, avec lequel il compte séduire la clientèle catholique, est un échec qui lui fera ensuite abandonner l’idée d’un album sur la guerre civile d’Espagne.

    C’est grâce au répertoire militaire français et étranger que la SERP prospère. En 1969, Jean-Marie Le Pen édite une Anthologie de la musique militaire française en quatre volumes. Elle obtient, comme la douzaine de disques sur l’histoire de la Seconde Guerre mondiale publiée ensuite, le Grand Prix du disque de l’académie Charles Cros. Les discours du Général de Gaulle, la guerre d’Algérie, la guerre d’Indochine ou encore la révolution irlandaise font à leur tour l’objet de plusieurs productions.

    > La politique avant tout 

    En dépit du tempérament qu’on lui connaît, Jean-Marie Le Pen s’accorde à dire que la musique adoucit les mœurs. Mais attention, pas n’importe quelle musique puisqu’il excepte « les attaques barbares que sont le rap et autres manifestations délirantes ». Il explique à Présent « C’est grâce à la chanson populaire française que survit un univers poétique dans notre pays. » Malgré cela, il refuse d’associer sa société à la musique :« Ce n’était pas mon axe éditorial. Je ne travaille pas dans l’actualité musicale », explique t-il en précisant que c’est pour cette raison qu’il a refusé d’éditer le chanteur breton Alan Stivell.

    La société est condamnée en 1968 pour apologie de crime de guerre à cause d’un disque de chants du IIIe Reich intitulé « Voix et chants de la révolution allemande (1920-1939) ». La raison, un texte inscrit au dos de la pochette du 33-tours vantant « la montée vers le pouvoir d’Adolf Hitler » et le « puissant mouvement de masse, somme toute populaire et démocratique » qui en a résulté. Attaqué par des associations de résistants, Jean-Marie Le Pen est condamné à deux mois de prison et à 10 000 francs d’amende. Il est acquitté en 1971, soit un an avant de fonder une autre entité, politique cette fois : le Front national.

    Marie-Caroline Gendron, la fille aînée de Jean-Marie Le Pen, hérite de la gérance de la SERP en 1992 (et non en 2005 comme indiqué précédemment). La société est placée en liquidation judiciaire le 30 mars 2000 avant que le Choeur Monjoie Saint-Denis, chorale créée par d’anciens militaires, en rachète aussitôt les droits et hérite de ses titres. L’aventure SERP prend fin avec la « clôture pour insuffisance d’actif » en octobre 2008.


     Article publié sur mon blog, leflambo.fr 

    SOURCE : http://blogs.mediapart.fr/blog/jean-marc-de-jaeger/180515/quand-jean-marie-le-pen-creusait-son-sillon-dans-l-industrie-du-disque

     

    « C’était en janvier 1956 : retour sur un appel manquéA Béziers en 1939 un dénommé Ménard traquait les républicains espagnols… et, aujourd’hui un autre Ménard traque les Musulmans »

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