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Israël une démocratie ?
Que peut faire cet enfant contre ces adultes en tenue militaire dont l'Etat est protégé diplomatiquement par les gouvernements occidentaux qui financent aussi son armée ?
Les journalistes-partisans diront que cet enfant est un futur terroriste et c'est à ses parents de lui apprendre de ne pas jeter des pierres sur les soldats de la seule démocratie de la région.
Cet argument de la seule démocratie dans la région sert à légitimer les graves violations de droits de l'homme en Palestine. Il est cependant fallacieux parce que, en effet, Israël respecte les droits de ses citoyens, mais pas ceux des Palestiniens qu'il opprime.
On oublie aussi de dire qu'une démocratie peut violer ses propres valeurs quand elle se lance dans des guerres coloniales comme c'est le cas aujourd'hui en Palestine.
La France était une démocratie quand son armée bombardait les villages en Algérie pour anéantir ce qui était appelé l'organisation terroriste du FLN.
Les Etats-Unis étaient une démocratie quand son aviation ravageait avec du napalm le Vietnam. La situation coloniale pervertit la démocratie des colonisateurs. A ce sujet, il faut lire les textes de Frantz Fanon qui montre qu'en opprimant le colonisé, le colonisateur ne sort pas indemne. Il devient fasciste. En Avril 1961, un quarteron de généraux a entrepris un coup d'Etat à Alger qui a échoué. Leur projet était de mettre en place en France une dictature militaire. Aujourd'hui, Israël est dirigé par un cabinet militaire qui, si les bombardements de Gaza continuent, promulguera des textes qui auront force de loi. Il deviendra un organe souverain à la place de la Knesset avec le consentement de citoyens apeurés.
Dans le moyen terme, démocratie et domination coloniale s'opposent. L'information est désormais en Israël le monopole de l'institution militaire qui censure des journaux comme Haretz. Si les Israéliens veulent sauver leur démocratie, il faut qu'ils mettent fin à la domination coloniale que subissent les Palestiniens. Ce n'est pas les chefs militaires qui leur assureront la sécurité, ni le soutien inconditionnel de l'Occident.
Seule la paix avec les Palestiniens mettra fin à l'angoisse existentielle des Israéliens qui, en déshumanisant les Palestiniens, se déshumanisent comme le montre cette photo de trois militaires qui se comportent comme des bêtes affamées sur une proie sans défense.
Guerre entre Israël et Hamas
ou guerre entre Israéliens
et Palestiniens ?
Le conflit entre Israéliens et Palestiniens dure depuis plus de 70 ans et il demande à être traité avec impartialité par les observateurs qui ne sont ni Israéliens ni Palestiniens. L'impartialité dément les certitudes des protagonistes et favorise la paix car elle les pousse à trouver un compromis pour mettre un terme à un conflit trop coûteux en vies humaines.
Les sciences sociales auront du pain sur la planche lorsque les sociologues et politistes se mettrons demain à analyser le discours officiel et médiatique en Occident qui rend compte du conflit sanglant qui se déroule à Gaza. Ce discours montre une évidence qui semble échapper aux concernés : ils sont des protagonistes de ce conflit en choisissant de ne pas être impartiaux.
L'analyse de contenu des déclarations des gouvernements et les commentaires des médias audio-visuels montrent une partialité frappante que les dirigeants et les journalistes n'arrivent pas à cacher, et l'on se demande même s'ils en sont conscients. Par exemple, il est question du conflit entre Israël et Hamas et non entre Israéliens et Palestiniens. Et là-dessus se construit une narration explicite selon laquelle le Hamas, soutenu et financé de l’extérieur, opprime les Palestiniens, d'où la mission pacificatrice et civilisatrice d'Israël, avec l'aide des Occidentaux, de les libérer. L'aviation bombarde des civils qui meurent par milliers, mais le responsable de ce massacre est le Hamas qui utilise les Palestiniens comme boucliers humains.
Cette narration est la marque de la mentalité coloniale qui cherche à se donner une bonne conscience en prétendant libérer le colonisé des forces diaboliques que sa société aurait secrétées. Il arrive même que des journalistes américains et européens écrivent qu'ils sont étonnés que les Palestiniens ne rejettent pas en masse le Hamas et ne se révoltent pas contre lui. Dans l'inconscient colonial, le seul indigène qui a droit à la vie (misérable évidemment), c'est le harki qui accepte de façon obséquieuse le colonisateur.
La mentalité coloniale empêche de voir l’adversaire nationaliste comme une émanation de la société colonisée. Elle refuse cette réalité que le Hamas est populaire chez les Palestiniens parce qu’il traduit en actes violents la haine qu’ils ont vis-à-vis des Israéliens. Cette haine est réciproque comme l’indique le massacre par l’aviation israélienne à Gaza et les meurtres quotidiens en Cisjordanie commis par des bandes de colons armés.
Les protagonistes de ce conflit se détestent mutuellement, mais la presse en Occident, à quelques exceptions près, s’émeut seulement de la violence du Hamas taxé d’organisation terroriste. Cette organisation, dont l’acronyme en arabe est le Mouvement de la Société pour la Paix (harakat el moujtama’ as-salmi), a été fondée pour terroriser les Israéliens dont l’Etat terrorise les Palestiniens. S’il n’est pas faux de dire que le Hamas est une organisation terroriste, il faut admettre aussi que l’armée israélienne est une organisation terroriste. C’est pourquoi l’ONU, mais aussi de nombreux organes et agences de presse, ne désignent pas le Hamas comme organisation terroriste. C’est un mouvement violent de libération nationale.
Dans un conflit d’une telle ampleur, et qui provoque des drames des deux côtés, la morale, et même le droit, sont impuissants.
Un conflit politique ne se résout ni moralement ni juridiquement ; il se résout politiquement par une négociation sur la base de ce que le Spectateur Impartial de David Hume considère comme la solution juste. Dans cette guerre qui dure depuis près de cent ans, le spectateur impartial est l’ONU que le véto américain paralyse dès qu’il y a une résolution juste pour mettre fin au conflit, comme si les États-Unis ne voulaient pas la paix dans cette région. Mais la solution à un différend politique est le résultat d’un rapport de force militaire, politique, économique et diplomatique.
Les Israéliens se rendront compte, tôt ou tard, qu'ils ne vivront jamais en paix sur la terre des Palestiniens tant qu’ils ne feront pas la paix avec eux. Ils vivront quotidiennement avec la hantise d'être tués ou d'être pris en otages, avec une angoisse existentielle qu'aucun peuple au monde ne connaît.
Mais au lieu de faire disparaître cette angoisse en faisant la paix avec les Palestiniens, ils demandent aux Américains et aux Européens de leur donner plus d'armes et plus d'argent pour tuer plus de Palestiniens, ce qui accroit encore plus l'angoisse existentielle. Car les jeunes survivants des massacres de Gaza se procureront dans dix ou vingt ans des armes en miniature qui feront des centaines de morts parmi ceux qu’ils considèrent comme leurs ennemis.
L'être humain n'est pas raisonnable lorsqu'il est impliqué dans un conflit politique. Il n'accepte de faire la paix et de reconnaître l'autre que lorsqu'il est obligé de le faire.
Si la France coloniale avait négocié en 1955 ou en 1956 l'indépendance de l'Algérie avec le FLN, nommé aussi à l’époque organisation terroriste, des dizaines de milliers de Français et des centaines de milliers d'Algériens auront été épargnés. Il faudrait combien de morts d'Israéliens et de Palestiniens pour que ce conflit interminable se termine ? La question est à poser aux gouvernements des États-Unis et de l'Europe qui portent une lourde responsabilité dans cette guerre car c’est leur soutien inconditionnel qui encourage les Israéliens à surmonter leur angoisse existentielle et à tuer des Palestiniens à partir d’avions à technologie sophistiquée, comme si les pilotes s’adonnaient à des jeux vidéo.
Professeur de sociologie
à Sciences Po de Lyon
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En 2019 ils fêtaient leurs noces de platine
Eugène et Andrée Bon ont fêté 70 années de vie commune
Eugène et Andrée Bon ont fêté leurs noces de platine. Cela fait maintenant 70 ans qu’ils sont mariés. Des dizaines d’années d’amour qu’ils ont partagées en famille.
En octobre 2023
Mon cousin a 100 ans
et je lui souhaite
un bon anniversaire
Laives/Chalon-sur-Saône : Eugène Bon fête ses 100 ans
avec sa femme Andrée
Eugène Bon et sa femme Andrée, 97 ans, ont fêté l’évènement en famille. Photo Stéphane Colas
Eugène Bon, accompagné par sa femme Andrée, 97 ans, et entouré par toute sa famille, a célébré ses 100 ans dimanche au bar à vin et table d’hôtes de Laives, Les vignes d’Hortense , où gastronomie et vins font bon ménage.
Autrefois artisan polyvalent
Eugène et Andrée Bon vivent à Chalon-sur-Saône, dans le quartier de Saint-Gobain où ils passent une paisible retraite. Originaire d'Authumes, Eugène était autrefois artisan polyvalent. Il faisait de la maintenance sur les machines agricoles et sur les systèmes de chauffage, entre autres. Quant à Andrée, elle était sa collaboratrice et a ensuite travaillé comme serveuse dans un restaurant à Damerey.
Le couple a eu deux enfants, Philippe et Nathalie, qui leur ont donné trois petits-enfants, Maxime, Lucile et Théo. Quatre arrière-petits-enfants, Lola, Mattéo, Eden et Soan, ont ensuite agrandi la famille.
SOURCE : Laives/Chalon-sur-Saône. Eugène Bon fête ses 100 ans avec sa femme Andrée (lejsl.com)
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Quand est disponible un replay ?
Les programmes sont, comme pour la majorité des opérateurs, disponibles le lendemain de leur diffusion et jusqu'à 7 jours après leur diffusion.
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Michel Dandelot
Le replay de France 5 concernant cet
article, cliquez sur ce lien :
1983, les marcheurs de l'égalité -
Documentaire en replay (france.tv)
Quarante ans après, France 5 retrace
la marche pour l’égalité
et contre le racisme
En 1983, des marcheurs traversent la France pour militer contre le racisme systémique et prôner l’égalité. Un rappel historique nécessaire à l’heure où les violences à motif raciste persistent.
40 ans après la marche pour l’égalité et contre le racisme, France 5 a retrouvé ceux qui ont fait de cette initiative un moment historique. © Flair Productions
En 1983, de terribles affrontements ont lieu entre des policiers et des jeunes dans le quartier des Minguettes à Vénissieux, dans la banlieue sud de Lyon. Cette même année, de nombreux immigrés sont tués pour des motifs racistes, comme Toufik Ouanes, un enfant de moins de 10 ans abattu par son voisin.
En réaction, une bande de jeunes décident de traverser la France, du 15 octobre au 3 décembre 1983, partant de Marseille pour arriver à Paris et faire barrage au racisme et à la violence banalisés. Un combat qui fait aujourd’hui écho au meurtre de Nahel Merzouk, un adolescent de 17 ans tué à Nanterre par un policier. Dans ce brillant documentaire constitué d’interviews de marcheurs et d’archives, trois générations témoignent.
Le début des années 1980 est marqué par l’arrivée de la gauche au pouvoir. « François Mitterrand est le résultat de l’espérance », recontextualise le prêtre Christian Delorme, l’un des initiateurs du projet. À ce moment-là, « on croyait réellement que la vie allait changer (…) c’est pour cela que la marche pour l’égalité a été possible », explique celui qu’on appelle « le curé des Minguettes ».
100 000 personnes à Paris
« Cela ne peut plus durer ! » lançait-il au départ de la marche, fustigeant « ce climat de rejet des étrangers qui s’étend comme un cancer ». Cette traversée de l’Hexagone de « tous ceux qui en France refusent une France de l’apartheid » portait deux revendications majeures : une carte de séjour de dix ans, ainsi que le droit de vote pour les étrangers. « On devenait les porte-parole de ceux qui luttaient », affirme la marcheuse Marie-Laure Mahé.
Alors que l’espoir gorge les cœurs, un drame survient le 15 novembre 1983 : Habib Grimzi, un jeune Algérien de 26 ans, est jeté hors d’un train à pleine vitesse après avoir été massacré par de nouvelles recrues de la Légion étrangère. Un meurtre raciste qui porte l’émotion à son paroxysme. « On peut te tuer parce que tu es basané ! » tempête Djamel Atallah, un autre initiateur de la marche. Un crime qui renforce toutefois la solidarité des marcheurs. Les rangs se gonflent et des politiques de gauche leur apportent leur soutien.
Présent lors de la marche non violente, Farid L’Haoua capture à l’aide de son appareil photo des visages et banderoles. Des « moments magiques », confie-t-il. Chaque jour, les marcheurs parcourent près de 30 kilomètres. Des badauds s’arrêtent, viennent les encourager et parfois les rejoignent.Au fil des deux mois de marche, les militants se multiplient : au total, plus de 100 000 personnes protestent contre les meurtres à motif raciste. Parmi elles, Hanifa Taguelmint a « marché pour mieux vivre et permettre à des jeunes de ne pas mourir ».
Reçue à l’Élysée par François Mitterrand, la délégation des marcheurs croyait voir toutes ses demandes exaucées : la carte de séjour et de travail valable dix ans, une loi contre les crimes racistes et le vote des étrangers aux élections locales. Mais cette dernière promesse, quarante ans plus tard, n’a toujours pas été tenue par la gauche.
La case du siècle – 1983, les marcheurs de l’égalité, France 5, dimanche, 22 h 40
1983, les marcheurs de l'égalité
22h40 dimanche 3 décembre 2023
1983, les marcheurs de l'égalité
Histoire de Nina Robert
Durée : 55 mn
Résumé
Dans les années 80, des jeunes d'origine maghrébine nés sur le sol français et un prêtre de la banlieue lyonnaise, organisent la "Marche des Beurs" Partie avec 17 personnes du quartier de la Cayolle à Marseille le 15 octobre 1983 à la suite d'un crime raciste, elle s'est achevée deux mois plus tard sur le pavé parisien, le 3 décembre, avec 100 000 personnes. Cette action revendiquait l'égalité des droits. Leur cri aura-t-il été entendu ?
Si vous avez manqué le début
Retour sur la "Marche des Beurs" qui, du 15 octobre au 3 décembre 1983, a mené 100 000 personnes jusqu'à à Paris pour l'égalité et contre le racisme.
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Manifestation contre le racisme
et la loi Darmanin
Profitez-en vous ne verrez pas cette manifestation sur les chaînes de droite et extrême-droite CNews, BFMTV, LCI et d’autres…
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Proche Orient. À Paris, plusieurs
milliers de personnes
pour « la paix et la justice »
Selon la préfecture de police, 7 000 personnes ont participé au défilé entre la Place de la République et la Bastille pour réclamer un cessez-le-feu permanent dans la bande Gaza. Une quarantaine d’autres rassemblements avaient lieu en France.Près de 7000 personnes ont défilé ce 2 décembre à Paris pour réclamer un cessez-le-feu dans la bande de Gaza.
AFPPlusieurs milliers de personnes ont défilé à Paris ce 2 décembre « pour la paix et la justice » au Proche-Orient. Au lendemain de la reprise des bombardements israéliens sur la bande Gaza, qui ont mis fin à une semaine de trêve, 7 000 manifestants, selon la police, ont réclamé un « cessez-le-feu permanent ». Des associations telles que l’AFPS (association France Palestine Solidarité), le collectif « Urgence Palestine », des syndicalistes, ont participé au cortège, ainsi que des organisations politiques de gauche. Parmi ces dernières : le PCF, le NPA, Lutte Ouvrière, et la France insoumise à l’avant du cortège avec Jean-Luc Mélenchon, Manuel Bompard, Aurélie Trouvé, Paul Vannier ou encore Thomas Portes. Ils ont renouvelé, avant le départ de la manifestation, l’exigence d’un « cessez-le-feu immédiat » et la « libération des otages ». « La reprise des bombardements marque une nouvelle étape » dans la guerre a ainsi dénoncé, depuis la Place de la République, Jean-Luc Mélenchon. « On passe de la guerre à la volonté de tuer tout le monde », selon le leader insoumis, alors que l’armée israélienne bombarde le sud de Gaza où se sont réfugiées des centaines de milliers de Palestiniens contraints de fuir le nord de l’enclave. « Le point de vue de Macron ne compte pas beaucoup, a-t-il également taclé, ce qui pèse c’est nous, les opinions publiques ». La secrétaire nationale des écologistes, Marine Tondelier, a réclamé « l’entrée de la cour pénale internationale à Gaza », tandis que l’ambassadrice de l’Autorité palestinienne en France, Hala Abou Assira, a, elle aussi rappelé l’exigence d’un « cessez-le-feu immédiat face au crime de génocide en cours dans la bande de Gaza ».
Une marche soutenue par des artistes
et des intellectuels
Cette nouvelle marche, moins fréquentée que les précédentes, avait également reçu le soutien de plusieurs artistes et intellectuels, dont Eric Cantona, HK (présent sur le camion en tête de cortège), Swann Arlaud, Annie Ernaux, etc. Si le cortège rassemblait de nombreux militants investis dans le soutien à la cause palestinienne, des plus jeunes se sont joints aux revendications. « Ça fait 75 ans que ça dure, donc on baigne déjà dans cette histoire », justifie une jeune manifestante. Lola, 17 ans et lycéenne, est aussi du défilé. Elle explique sa présence par sa participation « à toutes les manifs contre la réforme des retraites ». « Les jeunes en général ne se sentent pas assez écoutés, soutient Lola, que ce soit pour leurs propres revendications ou dans le cas du conflit israélo-palestinien, comme en témoigne le positionnement de Macron ». « C’est un génocide là-bas. Les enfants ce ne sont pas des dégâts collatéraux. Et la trêve a été rompue », témoigne une autre étudiante. Une inquiétude partagée par la foule présente à Paris solidarité avec Gaza.
Manifestation à Paris pour la Paix
et la Justice en Israël et en Palestine
PCF - Parti communiste français
Le 18 novembre 2023 place
de la République avec Fabien Roussel
et Léon Deffontaines
Gaza : génocide en cours ?
Jean-Luc Mélenchon est intervenu lors de la manifestation pour la paix et la justice à Paris le 2 décembre 2023. Il interpellait l’humanité dans un appel à l'arrêt immédiat des hostilités. Les actions militaires menées depuis la rupture de la trêve sont disproportionnée, les attaques indiscriminées sur la population civile en contradiction flagrante avec le droit international. Il qualifie ces actes de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité, appelant à leur cessation immédiate. Jean-Luc Mélenchon insiste sur la nécessité d'une réaction mondiale, appelant l'opinion publique à se mobiliser et à condamner ces actions meurtrières. Il souligne l'importance de l'unité face à la souffrance humaine, car toutes les vies ont la même valeur et méritent d'être protégées. Il dénonce également les dirigeants politiques impliqués dans ces événements, notamment M. Netanyahu et M. Galant, appelant à leur jugement devant la Cour pénale internationale pour crimes de guerre. Il condamne la manière dont les civils sont pris pour cible et les appelle à résister face à ces crimes qu’il décrit comme des prémices de génocide, c'est-à-dire de volonté d'exterminer la totalité de la population. Enfin, Jean-Luc Mélenchon exprime son soutien à toutes les voix de la protestation à travers le monde.
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Le Journal de Saône-et-Loire (Le JSL) est le quotidien où j’ai passé 39 années de ma vie professionnelle. Aujourd’hui je vous propose deux de ses articles qui évoquent la très inquiétante actualité de ce que nous vivons en ce moment même dans notre pays la France.
Michel Dandelot
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Quarante ans après la Marche
pour l'égalité, où est passée
la fraternité en France ?
À 40 ans d’écart, la différence est saisissante. De l’élan fraternel de la Marche pour l’égalité et contre le racisme de 1983, il paraît ne rester que des cendres dans la société française irréconciliée de 2023, enflammée par des colères et des haines décomplexées. Avec ces violences reflue dans le pays un racisme délétère.
Le week-end dernier a été marqué par de vives tensions à Romans-sur-Isère, dans le Drôme, où des dizaines de militants de l’ultradroite ont défilé. Photo EBRA/Le DL/Fabrice Hebrard
« Rengainez ! On arrive. » Il y a 40 ans, une rafale d’agressions et de crimes racistes tirait sur les routes de France, de Marseille à Paris, une longue marche pacifique pour l‘égalité et contre le racisme, la première manifestation de ce type en France. Un mouvement non-violent sans précédent qui avait culminé dans les rues de la capitale le 3 décembre 1983, avec une foule de plusieurs dizaines de milliers de personnes. « Un rendez-vous de la France avec elle-même comme pays de la diversité, comme pays d’immigration », selon le sociologue Ahmed Boubeker.
Après la montée de l’antisémitisme…
l'islamophobie
De cette union de 1983, donnant du relief aux valeurs de la République, il ne reste que des miettes d’illusions en 2023 : la diversité s’est faite divisions. La discorde a gagné contre la concorde. Chaque étincelle sociale menace de se transformer en feu. Après l’incendie des émeutes urbaines de l’été après la mort du jeune Nahel tué par un policier, après l’antisémitisme attisé par le conflit entre Israël et le Hamas, la communauté arabe et musulmane est depuis une dizaine de jours la cible d’attaques, désignée coupable de la mort de Thomas, 16 ans, tué dans la nuit du 18 au 19 novembre 2023, lors d’une rixe en marge d’une fête à Crépol, dans la Drôme.
L’inscription « Mort au bougnoule » a été taguée samedi 25 novembre sur la porte de la mosquée d’Octeville, dans la Manche. Et un peu plus loin : « Justice pour Thomas, ici on est en France, mort aux Arabes ». Le même slogan « Justice pour Thomas » a été découvert lundi 27 novembre sur la clôture de la future mosquée d’Angers, avec des portraits de l’adolescent tué à Crépol placardés avec les mentions « Massacre de Français, stop ! autodéfense ». « Rendre les musulmans responsables de la mort de Thomas est une injustice insupportable », s’indigne Mohamed Briwa, le président de l’Association des musulmans d’Angers. Une plainte a été déposée. Une mosquée de Valence (Drôme) a également reçu une lettre de menaces.
« Des activistes veulent créer un climat
de guerre civile »
L’histoire se répète : mêmes boucs émissaires, mêmes violences visant des personnes en raison de leurs origines, de leur culture ou de leur religion. Comme un retour en arrière, l’ultradroite ranime la France rance des années 70, le spectre de cette décennie noire marquée par une quarantaine d’attaques contre des consulats, des foyers ou des cafés maghrébins. Pour le député Renaissance de la Gironde Éric Poulliat, rapporteur d’une mission d’information sur l’activisme violent, « des activistes veulent capter tous les faits divers pour créer un choc des civilisations. Ils cherchent donc à ce que leur action soit le plus médiatisée possible sur les réseaux et les chaînes d’info pour créer un climat de guerre civile ». Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a annoncé mardi sur France Inter qu’il va « proposer la fin du groupuscule Division Martel » et de « deux autres » groupuscules d’extrême droite.
Le racisme que repoussaient les marcheurs de l’égalité de 1983 retrouve en 2023 droit de cité, brutalement et frontalement. Les actes ne sont pas isolés : ils se diffusent en nombre. « Les récits racistes des soulèvements se multiplient, parlant de « barbares » et d’immigration, et l’on craint qu’ils ne débouchent sur un succès dans les urnes », observait déjà François Dubet, professeur émérite de sociologie à l’Université de Bordeaux, dans son analyse des émeutes urbaines du début de l’été.
L’extrême droite en première ligne
Depuis la mort de Thomas à Crépol, l’extrême droite est en première ligne, trouvant un créneau porteur, à effet électoral possiblement démultiplicateur : stigmatiser, c’est mobiliser. Au Rassemblement national, la députée Marine Le Pen a fustigé des « banlieues criminogènes dans lesquelles se trouvent des milices armées qui opèrent des razzias ». Marion Maréchal, tête de liste Reconquête aux élections européennes de juin 2024, voit dans les événements autour du drame dans la Drôme une « guerre ethnique » et « les prémices de la guerre civile ».
Le ministre de la Justice Éric Dupond-Moretti agite le chiffon rouge du péril fasciste. Lors des questions au gouvernement à l’Assemblée nationale, mardi, il a accusé le RN de pousser l’ultradroite dans la rue, en opposant « la France rurale et tranquille, catholique et blanche, à la France des cités, la France des Mohamed, des Mouloud et des Rachid ». Le garde des Sceaux invite le parti d’extrême droite à faire « le ménage » : « Chassez de vos rangs les gudards, les identitaires, les nazillons, les racistes, les antisémites ».
SOS Racisme alerte d’une rhétorique ravageuse, utilisant les termes de « racailles », « ensauvagement » et « décivilisation », ainsi que des « analyses ethnicisantes de nombreux responsables politiques du RN, de Reconquête et de LR ». L’association pointe leur responsabilité dans les appels à des représailles lancés sur les réseaux sociaux et « l’accélération des attaques racistes, adossées à l’épaisseur d’une parole publique stigmatisante qui s’est installée et banalisée dans notre pays sur les derniers mois - en ciblant les Arabes, les immigrés, les noirs ou les musulmans selon le besoin du moment ». L’association née en 1984, un an après la longue marche de 1983, en appelle au président de la République et à l’exécutif : « Il est de la responsabilité du chef de l’État ou de la Première ministre de réagir solennellement afin de rappeler le refus du racisme en République et le refus des cycles de ''vengeance'' que l’extrême droite essaie manifestement d’enclencher ».
40 ans de la Marche pour l'égalité
et contre le racisme : un combat toujours d'actualité
Le 15 octobre 1983, une dizaine de marcheurs s'élançaient de Marseille avec la volonté de relier Paris à pied pour dénoncer le racisme. 40 ans après cette marche historique, soutenue par la gauche et des dizaines de milliers de Français, les anciens participants déplorent la persistance des « violences policières ».
La « Marche pour l'égalité et contre le racisme » a été initiée par des militants issus principalement des quartiers populaires. Photo Sipa/TufanIls rallièrent Paris depuis Marseille à pied pour dénoncer le racisme et les violences policières : la « Marche contre le racisme et pour l'égalité des droits » fête son 40e anniversaire dans une période où les colères des quartiers populaires résonnent avec celles d'alors.
Partis dans la quasi-indifférence de la Cayolle, une cité marseillaise, le 15 octobre 1983, la dizaine de marcheurs atteint la capitale sept semaines plus tard, accueillie par près de 100 000 personnes. Pour la première fois, les discriminations quotidiennes vécues par les immigrés et leurs descendants en France seront mises en lumière.
Agressions racistes et affrontements avec les forces de l'ordre sont légion dans les quartiers populaires de cette France des années 1980, sur fond de percée du Front national, parti d'extrême droite aujourd'hui renommé Rassemblement national. « On était en marge de la société et en état de guerre, car notre quotidien c'était les balles, les morts, les contrôles au faciès... le tout dans l'indifférence générale », raconte Hanifa Taguelmint, 61 ans, une des participantes.
Des quartiers qui se sentent abandonnés
L'un des éléments déclencheurs de la marche fut le meurtre en juillet de Toufik Ouanes, 9 ans, abattu par un voisin dans la cité des 4 000 à La Courneuve, en région parisienne. Si son caractère raciste reste débattu, il témoigne des tensions sociales récurrentes dans ces quartiers qui se sentent abandonnés par les pouvoirs publics. Renommée « Marche des Beurs » par les médias, terme qu'exècrent ses initiateurs, qui font justement valoir leur qualité de citoyens français, l'événement a permis de « rassembler les immigrés avec la France profonde ».
Elle prend une nouvelle ampleur mi-novembre 1983 lorsqu'un touriste algérien est tabassé et jeté d'un train par des légionnaires. Jusqu'ici méfiante, la gauche au pouvoir prendra progressivement conscience du mouvement en dépêchant des émissaires lors de ses dernières étapes.
A Paris, une délégation est reçue par le président François Mitterrand. S'il refuse d'accorder le droit de vote aux étrangers aux élections locales, il promet une carte de séjour valable dix ans pour les immigrés et la prise en compte des crimes racistes devant les tribunaux.
Une délégation de « marcheurs » est reçue
à l’Élysée le 3 décembre 1983.
Photo Sipa/Rebours
Rien n'a bougé ?
« Cette marche aura réussi à visibiliser la deuxième génération (enfants d'immigrés), les violences policières et les crimes racistes », retient Hanifa Taguelmint. Jeudi, lors d'une soirée à Marseille où se sont réunis d'anciens « marcheurs », des militants et des membres du public ont cependant déploré qu'une partie des difficultés dénoncées en 1983 persistent.
Les ex-marcheurs dénoncent la persistance « des violences policières ». « Le meurtre de Nahel (abattu par un policier à Nanterre en juin, NDLR) prouve qu'il y a toujours un problème de logiciel du maintien de l'ordre à la française », s'exaspère Farid L'Haoua, 65 ans, porte-parole de la Marche de 1983 et militant antiraciste. Mais tous disent « faire confiance aux jeunes d'aujourd'hui » pour trouver une manière de s'engager et de faire bouger les lignes et « trouver un projet d'espérance ».
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Deux enfants de 9 et 15 ans tués
par l’armée israélienne en Cisjordanie
De gauche à droite : Adam Al-Ghoul, 9 ans
et Bassem al-Wafa, 15 ans.© @dr
Le 29 novembre, deux enfants ont été tués par balle par l’armée israélienne à Jénine en Cisjordanie. Les troupes israéliennes de Tsahal ont traversé la frontière entre Israël et la Cisjordanie pour mener un raid antiterroriste dans le nord de la ville. L’un des plus gros depuis le 7 octobre, d’après les habitants de la ville.
Comme souvent, plusieurs Palestiniens sont sortis pour repousser l’armée en train de détruire des habitations. Ce jour-là dans le groupe, quatre personnes sont abattues. Deux sont des membres haut placés du Hamas. Les deux autres sont des enfants : Bassem al-Wafa, 15 ans, et Adam Al-Ghoul, 9 ans.
Plusieurs images des affrontements ont tout de suite été publiées sur les réseaux sociaux. On peut y voir des balles ricocher sur le sol et les murs, avant d’atteindre les deux enfants, abattus en pleine rue. Dans sa course, Bassem Al-Wafa semble tenter d’allumer un explosif de faible puissance avant d’être atteint par une balle.
Après sa mort, le Hamas a affirmé que l’adolescent était bien un de leurs membres. Pour Adam, 9 ans, en revanche, c’est différent. D’après son frère, l’enfant était tout simplement au mauvais endroit, au mauvais moment.
Depuis des années, le Hamas n’hésite pas à utiliser des enfants, en tant que soldats ou militants, pour faire reculer les forces israéliennes. Ces morts s’ajoutent déjà aux milliers d’enfants décédés sous les frappes israéliennes à Gaza et dans les territoires palestiniens, mais elles sont d’une nature particulière. Même membres du Hamas, les enfants sont soumis à une protection particulière en cas de conflits armés.
Cliquez sur ce lien pour voir la vidéo du quotidien Le Parisien
SOURCE : Deux enfants de 9 et 15 ans tués par l’armée israélienne en Cisjordanie (msn.com)
Nouvelle agression contre Jénine l’armée
israélienne tue 4 palestiniens dont 2 enfants
Une fois de plus, l’armée israélienne a mené une attaque d’ampleur contre la ville de Jénine et son camp de réfugié.es. Au cours de cet assaut, qui semble être l’un des plus importants de cette dernière décennie, deux enfants de moins de quinze ans ont été abattus de sang-froid.
Ils s’appelaient Basel Abou Al-Wafa (8 ans) et Adam Ghoul (15 ans).
Ils ont tous les deux été abattus alors qu’ils fuyaient l’arrivée des troupes israéliennes à Jénine. L’armée israélienne a reconnu le meurtre de ces deux enfants mais n’a pas encore communiqué la justification de ces assassinats.
https://twitter.com/i/status/1729828298694311999
Au moins deux autres palestiniens ont été assassinés lors de cette attaque. Muhammad Jamal Zubaidi et Wissam Ziad Hanoun. Une multitude de blessé.es par balles est à déplorer.
L’arrivée de l’armée israélienne s’est déroulée à travers un assaut massif de troupes d’infanterie, de véhicules blindés et de bulldozers militaires dans la ville de Jénine et dans le camp de réfugié.es. Les troupes israéliennes ont tiré à vue sur la population, arrêté des très nombreux habitants du camp.
Des combats avec les groupes armés de Jénine ont éclaté dans les heures suivantes, notamment après des frappes aériennes qui ont complètement ravagé plusieurs maisons dans le quartier d’Al-Damaj.
https://twitter.com/i/status/1729831765622071389
En parallèle de cette offensive d’ampleur, qui a duré plus de 10 heures, les troupes et les véhicules de l’armée israélienne ont assiégé trois hôpitaux de Jénine (parmi lesquels le centre Ibn Sina et l’hôpital gouvernemental). Les hôpitaux ont été ciblés par des gaz lacrymogènes et plusieurs attaques ont eu lieu sur les ambulances qui arrivaient dans ces centres hospitaliers. Les troupes ont arrêté au moins un palestinien gravement blessé à l’intérieur d’une de ces ambulances.
Tout au long de l’attaque, les bulldozers militaires ont détruit un nombre considérable d’infrastructures de survie notamment le réseau d’eau et d’électricité), de boutiques, d’habitations et de bâtiments. Au préalable, les troupes ont forcé des centaines d’habitant.es à quitter leurs foyers, notamment pour en faciliter la démolition.
https://twitter.com/i/status/1729877391093477472
Après plus de 17h de raid, l’armée israélienne a finalement retiré ses troupes du camp et de la ville de Jénine, laissant derrière elle un bilan humain et humanitaire catastrophique comme lors de chacune de ses incursions depuis juillet 2023, et comme elle le fait une fois par semaine depuis le 7 octobre de cette même année.
https://twitter.com/i/status/1729814876686536998
En 2023, l’armée israélienne a tué 122 palestinien.nes à Jénine, 49 depuis le 7 octobre.
Pourquoi y a-t-il des colonies israéliennes en
Cisjordanie ? Comprendre en trois minutes
La Cisjordanie, palestinienne selon le droit international, est morcelée par de nombreuses localités où vivent des familles et des communautés israéliennes. L’existence de ces colonies, qu’Israël souhaite intégrer à son territoire, complique toute tentative de règlement du conflit.
Dans cette vidéo, sur la base de cartes, nous analysons la situation et détaillons les trois grandes raisons qui poussent des Israéliens à partir s’installer dans des colonies en Cisjordanie.
Il y a 2,8 millions de Palestiniens en Cisjordanie. Mais 475 000 Israéliens habitent aussi dans ce même territoire, qu’eux nomment la Judée-Samarie. Selon la communauté internationale, cette terre est palestinienne, mais des Israéliens ont pris le contrôle de certaines localités et y vivent : voilà ce que l’on appelle les colonies dans le cadre de ce conflit.
Une colonie peut s’étendre sur seulement quelques maisons, mais aussi prendre la forme d’une ville entière, avec une université, comme Ariel. Selon le droit international, elles sont illégales, mais le droit israélien en reconnaît un certain nombre. L’armée israélienne est d’ailleurs chargée de leur protection.
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(DENIS THAUST / CITIZENSIDE / AFP)
Alors que le plus grand massacre de Gazaouis, sans défense, est en cours par l’armée du criminel de guerre Netanyahou je viens de retrouver un article de mon blog daté du 2 Décembre 2014.
Michel Dandelot
L'Assemblée nationale a adopté mardi
la résolution sur la reconnaissance
de la Palestine avec 339 votes pour
et 151 contre.
L'Assemblée nationale a adopté la reconnaissance de l'Etat palestine, mardi 2 décembre, avec 339 votes pour et 151 contre. La quasi-totalité des élus de gauche a voté pour le texte, tandis que la grande majorité de l'UMP et de l'UDI a voté contre. On dénombre en outre 16 abstentions, alors que 68 députés n'ont pas pris part au scrutin.
Une résolution non-contraignante
pour le gouvernement
Le texte, qui sera également débattu le 11 décembre prochain au Sénat, n'est pas contraignant pour le gouvernement : la résolution invite simplement l'exécutif à "reconnaître l'Etat de Palestine en vue d'obtenir un réglement définitif du conflit".
Harlem Désir, secrétaire d'Etat aux Affaires européennes, a précisé la position du gouvernement lors des questions au gouvernement, peu avant le vote des députés. "La France soutient la solution de deux Etats, la France reconnaîtra donc l'Etat de Palestine, reste la question du moment et des modalités", a-t-il déclaré.
Le Parlement britannique, le Sénat irlandais et les députés espagnols ont récemment adopté des textes similaires à celui des élus socialistes, qui avait fait l'objet d'un débat à l'Assemblée nationale le 28 novembre dernier. A ce jour, 135 pays dont la Suède ont reconnu la Palestine.
Harlem Désir devant les députés : "Nous voulons un Etat de Palestine réel" - (LCP)
Trois questions pour comprendre le vote
à l'Assemblée sur la reconnaissance
d'un Etat palestinien
L'Assemblée nationale se prononce mardi sur une résolution non-contraignante invitant le gouvernement à reconnaître la Palestine.
Publié le 28/11/2014Le drapeau palestinien flottant devant le siège de l'Unesco, à Paris, le 13 décembre 2011. (JOEL SAGET / AFP)Après le débat qui a eu lieu vendredi 28 novembre, l'Assemblée se prononce mardi 2 décembre sur la résolution socialiste invitant à reconnaître l'Etat palestinien. Au moment où les Palestiniens tentent de faire avancer leur cause à l'ONU, ce texte à portée symbolique devrait être approuvé par une majorité de députés, sans le soutien de l'opposition.
Francetv info revient en trois questions sur cette démarche.
A quoi sert le vote de cette résolution ?
Le texte soumis au vote des députés, mardi, et qui sera également débattu au Sénat le 11 décembre, est une résolution non-contraignante pour le gouvernement. Ses auteurs invitent le gouvernement "à reconnaître l'Etat de Palestine en vue d'obtenir un règlement définitif du conflit" au Proche-Orient et jugent que "la solution des deux Etats, promue avec constance par la France et l'Union européenne, suppose la reconnaissance de l'Etat de Palestine aux côtés de celui d'Israël". S'il était adopté, le texte n'obligerait pas le gouvernement à effectivement reconnaître l'Etat palestinien, geste qui serait lui-même symbolique.
Mais cette démarche est de plus en plus envisagée comme un moyen de faire pression sur Israël pour relancer les négociations. "Le vote de cette résolution est éminemment symbolique, mais il peut en déclencher d'autres et permettre à François Hollande, en tant que chef de la diplomatie, de prendre des initiatives au niveau européen", a espéré le député Benoît Hamon dans une interview à Metronews.
Le Parlement britannique, le Sénat irlandais et le Congrès des députés espagnols ont récemment approuvé des textes similaires à celui proposé par les députés PS, et la Suède est devenue, le 30 octobre, le premier pays à reconnaître la Palestine, en étant membre de l'Union européenne. Le gouvernement a donné son aval à la démarche des parlementaires, mais "n'est pas lié" par leur décision, a rappelé le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius, qui plaide pour une reconnaissance "utile" à un règlement du conflit, et pas simplement symbolique.
En France, qui est pour et qui est contre ?
Le texte est présenté par les députés socialistes, mais une dizaine d'entre eux ne l'a pas signé, notamment Armand Jung, président du groupe d'amitié France-Israël, et le maire de Sarcelles (Val-d'Oise), François Pupponi, commune qui abrite une forte population de confessions juive et musulmane. A gauche, la résolution est soutenue par les écologistes et le Front de gauche, qui avaient déposé leurs propres textes.
La reconnaissance de la Palestine rencontre en revanche l'opposition d'une grande partie de l'UDI et de l'UMP, même si ce dernier parti répartira son temps de parole, vendredi, entre un orateur favorable et deux défavorables au texte. Principal argument du chef de file du groupe UMP, Christian Jacob : une telle question diplomatique relève du "domaine réservé de l'exécutif". En meeting, mardi, Nicolas Sarkozy a, lui, appelé à voter contre "une reconnaissance unilatérale quelques jours après un attentat meurtrier, et alors qu'il n'y a aucun processus de paix".
Enfin, le Front national est divisé sur la question : Gilbert Collard votera contre le texte mais Marion-Maréchal Le Pen a annoncé qu'elle l'approuverait. "Au FN, nous sommes pour la reconnaissance d'un Etat palestinien parce que nous estimons que cette reconnaissance donnera des droits, mais aussi des devoirs et des moyens pour lutter notamment contre le terrorisme" a-t-elle expliquée.
Quels pays ont déjà pris cette décision ?
Si elle reconnaissait la Palestine, la France ne serait pas minoritaire, loin de là. La Suède est devenue, fin octobre, le 135e Etat à le faire. La liste inclut la quasi-totalité des pays du Moyen-Orient, d'Asie, d'Afrique et d'Amérique du Sud, comme le montre cette carte du site Quartz, mais aussi un certain nombre de pays européens comme la Roumanie, la Hongrie ou la Pologne qui l'avaient reconnue avant leur entrée dans l'Union européenne.
Aujourd'hui 1er décembre 2023
qu'elles sont les dernières nouvelles
Proche-Orient : "La reprise des combats est la pire
des nouvelles", souligne le CICR
Frédéric Joli, porte-parole du Comité international de la Croix-Rouge, rapporte qu'à Gaza, "les hôpitaux ne peuvent pas tourner car il n'y a pas d'électricité".Publié le 01/12/2023 14:35La bande de Gaza est touchées par des frappes israéliennes le 1er décembre 2023. (JOHN MACDOUGALL / AFP)"La reprise des combats est la pire des nouvelles", déclare vendredi 1er décembre sur franceinfo Frédéric Joli, porte-parole du CICR (Comité international de la Croix-Rouge). Après une semaine de trêve marquée par la libération de 110 otages aux mains du Hamas, les combats ont recommencé ce vendredi matin dans la bande de Gaza. Les bombardements israéliens sur l'enclave ont repris, faisant des dizaines de morts, selon le ministère palestinien de la Santé.
Israël accuse le Hamas de ne pas avoir fourni de nouvelle liste d'otages devant être relâchés en échanges de détenus palestiniens, et d'avoir tiré une roquette sur Israël avant la fin de la trêve vendredi matin. "Les pharmacies centrales des hôpitaux sont quasiment vides. L'absence de carburant fait qu'il n'y a pas d'électricité et donc pas de désalinisation de l'eau potable. Les hôpitaux ne peuvent pas tourner car il n'y a pas d'électricité. C'est une situation absolument délirante et catastrophique", explique Frédéric Joli.
"Notre équipe chirurgicale à l'hôpital européen à Gaza ne fait que des amputations depuis des jours. Des amputations liées aux blessures infligées à nombre de civils, mais aujourd'hui ce sont aussi des amputations liées à des plaies qui n'ont pas été traitées. Des générations d'amputés se profilent sur Gaza". Concernant des éventuelles nouvelles libérations d'otages, Frédéric Joli assure que "le CICR est à disposition", mais "l'horreur est à nouveau sur Gaza, nous craignions la reprise des combats avec cette situation humanitaire catastrophique", conclut-il.
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Communiqué de l’AFPS
Et les droits du peuple palestinien ?
L’année 2023 marque les 75 ans de la Nakba, la catastrophe qui a vu 800 000 Palestiniens expulsés de leur terre par les milices sionistes puis par l’armée israélienne par la terreur, la violence suite à des massacres terribles où des dizaines de milliers de Palestinien-nes ont été assassiné-es.
Depuis 1948, la politique d’expulsion du peuple palestinien de sa terre dans le but de le remplacer par une population exclusivement juive n’a jamais cessé d’être mise en application par l’État d’Israël avec des périodes plus ou moins intenses.
La législation, les pratiques et les règlements mis en place dès 1948 par Israël vont toujours dans le même sens : restreindre l’accès des Palestiniens à la terre et à l’entrée sur le territoire, notamment en construisant le mur et en refusant le droit au retour des réfugiés palestiniens.
La guerre de juin 1967 déclenchée par Israël a marqué une nouvelle étape dans la dépossession des Palestiniens de leur terre. Elle a été suivie par l’installation de centaines de milliers de colons en toute illégalité au regard du droit international, colons qui s’installent sur des terres volées aux Palestiniens, transformant la Cisjordanie en une « peau de léopard » et empêchant toute continuité territoriale.
L’annexion de Jérusalem-Est marque aussi la volonté d’Israël de dépouiller les Palestiniens de tout, y compris de la capitale de leur État.
C’est un processus continu de dépossession et d’appropriation qui s’est accéléré depuis les années Trump et particulièrement depuis le début de l’année avec l’arrivée au pouvoir des suprémacistes juifs et des colons.
Gaza est le symbole le plus terrible et le plus massif de cette oppression et de cette domination systématique du peuple palestinien : en lui imposant une punition collective depuis 16 ans, avec le blocus inhumain et des guerres régulières subis par toute la population de Gaza. Israël a démontré qu’il ne souhaite absolument pas trouver une solution politique à l’oppression du peuple palestinien mais le maintenir sous son emprise en espérant que la question disparaisse comme par enchantement.
C’est oublier que le peuple palestinien a des droits, des droits nationaux, des droits sur sa terre, des droits humains fondamentaux dont il ne peut pas jouir, où qu’il se trouve, parce qu’Israël a mis en place un régime d’apartheid à son encontre.
Et tout cela est rendu possible pour une simple raison : la complicité des États alliés d’Israël et l’impunité dont cet État jouit depuis 75 ans pour les crimes qu’il n’a cessé de commettre ; 75 ans de violations du droit international et 75 ans d’impunité.
L’attaque génocidaire à laquelle se livre Israël depuis 55 jours sur la Bande de Gaza est dans la droite ligne du projet sioniste : remplacer le peuple palestinien sur sa terre. Les déclarations et annonces faites par plusieurs membres du gouvernement israélien sont sans aucune ambiguïté. C’est le même projet en Cisjordanie avec l’accélération du nettoyage ethnique et les attaques répétées contre les camps de réfugiés, les arrestations massives, le blocage des routes.
En ce 29 novembre 2023, journée de solidarité avec le peuple palestinien, le mouvement de solidarité est totalement mobilisé pour le cessez-le-feu immédiat et définitif mais bien évidement c’est à l’accomplissement de ses droits que le peuple palestinien aspire. C’est sur cet accomplissement que se porte notre mobilisation : campagne BDS, campagne pour le démantèlement du régime d’apartheid, pour la libération des prisonniers, contre la colonisation et l’occupation, pour le droit au retour des réfugiés palestiniens et la fin de l’impunité d’Israël.
Il n’y a de solution que politique et il n’y aura pas de paix sans justice, sans égalité des droits. Le peuple palestinien a droit à l’autodétermination. Avec l’ensemble de nos partenaires, nous nous mobiliserons jusqu’à ce qu’il y parvienne.
Le Bureau national de l’AFPS
Le 29 novembre 2023
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Mort de Thomas : aux origines
racistes du mot « ratonnade »
Ce terme raciste prend racine dans le contexte colonial de la France en Algérie, comme l’explique Sylvie Thénault, chercheuse au CNRS et auteure des «Ratonnades d’Alger».
« Ratonnades », « tentatives de ratonnade »… Le terme est régulièrement employé sur les réseaux sociaux et dans les médias, notamment pour qualifier la descente de groupes d’extrême-droite dans le quartier de la Monnaie, à Romans-sur-Isère, après la mort de Thomas, 16 ans, poignardé dans la nuit du 18 au 19 novembre, après le bal de Crépol (Drôme). Mais quelles sont les origines de ce mot, défini dans le Robert comme une «expédition punitive ou brutalités exercées contre des Maghrébins» ?
Sa racine vient du mot « raton » qui a plusieurs significations : un jeune rat, un enfant « entraîné à voler » ou une insulte raciste désignant un Maghrébin. Et c’est de ce dernier sens, issu de l’argot français, qu’est née la « ratonnade », dans le contexte colonial de la France en Algérie.
Sylvie Thénault, chercheuse au CNRS qui a écrit « Les Ratonnades d’Alger », date la première apparition du mot à l’écrit en 1958 pour désigner les violences de colons français en Algérie. À partir de 1961, la « ratonnade » renvoie aux expéditions punitives de la police française sur des Algériens, mais cette fois, à Paris. Et son sens évolue, devenant désormais « une violence physique exercée à l’encontre d’une minorité ethnique, initialement de personnes nord-africaines en France ».
Mais la chercheuse souligne aussi que, si le terme «ratonnade» peut être employé pour nommer ces violences, il peut aussi permettre de les dénoncer. C’est en ce sens qu’il est notamment utilisé dans « Ratonnades à Paris » de Paulette Préju, relatant le massacre du 17 octobre 1961 à Paris.
Cliquez sur le lien ci-dessous pour voir la vidéo du quotidien Le Parisien
(PS) Avant la vidéo il y a une pub. Après la vidéo il y a une pub entre d'autres vidéos sur le même sujet vous arrêterez quand vous le souhaiterez.
"Tentative de ratonnade" après
la mort de Thomas : mais d'où vient
ce terme ?
Des élus de gauche avaient dénoncé des "ratonnades" de l’ultradroite en 2022 après la victoire des Bleus face au Maroc à la Coupe du monde. (Photo by Julien Mattia/Anadolu Agency via Getty Images) (Anadolu Agency via Getty Images)
Des identitaires néonazis ont organisé une descente à Romans-sur-Isère après le décès de Thomas. Une "tentative de ratonnade" estime la gauche. Mais à quoi ce mot fait-il référence ?
80 individus ont tenté, ce samedi 25 novembre, d’entrer dans le quartier de la Monnaie, à Romans-sur-Isère, pour "venger la mort de Thomas", tué par arme blanche lors d’un bal communal. Certains de ces individus appartiennent à des groupuscules néo-nazis, comme l’indique le média indépendant StreetPress. Cagoulés, armés de bâtons, de barres de fer et de mortiers d'artifice, ces militants d'extrême droite ont défilé en scandant des slogans racistes. "Islam hors d’Europe", "La rue, la France, nous appartient"... Une expédition punitive commanditée par un dénommé "Gros lardon", toujours selon StreetPress, qui n’aura finalement pas abouti.
"80 individus ont tenté d’envahir le quartier de la Monnaie à Romans-sur-Isère en fin de journée, a annoncé la préfecture de la Drôme sur X. Grâce à la mobilisation de la police et de deux unités de force mobiles, 20 interpellations dont 17 gardes à vue ont pu être réalisées". La descente de cette centaine d'individus a été qualifiée de "ratonnade" par la gauche. "Le défilé de l'ultradroite à Romans-sur-Isère était une tentative de ratonnade", assure notamment Manuel Bompard, coordinateur de La France insoumise, au micro d'Europe 1. Mais d'où vient ce terme ?
Quelle signification ?
Une "ratonnade" est un terme péjoratif utilisé pour désigner une agression ou une série d'agressions violentes dirigées contre des personnes en raison de leur origine ethnique, souvent associée à des groupes d'immigrants nord-africains. Le terme est spécifiquement utilisé en France et tire son origine du mot "raton", qui est un terme argotique et dépréciatif pour désigner les Nord-Africains, en particulier les Algériens. Les ratonnades sont généralement perpétrées par des groupes extrémistes ou des individus ayant des idéologies racistes ou xénophobes.
Ces actes de violence sont donc motivés par la haine raciale, mais aussi par les tensions politiques ou les réactions à des événements spécifiques. "C’est une vieille expression qui a aujourd’hui une dimension dénonciatrice et antiraciste, même si elle peut aussi être revendiquée par l’extrême droite pour se vanter de ses actions violentes à l’égard des Arabes ou des Nord-Africains", expliquait l'historienne Sylvie Thénault à Libération.
Le massacre du 17 octobre 1961
Les premières ratonnades en France ont eu lieu dans les années 1950, lors de la guerre d'Algérie. Toujours selon Sylvie Thénault, le mot est utilisé à l'écrit pour la première fois en 1958 pour désigner des violences commises par les Français d’Algérie sur les Algériens lors des obsèques du leader de l’Algérie française Amédée Froger, assassiné par les nationalistes. Dans la nuit du 17 au 18 octobre 1961, des milliers d'Algériens manifestent pacifiquement à Paris contre l'instauration d'un couvre-feu décrété par le préfet de police uniquement pour les "Français musulmans d’Algérie".
Des manifestants algériens défilent devant la police parisienne lors d'une manifestation pacifique, à Paris, le 17 octobre 1961 (Gamma-Keystone via Getty Images) (Gamma-Keystone via Getty Images)
Mais la manifestation vire rapidement au drame. Dès le début du rassemblement, les policiers chargent, matraquent, tuent et jettent dans la Seine de nombreuses victimes dans un terrible déchaînement de violence. Lors de cette nuit sanglante, au moins 12 000 Algériens ont été arrêtés, et au moins 120 tués. Cette date marque l'apogée des violences et de la répression policières perpétrées contre l'immigration algérienne en France durant la guerre d'indépendance.
Un précédent en 2022
Plus récemment, à la fin du mois de décembre 2022, plusieurs élus de gauche avaient dénoncé des "ratonnades" de l’ultradroite lors des célébrations de la qualification de l'équipe de France de football pour la finale de la Coupe du monde après la victoire face au Maroc. "On nous a signalé à plusieurs endroits ce qui pourrait s’apparenter à des ratonnades contre des supporteurs de l’équipe marocaine", déplorait sur Public Sénat la cheffe du groupe LFI à l’Assemblée nationale, Mathilde Panot.
Lyon : des militants de l'ultra droite arpentent les rues pour violenter des supporters du Maroc avant d'être chassés du centre-ville par la police. Peu après, des scènes de violences urbaines éclatent avec notamment de nombreux incendies volontaires et des jets de projectiles sur les forces de l'ordre. Au moins 7 interpellations ont été menées, dont 2 d'individus soupçonnés d'avoir participé à l'agression menée par l'extrême droite.
Au total à Paris, 110 mesures de gardes à vue avaient été prises, essentiellement pour "violences sur personne dépositaire de l’autorité publique, participation à un groupement en vue de commettre des violences ou des dégradations, détentions d’engin explosif, port d’arme et embuscade", précisait le parquet de Paris. Parmi les personnes interpellées figuraient quarante personnes proches de l’ultradroite qui s’apprêtaient à rejoindre les Champs-Élysées pour en découdre.
SOURCE "Tentative de ratonnade" après la mort de Thomas : mais d'où vient ce terme ? (yahoo.com)
Ces ratonnades sanglantes que Marseille
a préféré oublier
C'est une période que Marseille a préféré oublier : il y a 45 ans, une série de ratonnades meurtrières ensanglantent la ville, où persiste la nostalgie de l'Algérie Française. Chercheurs et militants tentent aujourd'hui de sortir ces faits de l'oubli.
"On vivait dans la terreur" : attablé à un café du Vieux-Port, Saïd Benmakhlouf, 80 ans, se souvient de 1973 avec émotion. "On avait des menaces tous les jours. Avant de rentrer chez moi, je faisais le tour cinq fois en voiture", poursuit le "chibani", immigré aujourd'hui à la retraite.
Responsable de l'Amicale des Algériens en Europe, il avait déploré cette année-là l'assassinat d'une quinzaine de compatriotes, rien qu'à Marseille. Tout commence fin août, par l'assassinat, en pleine journée, d'un traminot marseillais, tué à coups de couteau par un déséquilibré algérien. Dès le lendemain, l'opinion publique est chauffée à blanc.
"Assez de voleurs Algériens, de casseurs Algériens, de fanfarons Algériens, de proxénètes Algériens, de syphilitiques Algériens, de violeurs Algériens, de fous Algériens", clame un éditorial du Provençal. L'auteur, Gabriel Domenech, deviendra par la suite député Front National.
"C'était un appel assez clair aux expéditions punitives. Très vite, ça prend dans les consciences et très vite, on a un ou deux Arabes morts par jour", relate la sociologue Rachida Brahim.
- "Campagne de haine" -
La chercheuse a décompté 16 assassinats de nord-africains en 1973 dans la cité phocéenne, la plupart restés impunis. A l'époque, le caractère "raciste" n'est pris en compte ni par la loi, ni a fortiori par la police.
Un jeune de 16 ans, Ladj Lounef, tué de trois coups de feu dans les quartiers Nord, un père de quatre enfants agressé à la hache au bord d'une voie ferrée, un Algérien de 37 ans, Saïd Aounallah, fauché de trois balles de 22 long rifle à l'entrée de l'autoroute... Les violences culmineront avec un attentat à la bombe, le 14 décembre, au consulat d'Algérie: quatre morts et 18 blessés.
Une décennie après les accords d'Evian, sur fond de tension diplomatique extrême, "la guerre d'Algérie se rejoue un peu dans ces années-là", analyse Rachida Brahim. A l'époque, 40.000 Algériens logés dans des HLM en périphérie, côtoient environ 100.000 pieds-noirs rapatriés à Marseille.
Un "comité de défense des Marseillais", ouvertement raciste, est fondé, et M. Benmakhlouf verra ses compatriotes faire leurs valises, prêts à quitter la France en catastrophe. Rares sont ceux qui défendent les Algériens: une fraction de la gauche, dont des maoïstes, certains syndicats et une partie de l'Eglise...
- Question coloniale -
Début 2018, une association, Mémoire et réconciliation, a pris l'initiative d'apposer une plaque commémorant l'attentat du consulat. L'enjeu? "Que nul n'oublie cette part douloureuse de l'histoire de l'immigration algérienne", peut-on y lire.
Mais au-delà des proches des victimes, de l'ambassadeur et de quelques élus locaux, son inauguration n'a pas attiré les foules. "Le pire, c'était l'absence de l'État", regrette Fazia Hamiche, la présidente de l'association.
"Personne n'a de voix à gagner à parler de ces choses-là", constate Saïd Ben Makhlouf. "Ces crimes racistes, même les Algériens ne s'en souviennent pas", ajoute la sénatrice PS Samia Ghali, l'une des rares élues présente.
La mémoire de cette période "a souffert de l'effet de souffle de mai 1968 : les préoccupations sont celles de la révolution, du socialisme", analyse l'historien Benjamin Stora, interrogé par l'AFP: "La question coloniale semble alors archaïque, réglée par l'indépendance de l'Algérie".
A posteriori, l'année 1973 "apparaît comme un tournant, celui de la libération du racisme ordinaire", sur fond de crise économique, juge l'historien Yvan Gastaut, l'un des premiers à s'être intéressé à cette période.
Depuis cette époque, cette violence ressurgit "par éclipses" à Marseille, comme en 1995 avec l'assassinat d'Ibrahim Ali, 17 ans, par des colleurs d'affiches du FN. "La presse s'est désormais assagie", constate-t-il, mais la parole raciste se retrouve désormais facilement sur les réseaux sociaux.
Les ratonnades de 1973, révélatrices
d’une fracture historique à Marseille
Pour la première fois, une plaque commémore l'attentat du consulat d'Algérie en 1973 à Marseille. Cet évènement meurtrier intervient au cœur d'une période de grande tension où les crimes racistes impunis se succèdent. Analyse d'un impensé français avec la sociologue Rachida Brahim.
Dimanche 28 janvier 2018, pour la première fois, une plaque commémorant l’attentat du consulat algérien, survenu en décembre 1973 a été apposée sur l’ancienne façade de l’institution. Discrète, la cérémonie a réuni l’ambassadeur d’Algérie, des représentants de la mairie de secteur, de la Ville et du conseil régional, ainsi que des victimes et témoins de l’attentat.
Les responsables des crimes : les anciens nostalgiques de l’oas et de l’algérie française ou leurs descendants ?
Marseille « capitale de la culture » ? Il y a quarante-cinq ans, les journaux titraient «capitale du racisme». En 1973, la cité phocéenne a connu l'une des pires flambées de racisme qui a pu exister dans l'histoire de France au XXe siècle.
Un racisme ciblé sur l'Algérien, le mot de tous les maux. Salah Bariki, un français d’origine algérienne arrivé en 1962 dans les bidonvilles de la cité phocéenne, a accepté de raconter sa vision et son ressenti des années 70. A cette époque, il était d'ailleurs responsable de l'Amicale des jeunes Algériens, rue Saint-Jacques dans le 6e arrondissement.
Un racisme qui répond à la crise économique
Depuis 1962 et ce durant dix années (1962-1973), les flux migratoires n'ont cessé de s'intensifier, Marseille devenant un point de passage, voire d'ancrage de l'immigration. Une population constituée d'une forte communauté maghrébine et notamment algérienne, ce depuis la décolonisation. Salah évoque ce contexte particulier : « c'était le début de la crise économique, l'arrivée de Giscard qui voulait renvoyer les Algériens chez eux, l'Algérie qui voulait récupérer ses immigrés, au moins en parole. C'était aussi un moment de transition très difficile répondant au mythe du retour : nos parents qui étaient arrivés dans les années 60 n'étaient toujours pas rentrés au pays ». Depuis le début des années 70, il y a un développement du racisme, notamment contre les nord-africains. Selon Gérard Noiriel, historien et directeur d'études à l'EHESS, ce racisme anti-algérien a surtout été alimenté « par les nostalgiques de l'Algérie française ».
La haine de l’Algérien dans la presse locale
C'est à l'été 1973 que les violences racistes vont connaître leur apogée et notamment à Marseille. Le 25 août, un déséquilibré algérien assassine un traminot. Ce fait divers va embraser la ville et attiser la haine de l'Algérien. Le rédacteur en chef du quotidien des droites marseillaises Le Méridional, Gabriel Domenech, avait titré, au lendemain du drame : « Assez, des voleurs algériens, assez des casseurs algériens, assez des fanfarons algériens, assez des trublions algériens, assez des syphilitiques algériens, assez des violeurs algériens, assez des proxénètes algériens, assez des fous algériens, assez des tueurs algériens (…) ». En 1986, Gabriel Domenech est élu député FN.
Campagne anti-immigrés par la Droite
Un écrit qui résonne pour certains comme un appel à la ratonnade. Un Comité de défense des Marseillais se constitue au lendemain du drame afin « d'assurer la sécurité des Français » et appele à manifester « contre l'immigration sauvage », le 29 août (manifestation interdite par la Préfecture). Un comité qui, domicilié à la même adresse que le mouvement fasciste « Ordre Nouveau », n'a sûrement pas calmé les ardeurs. Les déclarations racistes émanant de divers groupes politiques de droite se succèdent. Du côté de l'Union des jeunes pour le progrès (UJP) des Bouches-du-Rhône, on a proposé d' « éliminer la pègre nord-africaine et antifrançaise ». Les Comités de défense de la République (CDR), gaulliste, réclament « la peine de mort pour l'assassin ». Pour calmer les ardeurs, Mgr Etchegarray a fait une déclaration au journal de 20 heures, le 27 août, la veille du tramoinot, appelant à la raison de chacun. Un appel au calme pas assez fort pour être entendu puisque une vague de violence s'installe dans la cité. Selon Gérard Noiriel, « des appels à la ratonnade sont suivis par le mitraillage de plusieurs foyers Sonacotra et des bidonvilles ». Salah ne se souvient pas de ces épisodes mais ce qu'il peut expliquer, « c'est qu'on a appris bien plus tard que la plupart des foyers Sonacotra était dirigée par des anciens paras et des gens de l'OAS ».
L’amalgame
Dans la nuit du 28 au 29 août, un Algérien, Lounès Ladj, est abattu à la sortie d’un café tandis qu’au même moment, un cocktail Molotov est jeté dans une entreprise de nettoyage, à la Ciotat, où travaillaient majoritairement des Algériens. Le 31 août, les travailleurs de la Ciotat entrent en grève pour dénoncer ces attentats xénophobes. C’est le Mouvement des travailleurs arabes (MTA) qui prend le relais de cette solidarité en lançant un appel à la grève générale contre le racisme, le 3 septembre. Un mouvement qui sera honoré par au moins 20.000 travailleurs de la région marseillaise et qui s’étendra aux départements. La marche funèbre, en hommage à Lounès Ladj, le 1er spetembre, réunit des centaines de personnes. Un cortège funèbre traverse la ville en sa mémoire.
La passivité politique
De l’autre côté de la méditerranée, le président Houari Boumédienne, regrettant l’inertie des pouvoirs publics et notamment du président Georges Pompidou, décide de suspendre l’émigration algérienne vers la France, dès le 20 septembre. Salah se souvient : « Boumédienne a dit clairement que les Algériens devaient rester chez eux même s’ils mangeaient de la pierre ». Une histoire de sécurité tout autant que de dignité et de symbole. L’ambassadeur d’Algérie en France dénonce la complaisance de Gaston Defferre, alors maire de Marseille (et ensuite ministre de l’Intérieur de François Mittrerrand), et la passivité de la police. L’interruption de l’immigration de travail a su calmer cette fièvre raciste qui avait envahi le sud de la France. Mais le 14 décembre 1973, un attentat au consulat d’Algérie de Marseille fait quatre morts et vingt blessés. Il est revendiqué par le groupe Charles Martel dont les liens avec l’extrême droite et des anciens membres de l’OAS ne faisaient aucun doute. 3000 personnes, selon l’INA, mais dix fois plus se souvient Salah, se réunissent pour manifester leur indignation : « Je me souviens, j’avais dans la main un mégaphone, je voyais des gens à l’infini ». Le mutisme des partis de gauche est total. Au 31 décembre, l’ambassadeur d’Algérie en France avait recensé 50 Algériens tués et près de 300 blessés sur la seule année 1973.
Quarante-cinq années sont passées, et selon l’historien Yvan Gastaut, « le racisme semble être un comportement toujours présent dans notre société. Sa flamme […] se rallume dès qu’un problème apparaît ». L’immigration a été la réponse à tous les problèmes d’ordre social, économique et politique. Jusqu’à quand ?
« La nuit des paras » à Metz, un épisode tragique
de la guerre d’Algérie en Lorraine
Trois mois avant le massacre du 17 octobre 1961 à Paris, une « ratonnade » s’est produite en juillet 1961 en Lorraine
Il y a soixante ans
la « nuit des paras » à MetzIl y a 60 ans, dans la nuit du 23 au 24 juillet 1961, des parachutistes se livrèrent à Metz à une violente et meurtrière chasse au faciès à l’encontre des Algériens immigrés. Leur régiment de chasseurs parachutistes, le 1er RCP, après avoir joué un rôle majeur dans les disparitions forcées et les tortures durant la grande répression d’Alger en 1957, avait été rapatrié en Lorraine après sa participation au putsch militaire manqué d’avril 1961. Précédant de quelques mois le massacre d’octobre 1961 à Paris, cette « nuit des paras » resta impunie et elle est encore aujourd’hui très peu connue. Ci-dessous un article récent du Monde et d’autres ressources sur un événement, que l’association Collectif 1961, qui organise une conférence de l’historienne Raphaëlle Branche le samedi 24 juillet 2021 à Metz, travaille à faire connaître.
Les 23 et 24 juillet 2021, l’association Collectif Juillet 1961
rend hommage aux victimes de la nuit du 23 et 24 juillet 1961 à Metz23 juillet 1961 :
60 ans après, le travail de mémoire continueIl y a soixante ans, dans la nuit du 23 juillet au 24 juillet 1961, la ville de Metz a été le théâtre d’un épisode sanglant et pourtant méconnu de la guerre d’Algérie. Pendant toute une nuit et une journée, 400 paras du 1er régiment de chasseurs parachutistes (1er RCP), stationné à Metz, mènent une véritable « chasse à l’homme », depuis la gare SNCF jusqu’au quartier du Pontiffroy, visant les Algériens qui y vivaient en grand nombre. Officiellement, le bilan est de quatre morts et 27 blessés ; les victimes seraient bien plus nombreuses selon les multiples témoins de l’époque.
À l’origine de cette expédition punitive du 1er RCP, une rixe intervenue dans la soirée du 23 juillet au dancing le Trianon, à Montigny-lès-Metz, qui a opposé une quinzaine de paras à des clients algériens ; quatre personnes sont tuées. Outre les nombreuses victimes, un marchand ambulant est molesté et jeté dans la Moselle, au pont Saint-Georges.
Le Collectif Juillet 1961 rendra hommage les 23 et 24 juillet prochain à la mémoire des victimes de cette nuit meurtrière, appelée « nuit des paras », à Metz :
Le vendredi 23 juillet :
17h30 dépôt d’une gerbe à Montigny-lès-Metz, devant l’ancien dancing Le Trianon, 39 rue de Pont-à-Mousson.
Début d’une déambulation artistique avec lectures de dialogues de Didier Doumergue donnant la parole à des acteurs de ces évènements tragiques.
Première lecture, devant l’ex-Trianon ; Deuxième lecture, sur le parvis de la gare de Metz ; Troisième lecture, sur le Pont-Saint-Georges.19h dépôt d’une gerbe et dévoilement d’une plaque commémorative au pont Saint-Georges.
Le samedi 24 juillet :
18h - Salle Capitulaire des Récollets :
Rencontre et dialogue avec Raphaëlle Branche, historienne, autour de son livre Papa qu’as-tu fait en Algérie ?Le dimanche 23 juillet 1961, des centaines de militaires favorables à l’Algérie française déferlent dans la ville lorraine en ciblant les travailleurs algériens. Des documents inédits aident à retracer le scénario de ces violences oubliées.
L’affaire remonte à l’été 1961, à Metz. A l’époque, Tahar Hocine habitait le quartier de Pontiffroy, « la médina » messine comme le désignaient certains habitants. Agé de 36 ans, il tenait un restaurant, La Ville d’Alger, au 39, rue du Pontiffroy, et louait des chambres à des compatriotes. Environ deux mille Algériens vivaient alors dans le secteur, un dédale miséreux composé de vieilles bâtisses, le plus souvent sans eau ni électricité.
Jusqu’à la démolition du quartier, à partir de 1968, cette main-d’œuvre venue en nombre après la seconde guerre mondiale occupait des chambres sans confort, de minuscules garnis, meublés de trois fois rien : un lit, une chaise, avec les toilettes et le lavabo sur le palier. Ces travailleurs sous-payés étaient employés comme manœuvre dans les usines de la région.
Le dimanche soir 23 juillet 1961, ils sont une dizaine – peut-être un peu plus, M. Hocine ne se souvient plus très bien – qui profitent de cette fin de journée estivale à La Ville d’Alger. Vers 23 heures, l’un des employés revient du cinéma Le Palace, apeuré. « Il avait vu les paras qui cassaient tout, poursuivaient les Arabes et se dirigeaient vers le quartier », raconte l’ancien restaurateur, aujourd’hui âgé de 86 ans.
A ce moment, il ne le sait pas encore, mais une nuit de terreur vient de commencer à Metz. Des militaires français, des « paras » basés à Metz, déferlent par centaines sur la ville et se déchaînent sur la population algérienne. Cette flambée de violence a pour prétexte une vengeance née d’une bagarre meurtrière : mais elle a pour arrière-fond la rancœur ramenée d’Algérie par des hommes frustrés d’une victoire qu’ils croyaient acquise, et d’une cause perdue – celle de l’Algérie française.
SOURCE : https://histoirecoloniale.net/Il-y-a-soixante-ans-la-nuit-des-paras-a-Metz.html
La Nuit des paras à Metz :
enquête sur une ratonnade
Metz a vécu des heures sanglantes, les 23 et 24 juillet 1961 : après une rixe qui a mal tourné, 300 parachutistes du 1er RCP mettent les quartiers arabes à sac. Un webdocumentaire retrace ces événements tragiques et occultés.
Quatre morts et 27 blessés selon les sources officielles, cinquante blessés et un nombre de morts bien supérieur, selon de nombreux témoignages : quelle que soit la vérité, l’expédition punitive, la ratonnade menée dans la nuit du 23 juillet puis le 24 juillet 1961, à Metz, par quelque trois cents parachutistes est un épisode dramatique de notre histoire récente. Un épisode pourtant largement méconnu qu’un webdocumentaire, La Nuit des paras, propose désormais de découvrir.
Eté 1961 : la fin de la guerre d’Algérie est proche. Alors que l’épilogue semble écrit et l’indépendance inévitable, les antagonismes s’accusent. En Lorraine, ils « sont particulièrement vifs », explique Laura Tared, enseignante, historienne et coauteur, avec Jean-Baptiste Allemand, diplômé en webjournalisme de l’université de Metz, de La Nuit des paras. Si les tensions y sont exacerbées, c’est d’abord parce que la Lorraine est une terre d’accueil pour les populations algériennes.
C’est aussi parce que des liens anciens et profonds existent entre Lorrains et populations européennes d’Algérie, dont une partie s’est installée de l’autre côté de la Méditerranée après la perte de l’Alsace-Moselle, en 1871. Pour ceux qui sont restés, ces colons symbolisent le refus de l’annexion. Des cousins exilés dont on se sent naturellement solidaires.
Coups de feu
« S’ajoute à cela, l’installation récente en ville d’un régiment de paras, jusqu’alors basé à Philippeville (actuelle Skikda, NDLR) », raconte Laura Tared, auteure d’une thèse de doctorat sur la guerre d’Algérie en Lorraine. Ces 2 500 soldats appartiennent au 1 er régiment de chasseurs parachutistes (1 er RCP). Trois mois plus tôt, ils ont pris une part active au putsch des généraux, à Alger. Saqués, ils ont été renvoyés en métropole. Beaucoup sont amers et veulent en découdre. Un comble : ils atterrissent à Metz, ville-garnison qui compte une très forte communauté maghrébine. Ce mélange instable n’attend dès lors qu’une étincelle pour exploser.
Celle-ci survient dans la soirée du 23 juillet, au dancing Le Trianon, rue de Pont-à-Mousson, à Montigny-lès-Metz. Les témoignages divergent sur l’origine de la rixe qui oppose une quinzaine de paras et des clients maghrébins. « Les premiers auraient cherché querelle à un client, ne supportant pas qu’il danse avec une " blanche "», rapporte l’historienne messine.
Mal leur en a pris. Ce dernier, probablement militant FLN, est armé. Il fait feu et s’enfuit. Selon les sources, il y aurait eu entre deux et une quarantaine de coups de feu. Ce qui est certain, c’est que deux hommes tombent : le barman et l’un des paras, abattu devant le temple protestant alors qu’il poursuit le tireur. La fureur gagne les militaires. Un sous-officier monte sur une table et sonne l’hallali. Ils sont d’abord quelques dizaines, puis 300 « lâchés » sur la ville à la recherche de « tout ce qui est bronzé ».
Un attentat ?
Les violences, dans le quartier de la gare d’abord, puis au Pontiffroy, vont durer une bonne partie de la nuit. Elles se poursuivront le lendemain, de façon sporadique. Les victimes sont traquées jusque dans les entrées d’immeubles pour être tabassées. Un marchand ambulant est molesté et jeté à la Moselle au pont Saint-Georges. À la gare, un Italien qui débarque en Lorraine est roué de coups. Sa seule faute : avoir le teint un peu trop mat… Les dégâts matériels sont également importants. Rétrospectivement, on pense aux violences survenues à Paris, le 17 octobre de la même année.
Finalement, les autorités civiles et la police militaire ramèneront le calme au bout de trente-six heures en faisant boucler le quartier maghrébin « pour le protéger ».
11 000 arrestations
L’enquête qui suit est de très grande ampleur : « Près de 11 000 arrestations à Metz mais aussi dans les vallées de l’Orne, de la Fensch et en Moselle-Est. Le but était de porter un coup fatal au FLN… »
Les résultats sont au rendez-vous avec, notamment, l’arrestation, en août, de trois militants algériens, auteurs présumés de ce qui est, entre-temps, devenu « l’attentat du Trianon ».
Les chasseurs parachutistes, eux, seront simplement consignés au quartier pendant quarante-huit heures.
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Paix en Palestine : des marches
partout en France ce 2 décembre pour
un cessez-le-feu permanent
Le rendez-vous est donné ce samedi 2 décembre 2023 pour des marches partout en France pour exiger un cessez-le-feu immédiat au Proche-Orient. À Paris, le rendez-vous est donné Place de la République à partir de 14 heures. Ces mobilisations pour la paix sont organisées à l’appel d’une centaine d’organisations.
À Gaza, après 48 jours de crimes de guerre commis par l’armée israélienne, l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens, l’UNRWA, décrit une « dévastation catastrophique ». La trêve des bombardements permet de réaliser l’ampleur des destructions. Quelques chiffres doivent être rappelés. 15 000 Palestiniens ont été tués, dont 6 000 enfants. Plus d’1,7 million de Palestiniens ont été déplacés. Au moins 67 700 bâtiments ont été détruits. Plus de 206 écoles ont été détruites ou endommagées. Plus de 20 hôpitaux ont été rendus hors service par les bombardements. L’armée israélienne a largué 40 000 tonnes d’explosifs depuis le 7 octobre.
En France, la position d’Emmanuel Macron demeure illisible. Depuis deux semaines, la cacophonie est totale. Les rassemblements pour la paix et un cessez-le-feu immédiat en Palestine, qui ont déjà réuni des centaines de milliers de personnes depuis le 7 octobre, seront l’occasion de lui rappeler la position du peuple français.
Depuis le 7 octobre les mots d’ordre n’ont pas changé leur urgence non plus : cessez-le-feu immédiat et permanent en Palestine, arrêt des bombardements et des déplacements forcés de la population, levée immédiate du blocus, protection du peuple palestinien à Gaza et en Cisjordanie, condamnations de tous les crimes de guerre, construction d’une paix juste et durable en Palestine, en accord avec les résolutions de l’ONU pour que les droits des Palestiniens soient enfin reconnus.
À Gaza, après 48 jours de crimes de guerre, l’ONU décrit une « dévastation catastrophique »
La rapporteuse spéciale de l’ONU, Francesca Albanese avait poussé un coup de gueule : « Les Palestiniens de Gaza n’ont nulle part où aller. S’il vous plaît, imaginez ce que c’est d’avoir 2,2 millions de personnes vivant dans 300 kilomètres carrés qui est bombardé du nord au sud. Où est-ce que ces gens peuvent-ils aller ? Il n’y a pas d’endroits sûrs. Ces gens sont piégés et ils sont en train d’être tués ! C’est ce qu’Israël est en train de faire ! Lisez leurs déclarations, il y a une logique génocidaire qui est en cours à Gaza ! ».
Face à cette situation et malgré la courte trêve en cours, un cessez-le-feu immédiat et durable dans la région est encore une lointaine réalité au regard des déclarations guerrières du criminel de guerre Benjamin Netanyahou. C’est pourquoi, plus de 100 organisations appellent à marcher ou à se rassembler partout en France, pour demander la paix et le cessez-le-feu permanent en Palestine. À Paris, une grande marche pour la paix est annoncée au départ de la place de la République, samedi 2 décembre à 14 heures.
En Palestine, la position de Macron toujours illisible
Pour rappel, au Conseil de Sécurité de l’ONU, la France a d’abord refusé de voter en faveur d’un cessez-le-feu. En visite en Israël, Emmanuel a également témoigné de son soutien à l’État hébreu, le 24 octobre. 30 jours après le début des crimes de guerre de l’armée israélienne contre Gaza, menés suite aux crimes de guerre du Hamas, Emmanuel Macron a appelé à « œuvrer pour un cessez-le-feu » au Proche-Orient.
Dans un entretien accordé à la BBC le 9 novembre, Emmanuel Macron a «exhorté Israël à cesser» les bombardements sur les civils de Gaza. Face au tollé du côté des dirigeants israéliens, le chef de l’État a sorti son téléphone pour discuter avec le président d’Israël, Isaac Herzog. L’Élysée a souligné une nouvelle fois « le droit d’Israël à se défendre » (FranceInfo). Ou comment changer d’avis selon son interlocuteur. Une position illisible, qui a ridiculisé la France sur la scène internationale et lui a fait perdre toute sa crédibilité pour peser dans la résolution de ce conflit.
Autre preuve de la perte d’autorité du Président de la République, qui découle de ses voltefaces : par une tribune publiée le 25 novembre, 18 diplomates ont appelé à revoir la ligne diplomatique de la France au Proche-Orient, à rebours des positions de l’exécutif.
La ministre des Affaires étrangères, Catherine Colonna, est la dernière à avoir porté la voix de la France sur le sujet. Elle a déclaré ce dimanche : « La France considère qu’il faut une pause durable, une trêve qui permette d’aboutir à un cessez-le-feu », avec à la clé « la libération de tous les otages ». Sans aucun doute, la libération en cours des otages et la trêve des bombardements sont deux nouvelles dont il faut se réjouir. « La trêve des bombardements est une respiration qu’il faut mettre à profit pour rendre possible le cessez-le-feu complet et la libération de tous otages, des enfants détenus et de tous les prisonniers politiques ».
Depuis ses dernières déclarations, le chef de l’État se fait plus discret. Une façon de faire oublier son absence de position claire sur la guerre au Proche-Orient ? Dernièrement, il s’est dit « extrêmement heureux » concernant la libération de trois mineurs franco-israéliens, sans dire un mot de l’urgence du cessez-le-feu permanent.
Les rassemblements pour la paix et un cessez-le-feu immédiat en Palestine, qui ont déjà réuni des centaines de milliers de personnes depuis le 7 octobre, seront l’occasion de lui rappeler la position du peuple français.
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Le Pen - Netanyahou " kif kif bourricot"
concernant la réécriture de l'Histoire
Netanyahou : « La fin du rêve
sioniste » de Jean-Pierre Filiu
À 92 ans, Jean-Marie Le Pen le jour de son mariage le samedi 16 janvier 2021
Dans combien de temps ce criminel de guerre
sera-t-il jugé ?
Comme Le Pen (père) qui avait dit «les chambres à gaz sont un point de détail de l'histoire de la Seconde Guerre mondiale » Netanyahou a, lui aussi, essayé de réécrire l’Histoire de la seconde guerre mondiale en déclarant « qu’Hitler n’avait jamais eu l’idée de gazer les juifs d’Europe », vous comprendrez cette igoble histoire en visualisant la vidéo ci-dessous.
Dire que cette interview date d’il y a 4 ans ! Alors qu’elle est en pleine dans l’actualité. Il faudrait diffuser cet échange partout pour qu’un maximum de personnes puissent en prendre connaissance et mieux analyser les malheureuses et terribles tragédies récentes. Je suis tout aussi triste quand une vie est perdue à cause des atrocités quel que soit le côté de la frontière, une vie vaut une autre vie à mes yeux ... pitoyable monde ...
Michel Dandelot
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27 novembre 2023
Jean Asselmeyer,
Réalisateur ce 26 novembre 2023,
Madame, Monsieur,
Chèr(e) ami(e)
Par la présente je me permets d’attirer votre attention sur les difficultés du film que je termine, avec Sandrine-Malika Charlemagne, consacré à Gilberte et William Sportisse « Un couple des combats, Deux vies pour l’Algérie »
Commencé en 2015, il évoque un couple de militants qui en 1994, à plus de soixante-dix ans, William et Gilberte Sportisse, menacés par le FIS, arrivent d'Algérie à Villejuif.
Nés en Algérie de confession juive, antisionistes, lui de langue maternelle arabe, ils forment un couple de combat, commencé pour l'indépendance de l’Algérie, toujours d'une foi inébranlable en l’humain. Un parcours de plus de soixante-dix années dans l'histoire de l'Algérie.
Des témoignages inédits sur la participation des Juifs algériens à la lutte pour l'indépendance de l'Algérie.
Des informations et archives inédites sur la lutte du Parti Communiste Algérien avant et après l'indépendance, ses luttes publiques et clandestines.
Notre approche se démarque des critères des chaînes de télévision par deux points essentiels, d’une part nous nous refusons de limiter notre vision de l’histoire de l’Algérie à la seule période de la guerre de libération mais prenons en compte les 132 années de colonisation de peuplement et d’autre part nous ne plaçons pas sur un pied d’égalité les souffrances des populations colonisées et celles des colons à l’indépendance.
Ce choix est la raison majeure qui fait qu’aucune chaîne de télévision ne veuille financer notre film. À cela s’ajoute le fait que nos deux protagonistes soient juifs-antisionistes et militants communistes.
Nous avons donc été dans l’obligation de trouver d’autres sources de financement.
En 2018 nous avions initié un financement participatif, celui-ci soutenu par plus de 120 personnes nous avait permis de poursuivre la partie française du tournage. Suivi d’un second appel en 2023 afin d’obtenir les 5000 € qui nous manquent, somme minimale indispensable à la finition du film.
Nous avons pu continuer les entretiens avec Gilberte et William et les tournages conseillés par les historiens Alain Ruscio et Pierre-Jean Le Foll Luciani avec Sadek Hadjarès, Abdelkader Guerroudj, Zoheir Bessa, Ouarda Siari Tengour et d’autres encore grâce à ces contributeurs et aux apports du Conseil Départemental du Val de Marne, à l’association Josette et Maurice Audin et à la Fondation Gabriel Péri.
Sans aide, des chaînes de télévision, avec notre propre matériel, sans aucun salaire nous menons une lutte contre le temps, Gilberte Sportisse est décédée il y a deux ans et nous tenons à ce que William qui aura 100 ans le 10 décembre 2023 puisse voir le film.
Pour terminer le film nous devrions, si possible, retourner des images à Constantine et impérativement, acheter des archives et assurer la postproduction. Le film d’une durée de 90 minutes, étant conçu, faute à ce jour de diffusion sur une chaîne de télévision, pour être montré dans les salles d’arts et d’essais, les festivals et nous l’espérons en Algérie.
Je me permets donc de m’adresser à vous, pour nous aider à trouver les moyens qui nous manquent afin de terminer ce film, hommage à deux militants qui ont consacré leurs vies à la libération de l’Algérie du joug colonial et à construire un pays neuf.
En vous remerciant.
Jean Asselmeyer
Les contributions peuvent être adressées par virement à l’ordre de
Asselmeyer Jean
La banque postale Paris Centre financier 75900 Paris cedex 16
IBAN : FR87 2004 1000 0103 3416 7F02 094
BIC :PSSTFRPPPAR
Sandrine-Malika Charlemagne, Jean Asselmeyer
SOURCE : APPEL A SOUSCRIPTION. - ww.bernard-deschamps.net
Cagnotte : SOUTENIR le Film de Jean Asselmeyer et Malika-Sandrine Charlemagne - Leetchi.com
Gilberte, William Sportisse :
un couple, des combats
Deux vies pour l’Algérie
70 ANNÉES d'HISTOIRE
DE L'ALGÉRIE
En 1994, à plus de soixante-dix ans, William et Gilberte Sportisse, menacés par le FIS, arrivent d'Algérie à Villejuif. Aujourd'hui, leur jeunesse de caractère étonne encore. Nés en Algérie de confession juive, lui de langue maternelle arabe, ils forment un couple de combat, commencé pour l'indépendance de l'Algérie, toujours d'une foi inébranlable en l'humain.
Des témoignages inédits sur la participation des Juifs algériens à la lutte pour l'indépendance de l'Algérie.
Des informations et archives inédites sur la lutte du Parti Communiste Algérien avant et après l'indépendance, ses luttes publiques et clandestines.
Un apport à la compréhension entre des personnes d'origines ou de cultures différentes illustré par la vie de ces deux personnes. Par leur générosité, ce sont d'incomparables porteurs d'espoir.
En 2018 nous avions initié un financement participatif. Soutenu par plus de 120 personnes il nous avait permis de poursuivre la partie française du tournage.
Nous remercions chaleureusement les contributeurs qui, bien entendu, toucheront leur contrepartie, affiche, dvd, etc. au moment de la sortie du film.
Nous avons pu continuer les entretiens avec Gilberte et William et les tournages conseillés par les historiens Alain Ruscio et Pierre-Jean Le Foll Luciani avec Sadek Hadjarès, Abdelkader Guerroudj, Zoheir Bessa, Ouarda Siari Tengour et d'autres encore grâce à ces contributeurs et aux apports du Conseil Départemental du Val de Marne, à l'association Josette et Maurice Audin et à la Fondation Gabriel Péri.
Sans aide des chaînes de télévision, avec notre propre matériel, sans aucun salaire nous menons une lutte contre le temps, Gilberte Sportisse est décédée il y a 2 ans et nous tenons à ce que William qui aura 100 ans le 10 décembre 2023 puisse voir le film.
Pour terminer le film nous devons retourner des images à Alger et à Constantine et assurer la postproduction.
Nous comptions sur une aide du Ministère de la culture algérien accordée en 2020, mais qui est toujours bloquée pour des raisons administratives obscures. Nous avons donc décidé de terminer le film le plus tôt possible et pour cela nous faisons appel à votre solidarité financière. Ce dont nous vous remercions.
Malika-Sandrine Charlemagne et Jean Asselmeyer :
(Auteure d'un roman consacré à la découverte de l'Algérie à la fin de la décennie noire, (pays de son père enterré à Makouda) responsable d'un festival de théâtre algérien, et comédienne, membre de la délégation de l'Association Josette et Maurice Audin en Algérie en 2022 pour l'une, auteur de plusieurs films sur la culture et l'histoire de la guerre de libération, primé et invité à de nombreux festivals en Algérie, formateur à la prise de vues de jeunes cinéastes algériens, directeur depuis 2012 du Panorama du cinéma Algérien organisé par France-El Djazaïr basée à Nîmes fondée par Bernard Deschamps ancien député communiste du Gard, pour l'autre.)
Les dons peuvent être adressés par la plateforme de financement participatif Leetchi en cliquant sur ce lien… https://www.leetchi.com/.../soutenir-le-film-de-jean...
Contacts : linterja@orange.fr sandrinechar@yahoo.fr
Un extrait du film
SOURCE : Cagnotte : SOUTENIR le Film de Jean Asselmeyer et Malika-Sandrine Charlemagne - Leetchi.com
Eh oui je ne fais pas que faire un appel aux dons :
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Bande de Gaza : déjà 30 années
d’agonie
Petite fille attendant avec sa famille que l'Egypte veuille bien ouvrir le poste-frontière de Rafah, au sud du territoire assiégé - Photo : Mohammed Saber
La bande de Gaza n’a pas connu de répit depuis les années 1950. Coincée entre Israël et l’Egypte, soumise à une succession de guerres et d’occupations... comment cette petite partie de la Palestine parvient-elle à survivre depuis tant d'années ? En 2006, la mise en place d’un blocus israélien pour se protéger du Hamas aggrave encore la situation. Les conséquences économiques sont catastrophiques pour les habitants : chômage, dépendance à l’aide internationale, difficultés pour se faire soigner et, surtout, une impossibilité de maintenir les infrastructures vitales régulièrement détruites par les guerres. Après les attaques du Hamas du 7 octobre 2023, une guerre sans précédent s’abat sur les 2 millions de Gazaouis. Un désastre qui s’ajoute à la situation humanitaire catastrophique dans laquelle ils se trouvaient déjà, depuis plusieurs décennies.
Cliquez sur ce lien et voyez dans quel état se trouve Gaza :
par la faute de ce criminel de guerre que vous voyez
ci-dessus
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« Yallah Gaza », un documentaire
Le documentaire de Roland Nurier Yallah Gaza est dans les salles françaises depuis le 8 novembre 2023. Sa sortie a été accompagnée d’annulations de projections, y compris à l’Assemblée nationale, et d’appels à la censure. S’y mêlent analyses et témoignages, entre la France et Gaza, pour un film engagé qui s’assume comme tel.
Une question vient à l’esprit, lancinante, tout au long des 100 minutes que dure Yallah Gaza, le documentaire de Roland Nurier tourné en 2022 dans l’enclave palestinienne : combien, parmi les Gazaoui·es filmé·es et interviewé·es dans ce film, sont encore vivants ? Comment vivent-ils, ou survivent-ils, dans cette tourmente sanglante qui emporte leurs existences depuis le 7 octobre et les attaques meurtrières du Hamas en Israël ? Combien sont morts dans les bombardements israéliens ? Quel futur pour ces enfants qui participent à des thérapies de groupe qui leur rendent le sourire, si tant est que cette nouvelle guerre, plus violente encore que celles qu’ils ont déjà subies, les épargne ?
Là n’est pas la moindre qualité de ce film foisonnant et engagé : donner vie aux habitants de la bande de Gaza. Une autre vie que celle, tronquée, montrée habituellement sur nos écrans, faite de bombardements, de poussière, de cris et de sang. Tout est là, bien sûr, dans les images d’archives, dans celles des bâtiments aplatis par les missiles et pas encore dégagés, dans les paroles et dans les corps meurtris. Mais ce que saisissent et portent Roland Nurier et l’équipe palestinienne qui a filmé à Gaza — le réalisateur n’ayant pas eu l’autorisation de s’y rendre lui-même — c’est la résilience de cette population, la détermination des adultes, l’exubérance des adolescent·es et des enfants. Et sans qu’il ne soit prononcé dans le film, c’est bien le mot soumoud qui vient à l’esprit, cet
te persévérance mêlée de détermination qui est érigée en valeur culturelle par les Palestiniens.
RÉFUGIÉ, PLUS QU’UN MOT
Yallah Gaza veut aussi faire œuvre de pédagogie, et tout embrasser de ce petit territoire finalement si méconnu dans nos pays européens. Les deux historiens Jean-Pierre Filiu et Ghassan Wishah, le premier vivant en France et le deuxième à Gaza, rappellent que Gaza était un territoire du Croissant fertile, débouché sur la mer pour les caravanes et riche aussi de ses vergers d’agrumes et de palmiers, avant de se faire emporter par les soubresauts du XXe siècle. De la montée en puissance du sionisme à la création de l’État d’Israël en 1948, puis de l’occupation aux guerres menées par Israël contre l’enclave, comme une litanie, et à son enserrement par le blocus, jusqu’à l’étouffement.
Qui a mis une fois le pied à Gaza sait à quel point, plus encore qu’en Cisjordanie, le mot « réfugié » est plus qu’un mot, justement. A la fois une communauté de destin, un statut, une mémoire collective et familiale, et un moteur de mobilisation. Là encore, Yallah Gaza a le mérite de mettre cette réalité en exergue, par petites touches : la clé de la maison, les noms de localités disparues, par l’intervention d’un ancien directeur de l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), et par cet épisode terrible que fut la Grande Marche du retour. Pendant des mois, du 30 mars — date, depuis 1976, de la Journée de la terre1 — au 10 août 2018, des centaines de Gazaouis ont manifesté chaque vendredi aux abords de la clôture qui enserre l’enclave. Le journaliste Sylvain Cypel, membre de la rédaction d’Orient XXI, qui intervient à plusieurs reprises dans le documentaire, décrit les snipers israéliens se livrant à un véritable « tir au lapin », qui fait au moins 195 morts dont 41 enfants et laisse des dizaines de jeunes amputés d’une jambe. Jeunes que la caméra saisit, des semaines après leur opération, en train de plonger dans la mer, de jouer au football, de réaliser des figures acrobatiques. Yallah Gaza fait le choix de montrer la résilience plutôt que la souffrance.
UNE ÉTRANGE RÉSONANCE
AVEC L’ACTUALITÉ
Cette résilience est grave, comme celle d’Amira Al-Querem, grièvement blessée pendant la guerre de 2009, première Palestinienne à porter plainte devant la Cour pénale internationale (CPI). Elle avait alors 16 ans. Elle est plus joyeuse chez ces jeunes filles et garçons qui dansent la dabkeh, la danse traditionnelle palestinienne, au milieu des bâtiments en ruine, comme un défi à la mort et au désespoir, et que le montage du documentaire fait revenir à intervalles réguliers.
Il est des moments du documentaire qui résonnent étrangement aujourd’hui. Ainsi les interventions de Bassem Naim, responsable du Hamas chargé des relations internationales, qui égrène les difficultés économiques et environnementales du petit territoire et de sa population. Ainsi le décryptage du discours israélien sur la bande de Gaza fait par Eléonore Bronstein, chercheuse franco-israélienne et fondatrice de De-colonizer, et Ronnie Barkan, militant israélien de défense des droits des Palestiniens : le gouvernement de Tel Aviv a longtemps utilisé la bande de Gaza comme figure ultime de la menace pour justifier sa politique de blocus et de bombardements. Le Hamas, à propos duquel la chercheuse française Leila Seurat donne des clés de compréhension, se sera de fait révélé comme une menace majeure pour Israël, le 7 octobre dernier.
Et l’on ne peut s’empêcher de se dire qu’il n’y aura pas de fraises à Gaza au printemps prochain, et qu’il faudra beaucoup de résilience et de persévérance pour refaire pousser des légumes et des fruits sur cette bande de terre martyrisée.
L’article de
Filmer la vie à Gaza
La partie gazaouie du tournage du film a dû être confiée à des opérateurs palestiniens. © Hérisson Rebelle Production
Le documentaire de Roland Nurier, Yallah Gaza, sort en salles le mercredi 8 novembre. De nombreux témoignages et des images rares de ce bout de territoire racontent le quotidien de ses habitants. Avant le 7 octobre.
Yallah Gaza (en avant Gaza) a été tourné en 2022. Le réalisateur, ne pouvant se rendre à Gaza, a confié la partie gazaouie du tournage de son film à des opérateurs palestiniens, assurant lui-même la réalisation des séquences tournées en Israël et en France. Que nous donne à voir le film de cette prison à ciel ouvert ? Des enfants qui jouent dans les rues avec des jouets de fortune ; des jeunes dansant le dabké au milieu des ruines de la ville ; de jeunes footballeuses qui tapent fièrement dans un ballon, quand, dans l’équipe des garçons, certains n’ont plus qu’une jambe pour jouer. Deux vieux amis, l’un musulman, l’autre chrétien qui se rend à la messe du vendredi soir. Un pêcheur contraint de pêcher sous la menace de la marine israélienne. Un paysan dont les champs sont régulièrement arrosés de pesticides par des avions israéliens. Et ce vieux grand-père qui raconte à ses petites-filles la Nakba. Mais aussi des enseignants, des étudiants, des assistantes sociales. Des étals et des marchés achalandés, des embouteillages dans les rues de Gaza City. Des images rarement vues, loin d’une vision uniforme de cette prison à ciel ouvert.
Gaza filmé dans toutes ses composantes
Yallah Gaza raconte le quotidien des Gazaouis soumis à un blocus féroce qui n’est jamais venu à bout de cette « résilience légendaire », des soldats israéliens tirant sur des manifestants en visant systématiquement les jambes, un territoire où « il n’y a pas de frontières, mais des checkpoints ». À Gaza, « le simple fait d’exister, c’est résister » entend-on dans le film. Si Gaza est victime du blocus israélien, Gaza souffre, Gaza danse, Gaza étudie, Gaza travaille, Gaza joue. Gaza vit.
Depuis le 7 octobre et les crimes perpétrés par le Hamas, puis les raids aveugles opérés depuis un mois par l’armée israélienne contre la population gazaouie, difficile de voir ce film comme on l’aurait regardé avant. Gaza était une prison à ciel ouvert. Elle est en passe de devenir un cimetière à ciel ouvert.
Les opérateurs palestiniens ont filmé Gaza dans toutes ses composantes. Le film donne la parole à la société civile, y compris à un dirigeant politique du Hamas, ce qui n’est pas simple à entendre et à accepter aujourd’hui. Ce sera la seule allusion au pouvoir politique à Gaza et on se demande bien pourquoi. Censure ? Autocensure ? Il faudra attendre des paroles extérieures à Gaza, celles de militants israéliens pour la paix, d’observateurs étrangers pour que la question du pouvoir politique à Gaza soit abordée.
Puissant, bouleversant, dérangeant parfois
Le réalisateur Roland Nuriez donne la parole à des militants israéliens qui dénoncent les colonisations, à un ancien militaire qui a refusé de bombarder Gaza lors de l’opération « Plomb durci ». À des historiens (Jean-Pierre Filiu, professeur à Sciences-Po), des journalistes (Sylvain Cypel d’Orient XXI), des avocats (Gilles Devers), un chirurgien français qui opère à Gaza (Christophe Oberlin) ou encore au cinéaste Ken Loach. Et on comprend que le pouvoir fondamentaliste et autoritaire du Hamas, comme l’instrumentalisation cynique et meurtrière du pouvoir israélien (Hamas contre Fatah) finissent par rendre définitivement impossible toute perspective de paix.
Yallah Gaza est un film puissant, bouleversant, dérangeant parfois. Un film qui rend hommage au peuple gazaoui, à son courage. Que peuvent engendrer la politique suicidaire du gouvernement israélien, le blocus de la bande de Gaza depuis 2007, la stratégie meurtrière du Hamas ? Que sont devenus ces hommes, ces femmes et ces enfants filmés il y a à peine un an ? Sont-ils encore vivants ? Sont-ils blessés ? Ont-ils pu quitter Gaza ? Sont-ils morts ? Nous reviennent en mémoire les mots de Mahmoud Darwich : « Nous souffrons d’un mal incurable qu’on appelle l’espoir. »
SOURCE : Filmer la vie à Gaza - L'Humanité (humanite.fr)
GWENAËLLE LENOIR > 25 NOVEMBRE 2023
Jamais un média populaire et indépendant, qui n’est détenu ni par de riches oligarques ni par l’Etat, n’avait arraché le droit d’être diffusé à la TV ! Nous si !
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ÉDITORIAL
Emmanuel Macron couvre
les fascistes en Israël
Benyamin Nétanyahou et Emmanuel Macron avant un dîner de travail au palais présidentiel de l’Élysée à Paris, le 2 février 2023
Ecrit par ALAIN GRESH
> 6 MARS 2023
Que faut-il de plus ? En Israël s’est installée au pouvoir une coalition qui comporte des ministres que dans n’importe quel autre pays on qualifierait de fascistes. Certains d’entre eux ont été définis comme néonazis par Daniel Blatman, professeur à l’Institut des études juives contemporaines à l’Université hébraïque et spécialiste de la Shoah. Tous professent une idéologie suprémaciste juive, convaincus que les droits d’un Israélien juif autorisent à enterrer ceux des Palestiniens.
Que faut-il de plus ? Le nouveau gouvernement de Benyamin Nétanyahou a réitéré son refus de la création d’un État palestinien, intensifié la colonisation que le droit international considère comme un crime de guerre, adopté des mesures d’humiliation contre les prisonniers palestiniens — limiter le temps de douche, le droit de cuisiner, etc. Il a changé le statu quo (tout relatif) prévalant en Cisjordanie depuis 1967 en transférant le pouvoir d’une administration militaire à une administration civile que dirigera le ministre des finances Bezalel Smotrich, un de ceux que Blatman considère comme néonazis. Un éditorial du quotidien israélien Haaretz confirme que cette décision « constitue une annexion de jure de la Cisjordanie. Étant donné qu’il n’y a aucune intention d’accorder des droits civils aux millions de Palestiniens vivant en Cisjordanie, le résultat est la formalisation d’un véritable régime d’apartheid ».
HAWARA. « LES SOLDATS ONT RÉPLIQUÉ
EN ME TIRANT DESSUS »
Que faut-il de plus ? Dans la nuit du 26 février, des dizaines de colons ont mis le feu au village de Hawara près de Naplouse, multiplié les exactions, blessé des dizaines de personnes dont une est décédée. L’armée et les services de sécurité qui contrôlent chaque centimètre carré en Cisjordanie, chaque déplacement à pied, en vélo ou en voiture grâce à des technologies de pointe que la série Fauda a mises en lumière n’ont rien fait pour prévenir l’action. Pis, durant les premières heures de l’attaque, ils ont protégé les colons. Oday Al-Domadi, un des habitants témoigne à la BBC qu’il était enfermé dans sa maison avec ses enfants. « J’ai crié aux soldats de protéger les enfants et d’empêcher les colons de les effrayer, mais les soldats ont répondu en me tirant dessus et en me criant de rester à la maison. » Finalement, l’armée a évacué les Palestiniens, mais les milices de colons ont continué à patrouiller les jours suivants en toute liberté dans ce village dont Smotrich a affirmé qu’il fallait « le faire disparaître ».
Pour l’éditorialiste de Haaretz Gideon Levy, ce qu’il qualifie lui-même de de pogrom annonce de nouveaux massacres du type de ceux de Sabra et Chatila en septembre 1982 à Beyrouth, quand des centaines de Palestiniens étaient assassinés sous l’œil complaisant de l’armée israélienne. « Il n’y a pas eu de massacre à Hawara, pas encore, mais personne ne pouvait savoir à l’avance comment les choses allaient se passer. Si les émeutiers avaient aussi voulu massacrer la population, personne ne se serait mis en travers de leur chemin. Personne n’a arrêté les phalangistes à Sabra et personne n’a arrêté les phalangistes à Hawara. » Différence de taille, les milices cette fois-ci sont israéliennes, et bénéficient de la complicité bien plus grande de tous les services de l’État.
DES INCANTATIONS POUR UNE SOLUTION
À DEUX ÉTATS
Que faut-il de plus pour que le gouvernement français réagisse et infléchisse sa complaisance ou plutôt sa complicité avec Israël ? Il ne suffit pas d’un communiqué signé par la France et certains pays européens. La politique du chef de l’État s’inscrit dans la lignée de François Hollande qui regrettait, en présence de Nétanyahou, ne pas pouvoir chanter tout « son amour pour Israël et pour ses dirigeants ». Elle est fondée sur deux piliers bancals : des incantations sur la solution à deux États et la condamnation de la colonisation — aucun doute que les communiqués français régulièrement adoptés en ce sens sèment la terreur en Israël ! —, et un appui grandissant, politique, économique, sécuritaire, militaire aux gouvernements israéliens successifs qui refusent la solution à deux États et étendent la colonisation.
Emmanuel Macron est le seul chef d’État occidental à avoir reçu Nétanyahou depuis son élection. Si l’on en croit le communiqué, les deux responsables « ont exprimé leur volonté d’approfondir le partenariat stratégique qui lie [leurs] deux pays et de renforcer la relation bilatérale dans tous les domaines. Le chef de l’État a répété l’attachement indéfectible de la France à la sécurité d’Israël. » Macron espère-t-il amadouer Nétanyahou ? Il devrait consulter son prédécesseur Nicolas Sarkozy, qui avait inauguré cette stratégie de rapprochement avec lui en espérant l’« influencer », et qui dressera le bilan de ses tentatives en confiant en novembre 2011 au président Barack Obama : « Benyamin, je ne peux plus le voir, c’est un menteur ».
Le plus probable est que le président français ne cherche nullement à influencer Nétanyahou ni la politique israélienne, ce qui supposerait l’adoption de sanctions pour obtenir l’application du droit international, sanctions que la France applique pour faire cesser l’occupation russe de l’Ukraine, mais qu’elle refuse de prendre pour faire cesser l’occupation de la Palestine qui dure depuis plus d’un demi-siècle. Et le gouvernement français qui n’hésite pas, à chaque occasion, à célébrer « les valeurs communes » qui le lient à Israël, pousse l’alignement (et la mesquinerie) jusqu’à poursuivre le franco-palestinien Salah Hamouri réfugié en France, en tentant de l’empêcher de s’exprimer. Vous avez dit l’esprit Charlie ?
Macron est allé plus loin que son prédécesseur dans l’adoption du discours israélien et dans les tentatives de museler les voix de défense de la Palestine. Il a été le premier chef d’État français à identifier antisémitisme et antisionisme. Il a soutenu une définition de l’antisémitisme par l’Alliance internationale pour la mémoire de l’Holocauste (IHRA), qui vise en réalité à protéger Israël de toute critique et a été récusée aussi bien par l’association du barreau américain que par l’Appel de Jérusalem signé par des centaines d’intellectuels spécialistes de l’histoire de la Shoah et de l’antisémitisme. Il a poursuivi la criminalisation du mouvement Boycott Désinvestissement Sanctions (BDS) enjoignant son ministre de la justice Éric Dupont-Moretti à publier une circulaire pour contourner la décision de la Cour européenne des droits de l’homme qui avait confirmé la légalité des actions de BDS. Vous avez dit État de droit ? Il a dénoncé le rapport d’Amnesty International sur l’apartheid en Israël-Palestine. Il a ainsi fait de la lutte contre l’antisémitisme une arme de guerre, non pour défendre les juifs, mais pour criminaliser la solidarité avec la Palestine.
LES « BONS ANTISÉMITES »
D’ailleurs, faut-il associer le gouvernement israélien au nécessaire combat contre l’antisémitisme ? Chacun connait la complaisance dont il a fait preuve à l’égard du président américain Donald Trump et de son entourage complotiste ou les yeux doux de Nétanyahou aux extrêmes droites européennes, notamment dans l’est du continent. Pour eux, manifestement, certains peuvent être de « bons antisémites », dès lors qu’ils défendent Israël.
Dans ce contexte, que peut faire la France ? En juin 1967, en dépit d’une campagne massive de la presse en faveur d’Israël, le président Charles de Gaulle avait condamné l’agression israélienne. Il avait, lors d’une célèbre conférence de presse le 27 novembre 1967, résumé l’essence du conflit : « Maintenant, Israël organise, sur les territoires qu’il a pris, l’occupation qui ne peut aller sans oppression, répression, expulsions… et il s’y manifeste une résistance qu’à son tour il qualifie de terroriste. » Il avait défini une orientation qui allait obliger tous ses successeurs jusqu’à Jacques Chirac, et donner à la France un prestige sans pareil dans la région. Certes, les temps ont changé, mais en pire : la répression s’intensifie, la résistance aussi, que certains continuent de qualifier de « terroriste ». Que faut-il de plus pour pousser Emmanuel Macron à agir ?
(1
SOURCE : https://orientxxi.info/magazine/emmanuel-macron-couvre-les-fascistes-en-israel,6270
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Communiqué de l’AFPS
Une trêve bienvenue
mais l’urgence demeure
d’un cessez-le-feu total
et permanent
Photo : attaque israélienne dans un quartier de Gaza à 5h45 du matin le vendredi 24 novembre 2023. Crédit : Motaz Azaiza.
L’Association France Palestine Solidarité espère que l’accord passé entre le gouvernement israélien et le Hamas, dont la mise en œuvre doit commencer ce 24 novembre, va se réaliser pleinement.
Des dizaines de femmes et d’enfants israéliens otages des groupes armés palestiniens devraient pouvoir rentrer chez eux et des dizaines de femmes et de jeunes palestiniens emprisonnés par Israël également. Ce sont des vies qui vont pouvoir commencer à se reconstruire auprès de leurs familles, et c’est évidemment positif.
Ces libérations sont une lueur d’espoir, mais ne soyons pas dupes, ce qui reste vital pour la population de Gaza, c’est l’urgence d’un cessez-le-feu total et permanent associé à la libération de tous les otages israéliens et de tous les prisonniers palestiniens.
Qu’un moment de répit soit enfin accordé aux centaines de milliers de personnes qui, à Gaza, se trouvent affamées, sans eau, sans médicament, dans une détresse absolue était une question de survie. Mais il faut que la levée du blocus soit complète et sans restriction, que les secours, l’eau, l’essence, la nourriture, les médicaments, puissent entrer de toute urgence par plusieurs voies d’accès, au nord comme au sud de la Bande de Gaza.
Les dernières informations publiées montrent qu’on en est encore loin et jusqu’au dernier moment avant l’heure fixée pour la trêve, Israël a continué de bombarder massivement la bande de Gaza, ajoutant des dizaines de victimes aux 14.000 déjà recensés.
C’est pourquoi l’Association France Palestine Solidarité continue d’exiger du gouvernement français qu’il fasse pression sur Israël pour que cette trêve se transforme en cessez-le-feu permanent.
L’arrêt de l’agression d’Israël contre le peuple palestinien doit aussi concerner la Cisjordanie, soumise de manière toujours plus importante et brutale à la violence conjuguée des colons et de l’armée d’occupation.
La liste des 300 noms de prisonniers politiques libérables est un début certes positif, mais elle est bien peu de chose au regard des 3000 arrestations dont 200 mineurs depuis le 7 octobre en Cisjordanie ; sans compter les milliers de travailleurs palestiniens de Gaza qui ont été arrêtés, maltraités, humiliés, torturés pour certains et maintenant les rafles dans la Bande de Gaza : des médecins et soignants arrêtés, des milliers de Palestiniens aux mains de l’occupation dans une zone de non-droit total ! Cette vague massive d’arrestations des Palestiniens doit cesser !
La volonté proclamée par le gouvernement israélien "d’éradiquer" le Hamas, alors qu’il en a favorisé le développement, ne mènera qu’à toujours plus de malheurs pour les peuples palestinien et israélien. Le véritable objectif de la guerre atroce menée par Israël contre le peuple palestinien reste le nettoyage ethnique et la dépossession de sa terre : c’est le but à peine masqué de la destruction en cours de la Bande de Gaza ; c’est aussi l’objectif qui est visé par le vol méthodique de la terre et le déplacement forcé d’un maximum de communautés en Cisjordanie. C’est cette entreprise criminelle qu’il faut stopper.
La mobilisation internationale pour un cessez-le-feu immédiat commence à porter ses fruits. Amplifions-la pour que la trêve devienne un véritable cessez-le-feu, total et durable, accompagné de la libération de toutes les personnes emprisonnées de part et d’autre.
L’accord très partiel dont la mise en œuvre commence ce 24 novembre montre que cette voie est possible. Il n’y a pas de solution militaire. Seule une solution politique passant par la reconnaissance du droit à l’autodétermination du peuple palestinien permettra d’assurer la sécurité de tous sur cette terre.
Le Bureau National de l’AFPS,
24 novembre 2023
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Suite à mon article, lien ci-dessous, le quotidien L’Humanité annonce l’ouverture d’une cagnotte et d’un procès.
http://www.micheldandelot1.com/madeleine-riffaud-ma-lettre-ouverte-au-directeur-de-l-aphp-a215031099
Michel Dandelot
Après son appel « Les héros meurent
seuls », le soutien
à Madeleine Riffaud s’organise
Madeleine Riffaud en juillet 2021 - Christophe Archambault - AFP
Connue pour son combat de résistante, ancienne journaliste à l’Humanité, la poète aujourd’hui âgée de 99 ans, victime d’un abus de confiance, vient de rendre publique une lettre intitulée « Les héros meurent seuls ». Son appel au secours a été entendu puisqu’une cagnotte a été ouverte pour la soutenir.
La résistante a connu l’horreur du nazisme, la grande reportère de guerre a connu le combat et la mort dans les guerres anticoloniales en Algérie, en Indochine puis au Viet Nam, le pire de ce que l’humanité ait pu produire mais aussi le goût de la lutte collective pour la dignité humaine et la libération nationale. Madeleine Riffaud, « Rainer » la combattante FTP, qui a tué un sous-officier nazi de deux balles dans la tête en plein cœur de Paris, mène aujourd’hui à 99 ans une bataille pour faire respecter ses droits. Depuis des années souffrant de cécité, elle est aidée dans son quotidien. Son aide à domicile aurait abusé de sa confiance en la dépouillant d’une somme importante. Un procès doit avoir lieu prochainement. Mais en attendant la situation financière de Madeleine Riffaud se dégrade. Amie de Paul Eluard, Pablo Picasso et Louis Aragon, la poète et journaliste prend la plume et écrit une lettre « Les héros meurent seuls » qu’elle publie sur son compte Facebook le 23 novembre. C’est un véritable appel au secours (à lire ci-après). À sa lecture, des amis parmi lesquels Jean-David Morvan et Dominique Bertail les coauteurs de la bande dessinée Madeleine et de nombreux camarades et lecteurs de l’Humanité s’alertent alors immédiatement et décident d’ouvrir une cagnotte en ligne pour la soutenir. Vous pouvez apporter votre soutien en versant ici à cette cagnotte.
« Les héros meurent seuls »
« Loin de moi l’idée de me qualifier d’héroïne. Dans la résistance, comme en tant que reporter de guerre, je considère n’avoir fait que ce que je devais faire. Pour moi, ce sont mes camarades, les vrais héros. Mais on me qualifie souvent ainsi, ces derniers temps. Nombre de » gens de pouvoir « me font des honneurs sur les réseaux sociaux ou dans la presse… Et le jour où je fermerai les yeux, on me parera sans doute de toutes les vertus. »
« Oui, mais aujourd’hui, qu’en est-il des actes ? »
« Si j’écris cette lettre, c’est que la justice a médiatisé l’affaire d’abus de confiance qui me concerne. Beaucoup de gens me posent des questions, je vais donc y répondre collectivement. »
« Ceux qui me connaissent savent que mon leitmotiv est « Je ne suis pas une victime, je suis un résistant ». Alors certes, je vais résister, mais je dois bien m’avouer que pour la première fois, je suis une victime. »
« La raison est hélas simple : Je suis devenue aveugle à la suite d’un attentat que j’ai subi à Oran en 1962 (je vois parfois des formes, pas plus). Ne pouvant plus lire mes relevés, j’avais confié la gestion de mes comptes à la directrice de l’entreprise de maintien à domicile qui s’occupait de moi depuis 2011. Je n’entre pas dans les détails de ce que la banque postale a laissé faire – sans jamais me prévenir et sans procuration valable – mais le préjudice retenu par la police après une longue enquête, est de plus de 140 000 euros. Je ne vous dis pas non plus la teneur de certains objets qui ont été achetés avec mon argent, vous rougiriez… »
« Le procès va avoir lieu le 19 décembre, c’est rapide et c’est bien sauf que… je n’ai plus d’argent ! »
« Il ne me reste que quelques mois de réserves pour payer les personnes qui s’occupent de moi quotidiennement, car suite à mon passage aux urgences de septembre 2022, je suis devenue plus dépendante. Je dois notamment faire appel à une personne qui reste auprès de moi chaque nuit. Ça coûte fort cher et figurez-vous que l’URSSAF a un fonctionnement pour le moins surprenant : une personne dépendante n’est exonérée de charges pour les auxiliaires qu’elle emploie que jusqu’à un certain nombre d’heures de travail. Une personne très dépendante n’y a plus droit et doit donc payer cher. Très cher. Sachez-le : Plus vous perdez votre autonomie, plus on vous taxe. »
« Moi qui croyais que la « double peine » était proscrite en France… »
« Bref, j’en suis arrivée à me demander si je ne devrais pas vendre mon appartement, dans lequel j’avais envisagé de faire une fondation. Cette triste affaire pourrait donc aussi voler une partie de la mémoire de la Résistance. »
« Tout ça pour dire que je n’ai plus non plus d’argent pour payer un avocat ! »
« Drôle de monde dans lequel la présumée coupable a de quoi se payer un ténor du barreau, et la victime n’a même pas droit à un commis d’office car, paradoxe de l’administration, mes allocations de Résistante, de victime de guerre, de journaliste et d’invalidité mises bout à bout dépassent le plafond requis. »
« Tout ça est tellement absurde que mon penchant pour l’autodérision pourrait me faire en rire… »
« Sauf que ce qui n’est pas amusant – et c’est la raison pour laquelle j’ai porté plainte – c’est que si cela m’arrive à moi, c’est que ça arrive aussi à beaucoup d’autres personnes ! Et toutes n’ont pas ma voix ! »
« J’ai la chance d’avoir des amis fidèles, qui sont toujours prêts à monter au créneau pour moi. Non pas pour me faire plaindre, mais pour continuer à mener le combat en faveur d’une société plus juste ! »
« Ainsi, suite au scandale des Ehpad, les autorités demandent de privilégier le maintien à domicile. C’était déjà mon choix, mais il faut aussi poser des garde-fous dans ce domaine, renforcer les contrôles, punir ceux qui abusent pour dissuader ceux qui seraient tentés de le faire. »
« Demandez autour de vous, vous serez surpris du nombre de personnes qui disent « Ah oui, c’est arrivé à ma grand-mère », « à mon oncle », « à mon père », etc. »
« Heureusement, l’Onacvg (Office national des combattants et des victimes de guerre) est à mes côtés, mais les aides exceptionnelles qu’ils parviennent à me faire verser aux prix de grands efforts sont avalées immédiatement par l’Urssaf. »
« J’ai écrit à l’État Français via le site internet de l’Élysée, comme chaque citoyen peut le faire, mais aucune réponse encore après trois semaines. Je suis toujours l’actualité de près et je sais qu’ils ont beaucoup à faire… J’ai moi-même risqué ma vie pour tenter de rendre ce monde plus vivable, en premier lieu de 1942 à 1944, dans l’espoir de rétablir ce même État Français. »
« Par cette tribune, j’ai encore l’espoir de faire passer ce message de société qui me semble vital : Ne laissez pas les personnes âgées, héroïques ou pas, finir seules face à des escrocs. »
« Merci à tous ceux qui m’ont aidée, m’aident et voudront bien m’aider. »
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Mémoire : la France va restituer deux
millions d’archives à l’Algérie
Le président français Emmanuel Macron et l’historien Benjamin Stora avec l’ancien ministre algérien Ramtane Lamamra à Alger, le 25 août 2022. © LUDOVIC MARIN / AFP
Doucement mais sûrement. Quinze mois après sa mise en place, la commission mixte d’historiens, chargée de se pencher, « loin de la politique », sur le dossier mémoriel algéro-français a tenu sa première réunion en « présentiel ».
Très symboliquement sans doute, c’est la ville de Constantine, dans l’Est de l’Algérie, qui a abrité la rencontre mercredi 22 novembre.
En plus d’être la ville d’origine de nombreux rapatriés d’Algérie à l’indépendance, Constantine est aussi la ville natale de Benjamin Stora, l’historien qui dirige le panel désigné côté français et qui compte par ailleurs les historiens Tramor Quemeneur, Jacques Fremeaux, Florence Hudowicz et Jean-Jacques Jordi.
Ces cinq connaisseurs du dossier pour avoir travaillé pendant longtemps sur la période coloniale, ont été nommés par le président Emmanuel Macron en janvier 2023.
Un mois plus tôt, son homologue algérien Abdelmadjid Tebboune avait choisi de son côté cinq historiens non moins émérites : Mohamed El Korso, Mohamed Lahcen Zighidi, Djamel Yahiaoui, Idir Hachi et Abdelaziz Filali.
La création de la commission mixte a été décidée conjointement par les deux présidents à l’occasion de la visite d’Emmanuel Macron en Algérie en août 2022, un mois après une audience accordée par Abdelmadjid Tebboune à Benjamin Stora.
L’historien né à Constantine est l’auteur d’un rapport commandé par M. Macron sur « la mémoire de la colonisation et de la guerre d’Algérie ». Remis en janvier 2021, le rapport contient des propositions d’actions concrètes pour avancer dans cette œuvre de « réconciliation des mémoires ».
C’est ce rapport qui a inspiré la création de la commission mixte. Benjamin Stora avait proposé la création d’une commission « mémoire et vérité » en France chargée d’impulser des actions communes entre les deux pays sur les questions mémorielles, et une autre, composée d’historiens français et algériens avec comme mission de faire la lumière sur les enlèvements d’Oran en juillet 1962.
Première réunion du panel algéro-français
sur la mémoire : la France fait un nouveau geste
Emmanuel Macron et Abdelmadjid Tebboune ont affiché une grande volonté d’avancer sur la voie de la réconciliation mémorielle entre l’Algérie et la France. Des pas ont été faits de part et d’autre mais, régulièrement, cette même question de la mémoire est venue brouiller l’entente entre les deux pays. A plusieurs reprises, le président Tebboune a mis en cause l’action de « lobbies » en France qui ne voient pas d’un bon œil le rapprochement entre les deux pays.
En août 2022, les deux chefs d’Etat se sont mis d’accord pour extirper le dossier à la politique et le mettre entre les mains des historiens.
Sa mission est de « regarder l’ensemble de cette période historique, qui est déterminante pour nous, du début de la colonisation à la guerre de libération, sans tabou, avec une volonté de travail libre, historique, d’accès complet à nos archives », avait déclaré Emmanuel Macron au premier jour de sa visite en Algérie le 25 août 2022.
La commission s’est réunie une première fois en avril dernier en visioconférence, mais c’était plus une prise de contact qu’autre chose. La première véritable séance, en présence des dix historiens, a eu lieu mercredi 22 novembre à Constantine. Il s’agit de la première rencontre d’une longue série puisque le panel se réunira désormais tous les deux mois, alternativement en Algérie et en France.
Le rencontre de mercredi a duré toute la journée et les deux parties ont sensiblement avancé sur de nombreux aspects, apprend-on de source proche du dossier.
Les deux parties ont décidé d’intensifier le travail académique, avec des échanges d’universitaires. Dans ce cadre, une quinzaine d’historiens algériens et autant de leurs homologues français se rendront prochainement dans les deux pays respectifs.
Les avancées les plus significatives concernent le volet archives, selon notre source. Outre la numérisation et l’ouverture d’un portail permettant l’accès aux archives des premières décennies de la colonisation, il a été convenu de la restitution de deux millions de documents « numérisés » à l’Algérie ainsi que des « rouleaux » de documents de la période ottomane, deux crânes de résistants algériens et des objets ayant appartenu à l’Emir Abdelkader.
Quel avenir pour la Commission mixte
paritaire ?
Que se passerait-il
si Marine Le Pen parvenait
au Pouvoir en 2027 ?
Pays-Bas : la haine des musulmans propulse
un parti extrémiste à la tête des législatives
Aux Pays-Bas, le parti d’extrême droite et antimusulmans PVV (parti de la liberté), dont le leader Geert Wilders a traité les Marocaines de « racaille », est arrivé en tête des élections législatives tenues mercredi 22 novembre.
Il a été chaleureusement félicité par l’extrême droite française et les analystes n’exagèrent point en évoquant un nouveau « séisme politique » en Europe.
Le chef du parti, Geert Wilders, 60 ans, a bâti son mouvement politique et sa réputation patiemment, pendant plusieurs décennies, sur le rejet de l’immigration, particulièrement musulmane.
Ses attaques contre les étrangers, notamment les Marocains qu’il qualifiait de « racaille », lui ont valu des condamnations judiciaires. Il a poussé la provocation jusqu’à organiser un concours de caricatures du Prophète de l’Islam.
Son discours a fini par trouver écho auprès d’une grande partie de l’électorat qui lui a donc donné une nette victoire électorale mercredi. Le PVV a obtenu 35 sièges, contre 25 pour l’Alliance de gauche et 24 pour le parti de centre-droite VVD.
Geert Wilders n’est pas seulement un antimusulman et un anti-immigration, c’est aussi un anti-européen résolu. Pendant sa campagne électorale, il a promis d’organiser en cas de victoire un référendum sur l’adhésion de son pays à l’Union européenne.
On est cependant encore loin de cette éventualité. La victoire du PVV ne lui garantit pas de constituer un gouvernement.
Pour disposer d’une majorité, le parti doit constituer une alliance, mais les autres formations ont exclu de participer à un gouvernement dirigé par le parti d’extrême-droite.
Il reste néanmoins que son arrivée en tête est accueillie comme un « séisme » dans toute l’Europe. Elle est symptomatique de l’avancée désormais inexorable des courants extrémistes et antimusulmans qui ont même accédé aux commandes dans certains pays du Vieux continent.
En arrivant en tête des élections aux Pays-Bas, l’extrême-droite frappe un coup symbolique puisque ce pays fait partie du noyau fondateur de l’Union européenne avec les fameux Benelux (Belgique, Pays-Bas et Luxembourg).
Avancée de l’extrême-droite : combien
de temps la France tiendra-t-elle ?
En octobre 2022, c’est l’Italie, un des premiers membres de la CEE, ancêtre de l’UE, qui est tombée dans l’escarcelle de l’extrême-droite avec l’arrivée au pouvoir de Giorgia Meloni et son parti post-fasciste Fratelli d’Italia, à la tête d’une coalition comprenant deux autres formations populistes, la Ligue et Forza Italia. Avant l’Italie, l’extrême-droite dirigeait deux gouvernements de l’Union européenne, en Pologne et en Hongrie.
En Lettonie, Slovaquie et Finlande, ce courant participe à des coalitions gouvernementales, tandis qu’en Suède, il apporte son soutien au gouvernement sans y prendre part.
Partout en Europe, l’extrême-droite avance à pas sûrs, portée partout par le même populisme anti-migrants et antimusulmans.
En France, les analystes évoquent l’arrivée du Rassemblement national au pouvoir comme une éventualité qu’il serait imprudent d’écarter.
Le parti fondé au début des années 1970 par Jean-Marie Le Pen est devenu, sous l’impulsion de la fille de ce dernier, Marine, une des principales forces politiques de France.
Marine Le Pen s’est hissée au deuxième tour des deux dernières élections présidentielles (2017 et 2022) et aux législatives de 2022, son parti a raflé 88 sièges de députés.
Plus de 41 % des Français ont voté pour Marine Le Pen au second tour de la présidentielle de 2022, alors que certains sondages l’avaient même donnée au coude à coude avec le président sortant Emmanuel Macron.
Les analystes en sont arrivés à s’interroger sur le temps que tiendra encore la France, et avec elle toute l’Europe, face à l’avancée de l’extrême-droite eurosceptique et islamophobe.
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Leila Shahid " Vous n'allez pas me
raconter mon pays Darius ! On va vers
une seconde Nakba ! "
Leïla Shahid, ex déléguée générale de l'Autorité palestinienne en France et ambassadrice de Palestine ©Maxppp - Bruno Levesque
A 74 ans, Leila Shahid est toujours aussi sémillante lorsqu'il s'agit de défendre son pays. " Vous n'allez pas m'apprendre, me rappeler mon pays Darius " lance-t-elle à un Darius Rochebin décontenancé sur LCI. Et l'ancienne représentante de la Palestine de dénoncer la couverture médiatique en France totalement "déséquilibrée" de la tragédie qui se joue aujourd'hui au Proche-Orient : tout pour Israël, rien pour les Palestiniens. " Israël ne veut pas voir les Palestiniens ! " dénonce-t-elle avant d’avertir " On va vers une seconde Nakba ". Elle sait d'où elle parle, Leila, descendante de l'une des familles palestiniennes les plus prestigieuses et les plus impliquées dans le mouvement national du temps du mandat britannique, les Husseini. Une jeunesse d'anthropologue dans les camps de réfugiés palestiniens au Liban. Après les accords d'Oslo, en 1993 entre Israéliens et Palestiniens, Leila Shahid se rend partout où ont vécu les siens : à Jérusalem, bien sûr, où la grande maison de sa mère est occupée par des familles israéliennes ; à Charafat, près de Jérusalem, où se trouvait la maison de campagne ; à Saint-Jean-d'Acre, où est né son père ; à Haïfa, où il a grandi et où sa demeure est aujourd'hui un conservatoire de musique ; à Jéricho et ailleurs... "On peut déplacer les gens, mais les lieux gardent leur mémoire. La présence israélienne n'est pas arrivée à occulter la mémoire palestinienne." Non Darius, vous n'allez certainement pas lui apprendre son pays ! Je vous recommande cette interview particulièrement pêchue, Leila Shahid parle avec ses tripes.
Un ami algérien : vidéo du 21 octobre 2023
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Je suis tombé par hasard sur une série d’articles concernant la grande résistante Madeleine Riffaut que je vais vous présenter. Je me suis souvenu qu’en 2014 j’avais déjà parlé d’elle sur mon blog, dont voici le lien :
"Tous les combats de Madeleine Riffaud" Un article d’Alain Ruscio, historien - micheldandelot1
D'autre part tous les liens de cette couleur sont souvent des vidéos, merci de cliquer dessus.
Michel Dandelot
Au début du mois de septembre 2022, la grande résistante Madeleine Riffaud, 98 ans, a vécu un calvaire à l’Hôpital Lariboisière. Elle a été abandonnée sur un brancard sans manger pendant 24 heures. Dans cette tribune à l’intention de Nicolas Revel, Directeur de l’APHP, elle dénonce l’état révoltant de l’hôpital public.
Il y a deux semaines, j’ai dû me rendre aux urgences pour un examen important dû à un covid long, variant omicron.
Le SAMU m’a emmenée à l’hôpital Lariboisière, à midi et demi, le dimanche 4 septembre pour examens. Je me suis retrouvée couchée au milieu de malades qui hurlaient de douleur, de rage, d’abandon, que sais-je. Et les infirmières couraient là-dedans, débordées… Elles distribuaient des « J’arrive ! » et des « ça marche ! » « J’arrive, j’arrive ! ». Mais personne n’arrivait. Jamais.
Moi-même, j’ai mis douze heures pour obtenir la moitié d’un verre d’une eau douteuse. Tiède. Je suis restée 24 heures sur le même brancard, sans rien manger, dans un no man’s land. C’était Kafka.
Rendez-vous compte : je suis aveugle. Je sentais parfois qu’on emportait mon brancard, que je traversais une cour, peut-être ? Il faisait plus froid, c’est tout ce que je peux dire. Et puis on m’a laissée là, sans aucune affaire, sans moyen de communication avec mes proches (qu’on ne prévenait d’ailleurs pas de l’évolution de la situation, seul le docteur Christophe Prudhomme a pu avoir quelques nouvelles, je le remercie ici).
Étais-je dans un couloir ? Dans une salle commune ? Au bout d’un moment, j’ai vraiment cru que je devenais folle. Ah, si j’avais eu un appareil photo comme quand j’étais reporter de guerre… Si j’avais pu voir ce que j’entendais… Dès l’arrivée à l’hôpital, mon ambulance est passée devant des gens d’une absolue pauvreté, qui se plaignaient à grands cris d’avoir été refoulés.
Drogue ? Misère sociale ?
Ceux-là n’ont même pas été admis dans « le service-porte », la foire aux malades, l’antichambre de l’hôpital par où l’on accède aux urgences. Les infirmières, qui n’ont déjà pas assez de temps à consacrer aux malades admis entre les murs, les voient forcément quand elles vont prendre leur service.
Nul doute que leur vocation est réduite en charpie depuis longtemps. D’où les « Ça marche », les « J’arrive. » J’ai entendu ça toute la nuit.
Les infirmières et aides-soignants, je les connais bien, j’ai vécu parmi eux, je sais qu’elles auraient éperdument voulu arriver à s’occuper de chacun… Et surtout que l’hôpital marche.
Le lendemain après-midi, l’hôpital n’ayant pas de lit disponible pour moi, on m’a transférée dans une clinique privée, sans jamais avoir prévenu mes proches. J’étais la troisième âme errante que cette clinique réceptionnait ce jour-là.
J’avais déjà fait une enquête de l’intérieur en 1974, en m’engageant incognito comme aide-soignante dans un service de chirurgie cardio-vasculaire d’un hôpital parisien. J’avais aussi travaillé au SAMU dans le service du professeur Huguenard à l’hôpital Mondor. De cette immersion, j’ai publié le livre “Les linges de la nuit” qui s’est vendu à près d’un million d’exemplaires en 1974 (réédité chez Michel Laffont en 2021).
Hôpital d’il y a cinquante ans ou hôpital ultramoderne, les problèmes sont toujours les mêmes : manque de personnel qualifié, manque de crédit, l’écart se creuse entre la technique de la médecine de pointe et les moyens mis à sa disposition.
Après la sortie du livre, j’avais rencontré le directeur de l’Assistance Publique dans un face à face télévisé. Nous étions tombés d’accord sur tous les points ! Tout le monde est d’accord, sauf les gouvernements qui se suivent et qui, au mieux, ne bougent pas.
Nous avions été nombreux, au cours des années, à témoigner sur l’état lamentable de la santé. Durant tout ce temps, aucun dirigeant n’a voulu entendre. Si la pandémie de 2020 a changé quelque chose, c’est en mal : le personnel est épuisé. L’état les a tous abandonnés, soignants comme malades.
Ma mésaventure, c’est une histoire quotidienne dans l’hôpital en France.
Mon sort est celui de millions de Parisiens et de Français.
Ceux qui me connaissent savent que je n’ai jamais demandé de passe-droit de toute ma vie. Mon âge n’y change rien. Mais j’ai remarqué qu’il était presque une circonstance aggravante, et ce pour deux raisons :
1/ On pensait que j’étais trop vieille pour que ça vaille la peine de me soigner (réflexe pris lors de l’épidémie de covid ?).
2/ Dès que je parlais, on se disait que j’étais gâteuse et on pensait d’emblée que je racontais n’importe quoi… alors pas la peine de m’écouter.
Pourtant, j’ai une voix. Une voix qui ne s’en est jamais prise au personnel. Ça ne changera pas.
Évidemment, j’ai mal, mais je vais continuer à me bagarrer, comme d’habitude.
Moi, j’ai de la chance, j’ai des amis, et des confrères journalistes. Mais tous ces pauvres gens qui n’ont personne, que peuvent-ils faire ? Quand on entre dans le circuit infernal, quand on est aspirés dans le néant des urgences, on ne peut pas en sortir indemne. Parfois même, on n’en sort pas vivant… L’infirmier libéral qui vient à mon domicile m’a dit que c’était arrivé à un de ses patients, il y a trois semaines.
Si je peux être leur voix – comme Aubrac m’avait demandé d’être l’une de celle de la Résistance – alors je le serai.
J’ai encore un peu de force, c’est pour la donner !
Madeleine Riffaud
Paris, le 19 septembre 2022
Pénurie de soignants :
la résistante Madeleine Riffaud condamnée à patienter 24h sur un brancard sans manger à l'hôpital
Elle est nulle la politique macronienne
et ses complices
de droite et d’extrême droite
- L'hôpital Laribroisière à Paris. Capture d'écran Google Maps
La résistance et historienne Maleleine Riffaud a passé 24h aux urgences de l'hôpital de Lariboisière sur un brancard avant d'être prise en charge. Elle a publié une lettre ouverte au directeur de l'AP-HP.
Madeleine Riffaud a vécu un véritable calvaire. Cette résistance de la Seconde Guerre mondiale, âgée de 98 ans, poète, journaliste et historienne, a passé 24 heures aux urgences de l'hôpital de Lariboisière sans être prise en charge.
Dans la revue Commune, elle publie une longue lettre ouverte au directeur de l'AP-HP (Assistance Publique-Hôpitaux de Paris), Nicolas Revel, dans laquelle elle dénonce "l'état lamentable du secteur de la santé".
Le 4 septembre dernier, elle se rend aux urgences de l'hôpital parisien pour un examen important suite à un Covid long. À son arrivée, elle est obligée d'attendre dans un couloir tandis que les infirmières courent, sans la prendre en charge. "Elles distribuaient des 'j'arrive!' [...] mais personne n'arrivait." confie-t-elle. Son seul répit : un verre d'eau qu'on lui tend au bout de 12 heures d'attente.
"Je suis restée vingt-quatre heures sur le même brancard, sans rien manger, dans un no man's land" souligne-t-elle.
À bout de forces, la nonagénaire sera transférée dans une clinique privée, au lendemain de son admission à l'hôpital. Par son témoignage, Madeleine Riffaud profite de l'occasion pour tirer la sonnette d'alarme.
"Les problèmes sont toujours les mêmes [...] Tout le monde est d'accord, sauf les gouvernements qui se suivent et qui, au mieux, ne bougent pas".
Selon elle, la crise sanitaire n'a fait qu'aggraver la prise en charge des patients dont "parfois même, on n'en sort pas vivant". La semaine dernière, un patient de 81 ans est décédé au milieu des urgences de Strasbourg, après avoir attendu plus de vingt heures.
Par cette lettre ouverte, cette ancienne résistante décide de faire du manque de moyens des personnels soignants un combat. "J'ai encore un peu de force, c'est pour la donner." Pour l'heure, le directeur de l'établissement, Nicolas Revel ne s'est pas exprimé.
TOUS LES COMBATS
DE MADELEINE RIFFAUD
à l’occasion du 90 ème anniversaire de Madeleine Riffaud, j’ai écrit ce petit texte
Alain Ruscio
le 30 août 2014Ce 23 août, Madeleine Riffaud – mais elle est, elle reste, pour des milliers de ses amis, Madeleine, tout simplement – a 90 ans. La connaissant, nous savons déjà que nous allons subir ses foudres, pour ne pas dire plus, de rappeler ce simple fait. « Je n‘ai jamais fêté mes anniversaires, ce n’est pas maintenant que je vais commencer ». Et pourtant, Madeleine doit l’accepter : son destin appartient un peu à la grande communauté de ses amis, de ses camarades. Et nous avons bien le droit, nous, de saisir chaque occasion pour lui dire combien nous l’aimons, nous l’admirons.
Un jeune cinéaste franco-vietnamien, Philippe Rostan, avait réalisé il y a quelques années un film remarqué, « Les trois guerres de Madeleine Riffaud » (Résistance, Algérie, Vietnam). Nous pourrions ajouter : … et tout le reste, alors ?
Elle a dix-huit ans lorsqu’elle établit le contact avec la Résistance à la Fac de Médecine de Paris. Elle y adopte le nom de guerre de Rainer (clin d’œil internationaliste au grand poète allemand Rainer Maria Rilke). Et son courage amène ses camarades de lutte à lui confier des missions de plus en plus périlleuses.
En 1944, alors que la Wehrmacht est partout en recul, la Résistance décide de franchir un cran dans la lutte armée dans la capitale, avant l’arrivée des troupes alliées. « Nous voulions que Paris se libère elle-même », rappelle-t-elle ( « Madeleine Riffaud toujours en Résistance » , film de Jorge Amat).
Elle est volontaire pour une mission périlleuse : abattre un officier allemand. Elle passe à l’acte sur le pont de Solferino.
« Neuf balles dans mon chargeur / Pour venger tous mes frères / Ça fait mal de tuer / C’est la première fois / Sept balles dans mon chargeur / C’était si simple / L’homme qui tirait l’autre nuit / C’était moi ».
Arrêtée par un milicien, livrée à la Gestapo, torturée, condamnée à mort, elle échappe in extremis au peloton d’exécution, grâce à un échange de prisonniers. Cela se passe le 19 août, au moment précis où commence l’ultime combat pour la libération de Paris.
Madeleine, qui a rang d’officier FTP, rejoint son groupe, Saint-Just (quel plus beau nom trouver ?), dont elle prend le commandement. Le 23 août, ce groupe prend d’assaut et bloque un train blindé allemand, au tunnel des Buttes-Chaumont. 23 août 1944 ? Le jour de ses vingt ans. Mais pour elle, pas de trêve : le 25 elle est, toujours à la tête de sa compagnie, à l’assaut du tout dernier bastion allemand, la caserne de la place de la République.
C’est ce jour-là que de Gaulle prononce sa célèbre phrase « Paris outragé ! Paris brisé ! Paris martyrisé ! mais Paris libéré !... ». Libéré par son peuple, oui. Mais à ce moment Michel Tagrine, jeune héros FTP de 22 ans, compagnon d’armes de Madeleine, vient d’être fauché, l’un des derniers martyrs de la Libération.
Ce soir-là, raconte Madeleine, alors que tout Paris riait, nous, ses compagnons d’armes, pleurions comme des gosses… Cette première expérience exceptionnelle, cette Résistance d’une très jeune femme, sera plus tard contée par elle sous le titre « On l’appelait Rainer ».C’est ensuite, après la Libération, une nouvelle vie, le tourbillon un peu fou de la victoire, d’un début de célébrité. « Je suis tombée dans la légalité comme on plonge les fesses dans un seau d’eau froide », dit-elle (film Jorge Amat).
Elle rencontre les dirigeants du PCF, fait la connaissance d’Eluard, de Picasso (qui fera plus tard son portrait), d’Aragon, de Vercors, à qui elle voue depuis une grande admiration. Elle devient l’épouse de Pierre Daix, un autre héros de la Résistance, dont elle se séparera dès 1947.
Madeleine dit : « À cette époque, je ne savais que manipuler les armes ». Trop de modestie ! Il n’y a pas que cela : elle écrit. Des poèmes. Et magnifiquement. Son premier ouvrage, « Le poing fermé » , est préfacé par Paul Eluard.Simultanément, elle choisit la carrière journalistique. Elle entre à « Ce Soir », alors l’un des grands quotidiens progressistes français, dirigé par Aragon. Elle y croise une grande, grande dame, qui sera d’une influence déterminante sur le cours de sa vie : Andrée Viollis, naguère auteure de « SOS Indochine » (1935).
Andrée Viollis lui présente alors Ho Chi Minh, en visite officielle en France pour tenter d’éviter le déclenchement de la guerre d’Indochine – ce qu’il ne parviendra pas à faire. Madeleine a gardé un souvenir ému de cette première rencontre (il y en eut tant d’autres !). L’oncle Ho lui dit : « Ma fille, le journalisme est un métier. Apprends, apprends, puis ensuite viens me voir dans mon pays ». Ce qu’elle fit dix ans plus tard.
Entre temps, de « Ce Soir », elle est passée à « La Vie ouvrière », où elle participe, par la plume, aux campagnes de la CGT (appel de Stockholm, luttes contre la guerre d’Indochine, notamment lors de l’affaire Henri Martin).
Elle trouve pourtant, toujours, le temps de poursuivre une carrière littéraire ( « Le courage d’aimer » , recueil de poésies, « Les baguettes de jade » , récit romancé des rencontres faites avec la délégation vietnamienne, notamment du poète Nguyen Dinh Thi, lors du Festival de Berlin, en 1951).La guerre « française » d’Indochine, justement, s’achève. Madeleine avait été de ceux qui, depuis le début, avaient soutenu l’indépendance du Vietnam, avaient prédit les impasses tragiques de la politique française. Dien Bien Phu leur donna raison.
Madeleine est volontaire pour partir, toujours pour la « VO », couvrir les tout premiers temps de l’existence du nouvel État indépendant vietnamien, installé à Hanoi. Mais aussi, pourquoi le masquer, pour retrouver Nguyen Dinh Thi. Elle passera là, sans doute, les plus belles années de sa vie, au milieu de ce peuple qui alors commence la reconstruction, croyant éviter une seconde guerre, contre les Etats-Unis cette fois.
Sa proximité avec Ho Chi Minh est une chose connue de tous. Pour beaucoup, Madeleine est un peu « la fille française de l’Oncle ». Épisode heureux, épisode trop court. « Ta place est en France, pour y éclairer ton peuple, pour y participer aux luttes », lui dit alors Ho. Grandeurs et douleurs de l’engagement…Nous sommes alors en 1956. Depuis deux ans, une nouvelle épreuve vient de commencer. L’aveuglement colonialiste, qui n’a aucune limite, amène les dirigeants français à engager le pays dans une nouvelle guerre, en Algérie.
C’est pour « L’Humanité », cette fois, que Madeleine va reprendre le combat. Elle intègre l’équipe prestigieuse de la rubrique internationale, dirigée par Pierre Courtade, où elle se fera des amitiés définitives, les si regrettés Yves Moreau, Robert Lambotte, Jean-Émile Vidal, François Lescure… Madeleine va partager tous les combats de ce journal.
De Paris, elle écrit des pages émouvantes (qui a pu oublier son « Adieu aux martyrs de Charonne » ? ses polémiques, elle l’ancienne Résistante, avec l’ex collabo Papon, devenu préfet de police ?).
Mais ce diable de femme n’aime que le terrain. Avec l’accord de son journal, elle part, clandestinement, en Algérie, avec les dangers encourus que l’on imagine, en cette période où les « ultras » de l’Algérie française haïssent les journalistes de métropole et tout ce qui ressemble à la gauche. Alors, une journaliste communiste…
Elle échappe d’ailleurs miraculeusement à un attentat de l’OAS mais est gravement blessée.La guerre d’Algérie se terminant comme la précédente, en Indochine, par l’accès à l’indépendance du peuple colonisé, Madeleine est de retour à Paris.
Pas pour longtemps. Le cycle infernal des guerres menées par l’Occident contre la liberté des peuples ne cessant pas, c’est de nouveau sur le Vietnam que l’actualité braque ses projecteurs. Là, les Etats-Unis prenant le relais de la France coloniale – c’est l’époque où le monde ne voit que le beau sourire de Kennedy, oubliant un peu vite l’impérialisme américain–, ont décidé d’ériger une barrière « contre le communisme », en fait d’interdire au peuple vietnamien de s’unir et de choisir son destin.
Madeleine, qui a évidemment gardé le Vietnam au cœur, y repart, toujours pour « L’Humanité ». Ce journal aura alors sur place un tandem d’exception : Charles Fourniau, historien devenu un temps journaliste, pour les analyses de fond, les éclairages indispensables, Madeleine Riffaud pour le vécu, la sensibilité. Madeleine l’intrépide est sur le terrain, parmi ses sœurs et ses frères vietnamiens, au sud « Dans les maquis Vietcong » (titre d’un ouvrage paru en 1965 reprenant ses reportages) ou « Au Nord-Vietnam : écrit sous les bombes » (autre ouvrage, 1967).
Ses reportages d’ailleurs dépassent largement le lectorat habituel de « l’Huma ». Ses textes sont traduits dans plusieurs langues, les micros se tendent vers elle à chaque nouvelle étape de la lutte du peuple vietnamien.
Enfin, Madeleine ne sait pas seulement écrire : elle parle. Tous ceux (une génération entière !) qui sont venus l’écouter à la Mutualité raconter, toujours avec des détails choisis, significatifs, teintés souvent d’humour, le quotidien de la résistance du Vietnam, n’ont pu oublier la sensation de cette femme, apparemment frêle, à l’héroïsme (elle n’aime pas, mais pas du tout, le mot) tranquille, parlant simplement des dangers encourus.Cette phase américaine de la guerre du Vietnam s’achève en 1975. Madeleine, à sa place, celle d’une journaliste-écrivain-témoin d’exception, y a contribué. Les « trois guerres de Madeleine Riffaud » s’achèvent. On pourrait plus précisément dire les « trois victoires partagées » …
Madeleine continue ensuite ses combats humanistes de mille manières. L’une d’entre elle est de se couler incognito, durant plusieurs mois, dans la peau d’une aide-soignante, de connaître là encore de l’intérieur le travail, les luttes, les espoirs et parfois les désespoirs du personnel hospitalier. Au terme de cette expérience naîtra un livre-choc, lu encore aujourd’hui, sur la vie quotidienne de ces autres héroïnes, « Les linges de la nuit » .
Même si les années ont passé, elle est encore et toujours active. L’un des derniers témoins de la Libération de Paris, elle est très sollicitée, en ce 70 ème anniversaire de ce grand événement. Et le Vietnam, toujours, la taraude…
On l’a vue il y a quelque temps, sur le parvis des Droits de l’Homme, aux côtés d’Henri Martin, dénoncer les effets terribles de l’Agent orange, aujourd’hui encore, sur les enfants de ce pays.
Elle était présente, parlant debout, droite, une heure durant, lors de la soirée d’hommage qui fut rendue récemment au Centre culturel vietnamien, à elle-même, à Raymonde Dien elle aussi présente, et à Henri Martin.Alors, oui, nous savons que nous allons nous faire houspiller. Mais nous prenons le risque de dire, avec tant d’autres : « Bon anniversaire, Madeleine » .
DE MADELEINE RIFFAUD
film de Philippe Rostan
2010
extraits - 12:21Résistante pendant la Seconde Guerre mondiale puis journaliste engagée sur le front de la décolonisation, Madeleine Riffaud raconte ses engagements qui la mèneront à couvrir trois guerres : Indochine, Algérie, Vietnam.
Ce film a remporté une Etoile de la Scam en 2011
et le Grand Prix du Film Documentaire au Festival d’Alger en 2012Cliquez sur "Regarder sur Youtube"
Seconde Guerre mondiale :
le parcours de Madeleine Riffaud une résistante encore en vie raconté en bande dessinée
Madeleine Riffaud, 97 ans, est l'une des dernières résistantes de la Seconde Guerre mondiale encore en vie. À seulement 17 ans, elle s'était engagée contre l'occupation nazie. Une bande dessinée qui retrace le parcours de cette héroïne vient de sortir.
Elle s'appelle Madeleine Riffaud. À 97 ans, elle est l'une des dernières résistantes vivantes. Après quatre années de travail, une partie de sa vie est racontée dans une bande dessinée. Celle-ci retrace son parcours depuis son engagement dans la Résistance qui a commencé lorsqu'elle était adolescente, précipitée après l'humiliation d'un officier allemand. "Il m'a foutu un coup de pied au cul, il m'a envoyée valser à 2 mètres", raconte-t-elle.
À 19 ans, elle tue un militaire allemand
Alors engagée dans la Résistance, à 19 ans, elle tue de sang-froid un militaire allemand en juillet 1944 en plein cœur de Paris, pour inciter les habitants à se lever contre l'occupant. "On regrette toujours d'avoir ôté la vie à quelqu'un", déclare-t-elle aujourd'hui. Torturée par la Gestapo, elle contribue à la libération de Paris puis devient grand reporter. Longtemps, elle n'évoque pas ses actes de résistance. Pour réaliser cette bande-dessinée, elle a ouvert ses archives personnelles. "C'est une vie d'aventures incroyables", commente Jean-David Morvan, scénariste de la BD La Rose Dégoupillée (éditions Dupuis).
Cliquez sur "Regarder sur Youtube"
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Collectif national pour une Paix Juste
et Durable entre Palestiniens
et Israéliens - Paris
Rassemblement / Halte au massacre
à Gaza ! La France doit exiger
un cessez-le-feu immédiat
L’armée israélienne soumet la Bande de Gaza à des bombardements d’une violence inouïe et à un blocus total qui prive la population d’eau, de nourriture, de médicaments. Les hôpitaux, lorsqu’ils fonctionnent, opèrent aujourd’hui sans anesthésiques.
En Cisjordanie occupée, la population palestinienne est soumise à la violence redoublée de l’armée et des colons ainsi qu’à un bouclage du territoire.
Nous demandons un cessez-le-feu immédiat à Gaza, la fin des bombardements, des offensives terrestres et des déplacements forcés de populations, ainsi que la levée immédiate du blocus. Nous exigeons que la France s’engage activement dans ce sens.
Nous rendons hommage à l’ensemble des populations civiles, palestiniennes et israéliennes, victimes de crimes de guerre. Chaque vie compte.
Une paix juste et durable ne sera possible que dans le cadre de la reconnaissance des droits du peuple palestinien, de l’arrêt de la colonisation et de la fin de l’occupation israélienne, dans le respect de l’ensemble des résolutions de l’ONU.
Cessez-le feu immédiat !
Arrêt des bombardements et des déplacements forcés de la population !
Levée immédiate du blocus !
Protection du peuple palestinien à Gaza et en Cisjordanie !Les libertés d’expression et de manifestation, libertés démocratiques fondamentales, doivent être respectées.
À Paris, nous appelons à un rassemblement le jeudi 23 Novembre à 12h30 – esplanade Métro Invalides
Paris, le 22 novembre 2023
Membres du Collectif National pour une Paix Juste et Durable entre Palestiniens et Israéliens signataires de l’appel :
Agir Contre le Colonialisme Aujourd’hui (ACCA) - AFD International – AILES Femmes du Maroc - Américains contre la guerre (AAW) - Association des Travailleurs Maghrébins de France (ATMF) - Association des Tunisiens en France (ATF) - Association France Palestine Solidarité (AFPS) - Association Nationale des Elus Communistes et Républicains (ANECR) - Association pour la Taxation des Transactions financières et pour l’Action Citoyenne (ATTAC) - Association pour les Jumelages entre les camps de réfugiés Palestiniens et les villes Françaises (AJPF) - Association des Universitaires pour le Respect du Droit International en Palestine (AURDIP) - Cedetim / IPAM - Collectif des Musulmans de France (CMF) - Collectif Faty Koumba : Association des Libertés, Droits de l’Homme et non-violence - Collectif Judéo-Arabe et Citoyen pour la Palestine (CJACP) - Collectif Paix Palestine Israël (CPPI Saint-Denis) - Comité de Vigilance pour une Paix Réelle au Proche-Orient (CVPR PO) - Comité Justice et Paix en Palestine et au Proche-Orient du 5e arrt (CJPP5) - Confédération générale du Travail (CGT) - Droit-Solidarité – Ensemble ! Mouvement pour une alternative de gauche écologiste et solidaire - Europe Ecologie les Verts (EELV) – Fédération des Tunisiens pour une Citoyenneté des deux Rives (FTCR) – Fédération Syndicale Unitaire (FSU) - Forum Palestine Citoyenneté –La Courneuve-Palestine – La France Insoumise (LFI) - le Mouvement de la Paix - les Femmes en noir (FEN) - Ligue Internationale des Femmes pour la Paix et la Liberté, section française de la Women’s International League for Peace and Freedom (WILPF) (LIFPL) - Mouvement contre le Racisme et pour l’Amitié entre les Peuples (MRAP) - Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA) - Organisation de Femmes Egalité - Parti Communiste des Ouvriers de France (PCOF) - Parti Communiste Français (PCF) - Parti de Gauche (PG) - Participation et Spiritualité Musulmanes (PSM) –Sortir du colonialisme - Union des communistes libertaires (UCL) - Union des Travailleurs Immigrés Tunisiens (UTIT) – Union Juive Française pour la Paix (UJFP) -Union Nationale des Etudiants de France (UNEF) - Union syndicale SolidairesAvec le soutien de
Assemblée Citoyenne des Originaires de Turquie (ACORT) - Agir pour le changement et la démocratie en Algérie (ACDA) - APEL Égalité - Association de défense des droits de l’homme au Maroc (ASDHOM) - Association Démocratique Des Tunisiens en France (ADTF) - Association des Amis d’Alger Républicain - Association des Etudiants Burkinabè en France (AEBF) - Association des Familles des Prisonniers et Disparus Sahraouis (AFAPREDESA) - Association des Marocains en France (AMF) - Association des Pieds Noirs Progressistes et Amis (ANPNPA) - Association Medina - Association Nationale des Communistes (ANC) - Campagne BDS France - Comité de citoyens algériens en France pour une Assemblée constituant souveraine (CCAF-PACS) - Comité pour le Respect des libertés et des Droits de l’Homme en Tunisie (CRLDHT) - Syndicat CNT-F (Confédération nationale du travail) - Coudes à Coudes – Dernière rénovation - Droit au logement (DAL) – Fédération des Associations de Solidarité avec Tou·te·s les Immigré·e·s (FASTI) - Fédération des associations des travailleurs et des jeunes issus de l’immigration turque et kurde (DIDF) - Fondation Frantz Fanon - Gauche démocratique et Sociale (GDS) - Génération.s - La Gauche Ecosocialiste - La relève féministe - Les Amis d’Alger Républicain - Libérons l’Algérie - Mouvement Burkinabè de Défense des Droits de l’Homme et des Peuples - section France (MBDHP-France) - Le mouvement des mères isolées – Mouvement National Lycéen (MNL) - Organisation Démocratique de la Jeunesse du Burkina Faso - section France (ODJ) - Le Parti ouvrier indépendant (POI) - Per a Pace, Pour la Paix - Pour une écologie populaire et sociale (Peps) – 4ACG - Réseau Euro-Maghrébin Citoyenneté et Culture (REMCC) - La Révolution Ecologique pour le Vivant (REV) – Riposte internationale - Ruptures - Le syndicat national lycéen (SNL) - Union étudiante – Union Syndicale Lycéenne (USL)Et de
Fayçal BEN ABDALLAH, Président de la FTCR ; Sophie Bessis, historienne ; Maurice Buttin, Président par intérim du « Comité de Vigilance pour une Paix Réelle au Proche-Orient » (CVPR PO) ; Mouhieddine CHERBIB, Président du CRLDHT ; Kamel Jendoubi, Président du Groupe d’éminents experts des Nations Unies chargé du Yémen, 2018-2021 ; Khadija Mohsen-Finan, politologue« Tous ceux qui ne travaillent pas
à la paix sont coupables »
Anwar Abu Eisheh, ancien ministre de la culture de l’Autorité palestinienne, membre du Fatah et professeur de droit à l’université Al-Quds, est l’invité de #LaMidinale.
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Gaza : entre pénuries
et bombardements, l'exode forcé
À quoi assiste-t-on à Gaza ? À travers les images et le témoignage de Mohamed El Saife, notre journaliste sur place, Blast vous raconte ce que subissent les populations civiles de Gaza. Entre pénurie de nourriture et hôpitaux bombardés, il ne reste plus que l'exode pour les Palestiniens qui veulent survivre. Pour aller où et jusqu'à quand ?
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France-Algérie : la commission
d’historiens sur la colonisation
se réunit à Constantine
C’est la première fois que le groupe de dix scientifiques, coprésidé par Benjamin Stora et Mohamed Lahcen Zighidi, va se rencontrer en Algérie, quinze mois après sa création.
Archive du 19 mars 1962 annonçant le cessez-le-feu en Algérie ouvrant la voie aux accords d’Evian qui mettront fin à la guerre d’Algérie et à la colonisation française. - / AFP
Une commission d’historiens français et algériens mise sur place pour travailler sur la colonisation française et la guerre doit se réunir, mercredi 22 novembre, à Constantine, en Algérie, pour la première fois depuis sa création en août 2022, selon une source proche du dossier.
La mise en place de cette instance de dix membres avait été annoncée à Alger par les présidents français Emmanuel Macron et algérien Abdelmadjid Tebboune. L’idée est d’aborder le sujet « sans tabou, avec une volonté (…) d’accès complet à nos archives », avait alors souligné le dirigeant français. Il s’agit pour les deux pays de « regarder ensemble cette période historique » du début de la colonisation française (1830) jusqu’à la fin de la guerre d’indépendance (1962).
Politique d’apaisement
La commission s’était réunie une première fois en avril par visioconférence, puis à Paris en juin. Elle rassemble cinq historiens français : Benjamin Stora, également coprésident de la commission ; Florence Hudowitz, conservatrice au MuCEM ; le professeur des universités Jacques Frémeaux ainsi que les historiens et enseignants universitaires Jean-Jacques Jordi et Tramor Quemeneur.
Côté algérien, l’instance est coprésidée par l’historien Mohamed Lahcen Zighidi, rejoint depuis novembre 2022 par les historiens Mohamed El-Korso, Idir Hachi, Abdelaziz Fillali et Djamel Yahiaoui pour faire partie de cette commission.
Sa mise en place s’inscrit dans la politique d’apaisement voulue par Emmanuel Macron durant son premier quinquennat, après les recommandations du rapport de Benjamin Stora sur le conflit mémoriel entre l’Algérie et la France sur le passé colonial. Mais la relation entre les deux pays reste difficile et empreinte de malentendus et de non-dits.
Le Monde avec AFPSOURCE : France-Algérie : la commission d’historiens sur la colonisation se réunit à Constantine (lemonde.fr)
La relation entre la France
et l’Algérie reste difficile
et empreinte de malentendus
et de non-dits.
A titre d’exemple en ce qui concerne les non-dits en voici un :
La petite de Ferruch : le roman d'un magistrat
français évoque les viols pendant la guerre
d'Algérie
Longtemps ignorés ou occultés des histoires de la guerre, les viols sont un sujet tabou dont on parle si peu. Pourtant, pendant la guerre de libération algérienne, des témoignages écrits ou oraux d’anciens acteurs de cet épisode de l'histoire de l'Algérie évoquent ces mauvais traitements. Des viols ignorés par les autorités françaises et peu évoqués par les Algériens.
Ainsi, la question des agressions et tortures sexuelles commises de manière quasi systématique par certains soldats français demeure l’angle mort des recherches historiques dans les deux pays. Cependant, certaines femmes ont osé témoigner des sévices qu'elles ont subis pendant cette guerre où les Français n'ont pas hésité à utiliser tous les moyens pour briser la résistance des Algériens.
Louisette Ighilahriz est l'une de ces femmes qui ont brisé le silence sur cette question. « J’étais allongée nue, toujours nue […] Dès que j’entendais le bruit de leurs bottes, je me mettais à trembler […] Le plus dur, c'est de tenir les premiers jours, de s’habituer à la douleur. Après, on se détache mentalement. C’est un peu comme si le corps se mettait à flotter », avait-elle raconté. En témoignant, cette femme courageuse s'attendait à briser la loi du silence sur les viols commis par l'armée française. « Il fallait que je partage un fardeau trop lourd pour moi. En mettant les mots sur mes maux, je pensais trouver un apaisement. Je suis juste un peu amère, car je m’attendais à une libération de la parole, elle ne s’est pas produite », avait-elle affirmé.
Même le rapport de Benjamin Stora ne parle pas de viols
pendant la guerre d'Algérie
Yvon Ollivier, magistrat en poste au tribunal judiciaire de Nantes, est l’auteur d’une dizaine d’ouvrages. | OUEST FRANCE
63 ans après l'indépendance de l'Algérie, le sujet reste peu évoqué. Certaines Algériennes ont même emporté le lourd secret dans leurs tombes. Le magistrat nantais de 56 ans Yvon Ollivier a évoqué cette question dans son nouveau roman qui porte le titre La Petite de Ferruch. Un ouvrage dans lequel ce magistrat parle des agressions sexuelles commises pendant la guerre d’Algérie et de la maltraitance des enfants. Le roman s'articule sur la quête d'un homme qui cherche à comprendre d’où il vient. Yvon Ollivier explore dans son nouveau roman La Petite de Ferruch, publié aux éditions Complicités, certains mécanismes humains complexes et étonnants.
Il revient dans les colonnes du journal Sud-Ouest sur ce roman, mais surtout sur la question des viols pendant la colonisation française, notamment pendant la Révolution algérienne. « On a du mal à penser le viol par les militaires. C’est arrivé pendant la guerre d’Algérie, évidemment. Mais on n’en parle pas. Aucun mot dans le rapport Stora sur la colonisation », affirme le magistrat qui s’intéresse depuis longtemps au concept de déshumanisation ordinaire, « la déshumanisation que l’on ne voit plus en ce qu’elle est conforme au système de pensée », constate l'auteur de La petite de Ferruch. « C'est qu’il est impossible de parler de ces choses-là », considère Yvon Ollivier qui n'a, à aucun moment, utilisé le mot viol dans son roman.
SOURCE : Un roman évoque les viols durant la Guerre d'Algérie (observalgerie.com)
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Les Palestiniens victimes
d’un « nettoyage ethnique »
Gérard Araud, ancien ambassadeur de France en Israël et aux États-Unis, l’affirme sans ambages : un « nettoyage ethnique » insidieux mais bien réel est en cours au détriment des Palestiniens de Cisjordanie ancrés dans cette terre depuis des millénaires. Et l’Occident fait mine de ne pas s’en rendre compte…
À deux reprises – sur la chaîne de télévision LCI le mardi 14 novembre, puis lors d’une audition à l’Assemblée Nationale le mercredi 15 novembre – l’ancien diplomate, expert de la situation politique du Proche Orient, a clairement qualifié de « nettoyage ethnique au détail » ce qu’il se passe actuellement en Cisjordanie. Or n’en déplaise au député franco-israélien et ami personnel de Benyamin Netanyahou Meyer Habib – le lobbyiste le plus actif d’Israël en France –, force est de constater que les colons juifs poursuivent, avec une effarante détermination dénuée de toute forme de scrupule, leur fuite en avant spoliatrice en continuant de faire main basse sur les terres palestiniennes.
Selon Gérard Araud, les colons israéliens de Cisjordanie mettent en effet à profit les évènements de Gaza « pour se débarrasser d’un village gênant, d’une agglomération, voire d’une famille ». Et pour parvenir à leurs fins « se livrent à des violences aux dépens des Palestiniens » de la région. Des constats pour le moins choquants que confirme à l’AFP l’agriculteur militant palestinien Jaber Dababsi : « Ils utilisent la guerre comme prétexte pour vider nos maisons et s’approprier nos terres ». Et cela au prix de la douleur et du sang des Palestiniens : près de 200 d’entre eux ont été tués depuis le 7 octobre, soit par les colons eux-mêmes, soit par des soldats israéliens en soutien de leurs exactions.
Connu pour son franc-parler, Gérard Araud a également qualifié Israël d’« état d’apartheid ». Entre cette accusation, hélas ! étayée par de nombreuses discriminations à l’égard des Palestiniens, et celle de « nettoyage ethnique », on n’est pas très loin de l’accusation d’« état fasciste ». D’ores et déjà, elle est proférée ici et là, et trouve sa justification dans le projet de « mise en œuvre de l’annexion de la Cisjordanie », publiquement théorisée par le Likoud dès 2017. Et cela avant même que le gouvernement israélien ne soit de facto placé sous l’influence des plus extrémistes des religieux et des plus radicaux partisans de la colonisation de la Cisjordanie.
« En aucune façon, nous n’accepterons de devenir fascistes et racistes », clamaient en janvier 2023 des opposants au gouvernement de Netanyahou, soucieux de constater les inquiétantes dérives du pouvoir en place. Encore membre du gouvernement il y a moins d’un an, Avigdor Liberman – ancien membre du Likoud - a très bien illustré ce que pensent, à défaut de le dire ouvertement, les plus extrémistes de ceux qui encouragent la dérive fasciste dans les allées du pouvoir : « Les Israéliens arabes n’ont pas leur place ici ; ils peuvent prendre leur baluchon et disparaître ». Liberman est même allé plus loin en affirmant : « Ceux qui sont contre nous méritent d’être décapités à la hache » !
Pousser les Palestiniens de Cisjordanie (et même les Israéliens arabes qui disposent pourtant sur le papier des mêmes droits) vers la sortie du pays – qu’ils aillent au Liban, en Jordanie ou même au diable – pour accaparer définitivement leurs biens est clairement l’objectif des tenants d’un État d’Israël élargi et placé dans les seules mains des Juifs. Et ce ne sont ni Itamar Ben-Gvir, ministre de la Sécurité nationale, ni Bezalel Smotrich, ministre des Finances, tous deux issus du Parti sioniste religieux – des extrémistes qui promeuvent en toutes occasions le suprémacisme et la colonisation sans le moindre état d’âme – qui introduiront de la mesure dans la prise de décision gouvernementale.
« Mon droit, ainsi que celui de ma femme et de mes enfants, de circuler en Cisjordanie est plus important que celui des Arabes », affirmait Ben-Gvir au mois d’août sans être démenti par Netanyahou. De son côté, son ami Smotrich se vante ouvertement d’être un « fasciste homophobe », partisan d’une annexion pure et simple de la Cisjordanie. Mais quid de Gaza qui n’a jamais fait partie d’Eretz Israël ? La question n’est pas tranchée, mais la légitime réplique de l’État hébreu aux atroces crimes terroristes commis par le Hamas le 7 octobre offre une belle occasion aux faucons d’imposer à ce territoire des destructions massives et d’effrayants massacres sous la forme d’une Loi du talion exercée à la puissance 10.
Dès lors, où peuvent aller les Gazaouis ? L’Égypte ne veut pas d’eux, le nord de l’enclave est presque totalement réduit à l’état de ruines, et Israël a entrepris de bombarder le sud. La nasse ne cesse de se refermer sur une population qui compte, chaque jour, toujours plus de morts, notamment parmi les enfants, les femmes et les vieillards. Qu’à cela ne tienne, Yoav Gallant, le ministre de la Défense, affirmait le 10 octobre être déterminé à « combattre des animaux humains » (comprendre les militants du Hamas). Il est en passe de réussir à en éliminer quelques-uns dont on retrouvera les cadavres au milieu de ceux de milliers de Gazaouis n’ayant jamais touché une arme de leur vie ni menacé le moindre Juif israélien !
Peut-on parler à propos d’Israël de « nettoyage ethnique », de « dérive fasciste » ? À chacun d’en juger...
IL FAIT FUIR MEYER HABIB
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La destruction de Gaza
doit cesser
Des habitants de la ville de Gaza fuient vers le sud de l’enclave, le 18 novembre 2023.© Fournis par Le Monde
Déjà exsangues par seize années d’un impitoyable blocus, les 2 millions de Palestiniens vivant dans la bande de Gaza subissent depuis six semaines les frappes et les opérations de l’armée israélienne sur leur sol. Alors que les preuves de l’éradication des responsables du Hamas tardent à se manifester, les civils se retrouvent privés de tout, condamnés à l’errance.
Au quarante-cinquième jour de la guerre déclenchée par les massacres du Hamas contre des civils israéliens, le constat est implacable : les Palestiniens de Gaza ne comptent pas. Aux yeux des miliciens, tout d’abord, qui ont lancé leur attaque et leurs prises d’otages sans aucune considération pour leurs conséquences. A ceux de l’armée israélienne, ensuite, lancée dans un objectif, l’éradication du mouvement islamiste, auquel est subordonné le sort de plus de 2 millions de civils, aussi fragiles et démunis soient-ils. Aux yeux des alliés occidentaux de l’Etat hébreu, enfin, qui continuent de juger, à quelques toussotements près, que ce prix à payer est somme toute acceptable.
Depuis que les militaires israéliens ont pris le contrôle de la moitié nord de Gaza, les preuves de l’éradication du Hamas tardent à se manifester. Celles de la destruction de quartiers entiers de la plus grande ville palestinienne, en revanche, sont à la disposition de qui veut bien les voir, en dépit du huis clos imposé par Israël. Le cas de la ville de Gaza n’est pas unique. Partout, dans la partie investie par l’armée israélienne, l’assaut contre les miliciens et leurs infrastructures se solde en milliers de morts, un chiffre dont les autorités américaines ne doutent plus, et en milliers de bâtiments rasés ou sérieusement endommagés, notamment dans les camps de réfugiés.
Traumatisme de la Nakba
Réseaux d’eau et d’électricité, voirie, écoles, hôpitaux, rien n’échappe aux frappes ou aux opérations israéliennes qui ont culminé avec la prise de l’hôpital Al-Shifa, qualifié depuis de « zone de mort » par l’Organisation mondiale de la santé. Les autorités israéliennes assurent qu’il ne faut y voir nul esprit de vengeance après les massacres du 7 octobre. Le motif de la présence suspectée ou avérée de miliciens ou de tunnels sert de justification générique aux destructions ou à la mise à l’arrêt d’infrastructures de santé cruciales en temps de guerre. Comment décrire autrement, pourtant, le travail méthodique qui fait que la moitié des bâtiments de Gaza, dont la densité de la population est l’une des plus élevées au monde, est désormais détruite ou endommagée, selon des estimations concordantes.
Les Palestiniens n’en ont d’ailleurs pas fini avec ces ravages, si on en croit les autorités israéliennes, qui ont annoncé, le 19 novembre, une nouvelle phase de leur opération. Elle vise désormais la grande ville de Khan Younès, au Sud. L’armée israélienne compte y pourchasser les responsables du Hamas qui ne se trouvaient manifestement pas dans ce qui a été réduit à des champs de gravats et où ont été prises au piège des milliers de personnes.
Civils privés de tout, livrés à eux-mêmes et à une tragique errance, campements de fortune, dénuement extrême, tel est désormais le quotidien de Gaza. Il fait revivre à ses habitants le traumatisme de la Nakba, la « catastrophe » qu’avait été leur déplacement forcé lors de la première guerre israélo-arabe (1948-1949). Celle en cours frappe une étroite bande de terre structurellement au bord du gouffre du fait d’un blocus impitoyable, terrestre comme maritime, imposé par Israël depuis seize ans, avec le concours de l’Egypte d’Abdel Fattah Al-Sissi. Année après année, les statistiques socio-économiques effarantes de la Banque mondiale ont attesté du désastre, mais les Palestiniens de Gaza, déjà, ne comptaient pas.
SOURCE : La destruction de Gaza doit cesser (msn.com)
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France : Le Virage Périlleux vers un Discours
Anti-Musulmans
La Montée d’un Discours Anti-Musulmans
en France : Un Avertissement
pour la Cohésion Sociale
Depuis l’intensification du conflit entre Israël et le Hamas, marqué par les attaques du 7 octobre, un changement notable s’est produit dans le paysage médiatique français. Ce changement s’est cristallisé autour d’une cible particulière : les musulmans de France. Le discours, initialement centré sur la lutte contre l’islamisme radical, a glissé dangereusement vers une généralisation inquiétante, amalgamant tous les musulmans à une menace potentielle. Cette évolution du discours médiatique et politique révèle une alliance troublante entre les défenseurs d’Israël et certains secteurs de l’extrême droite.
L’Objectivité en Question : Le Conflit
Gaza-Israël et les Médias Français
La position de la France officielle, sous la direction d’Emmanuel Macron, a été un soutien inconditionnel à Israël, sans tenir compte des répercussions sur les civils palestiniens, dont le nombre de victimes ne cesse de croître. Cette approche unilatérale s’est reflétée dans la majorité des médias français, adoptant une couverture biaisée du conflit. Les médias mettent l’accent sur les souffrances israéliennes, tandis que les victimes palestiniennes sont reléguées au rang de dommages collatéraux ou d’erreurs de frappe.
Le Double Standard Médiatique :
Une Dénonciation par l’Association
des Journalistes Antiracistes et Racisé·e·s (AJAR)
L’AJAR a critiqué ce traitement médiatique double, soulignant le contraste frappant entre la représentation humanisante des victimes israéliennes et la réduction des victimes palestiniennes à de simples statistiques. Cette distinction dans la couverture médiatique soulève des questions sérieuses sur l’objectivité et la responsabilité journalistique.
Un Conflit Exacerbé par les Tensions Internes en France
La France, abritant d’importantes communautés juive et musulmane, se trouve dans une position unique vis-à-vis du conflit israélo-palestinien. Cependant, ce conflit a exacerbé les tensions internes en France, notamment en réveillant des rhétoriques de « croisade » et en renforçant une politique de plus en plus perçue comme islamophobe.
La Marche contre l’Antisémitisme :
Un Tournant dans la Perception des Musulmans
L’événement du 12 novembre a été un moment clé, révélant la focalisation des médias sur l’absence prétendue de musulmans parmi les manifestants. Cette approche médiatique a servi à renforcer une image des musulmans français comme étant à l’écart des préoccupations nationales, voire complices par leur silence.
La Pression sur les Musulmans Français : Entre Stigmatisation et Exigence d’Allégeance
Des citoyens français de confession musulmane ou d’origine arabe ressentent une pression croissante à se désolidariser du Hamas et, par extension, à afficher un soutien à Israël. Des figures publiques comme Karim Benzema ont subi des répercussions significatives pour avoir exprimé de la sympathie pour les victimes palestiniennes. Cette atmosphère étouffante de suspicion et d’exigence de loyauté pose un grave problème pour la liberté d’expression et la cohésion sociale.
Le Musellement de la Presse et le Futur
de la Liberté d’Expression en France
Le paysage médiatique français fait face à un musellement croissant, où les voix dissonantes sont rapidement marginalisées ou discréditées. Le conflit israélo-palestinien est devenu un sujet tabou, reflétant une tendance plus large à restreindre la liberté de presse et le débat public en France.
Conclusion : Un Appel à la Vigilance
et à la Solidarité
Ce glissement du discours en France n’est pas seulement préoccupant pour la communauté musulmane, mais il met en péril les principes mêmes de la démocratie et de la liberté. Il est impératif que les médias, la classe politique et la société civile s’unissent pour préserver la diversité des voix et des perspectives, afin de garantir un débat public sain et équilibré. L’avenir de la cohésion sociale en France dépend de notre capacité collective à reconnaître et à combattre ces tendances inquiétantes.
Mais Marine Le Pen est dédiabolisée par des
personnalités les plus improbables
(improbable ce mot est faible) concernant
l’antisémitisme et si elle est élue en 2027
elle restera toujours une raciste anti-
musulmans
Marche contre l’antisémitisme :
pour Serge Klarsfeld, la présence du RN
est « tout à fait positive »
En octobre 2022, il avait reçu une médaille de la ville de Perpignan par le maire Louis Aliot, cadre du RN. Dans une tribune publiée dans Le Monde, le président de SOS Racisme Dominique Sopo avait dénoncé un geste qui «participe de façon évidente à la banalisation de l’extrême droite ».
"Pas de responsabilité pénale héréditaire" :
Robert Badinter
ne juge pas Marine Le Pen antisémite
L'ancien garde des Sceaux Robert Badinter s'est exprimé sur la marche contre l'antisémitisme organisée dimanche 12 novembre. Il a notamment commenté la présence critiquée de membres du Rassemblement national, dont Marine Le Pen.
Robert Badinter lors d'une interview sur BFMTV le 19 avril 2022© BFMTV
Marine Le Pen avait-elle sa place dans la marche contre l'antisémitisme organisée à Paris dimanche 12 novembre? En était-elle moralement exclue en raison des positions passées du Rassemblement national dirigé par son père Jean-Marie Le Pen ?
L'ancien garde des Sceaux Robert Badinter a tranché la question en interview sur LCI. Il estime que "les pêchés des pères ne sont pas ceux des fils" mais aussi que "chacun est libre de manifester pour la cause qu'il juge juste".
"On ne peut pas imputer à Madame Le Pen les propos très largement colorés de Monsieur Le Pen père. Non, ce ne serait pas juste. Il n'y a pas de responsabilité pénale qui soit héréditaire", juge l'homme politique nonagénaire.
Marine Le Pen a "dénoncé l'antisémitisme qui constitue une infraction pour laquelle son père a été condamné", rappelle l'ancien ministre.
"Pauvre France que deviens-tu ?"
"Pauvre France que vas-tu devenir ?"
Merci de cliquer sur le lien ci-dessous pour voir et entendre la deuxième personnalité très improbable qui dédiabolise Marine Le Pen :
Premier geste à faire : mettre le son
https://twitter.com/i/status/1725909607883722848
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Rony Brauman : « Les hôpitaux sont
totalement débordés
et la plupart des blessés n’arrivent
même pas dans les hôpitaux »
Ancien directeur de Médecins sans frontières, Rony Brauman revient sur l’usage « pervers » du droit international humanitaire par les pays occidentaux, ainsi que la fracture grandissante avec tous ceux qui dénoncent un « double standard des indignations ». Interview.
La conférence humanitaire pour Gaza a réuni des dizaines d’États arabes, de pays occidentaux et émergents et de nombreuses organisations internationales, le 9 novembre à l’Élysée. À l’issue de cette conférence, 1 milliard d’euros de promesses de financement humanitaire pour Gaza ont été atteints. Emmanuel Macron a également annoncé que la France portera son aide à 100 millions d’euros pour 2023.
Rony Brauman, ancien directeur de Médecins sans frontières, revient sur cette façon de se porter garant du droit international tout en laissant les crimes de guerre impunis. Interview.
Vous avez présidé Médecins sans frontières durant de nombreuses années et êtes intervenu dans plusieurs pays en guerre, quel regard portez-vous sur ce qu’il se passe à Gaza ?
Cette situation est particulière parce qu’on a affaire à un siège, donc un enfermement de la population de grande ampleur qui donne ce sentiment d’asphyxie, de prise au piège total.
Les hôpitaux sont totalement débordés
et la plupart des blessés n’arrivent pas
dans les hôpitaux
C’est une situation inédite pour Médecins sans Frontières qui a été présent avec la Croix Rouge dans la quasi-totalité des conflits de ces dernières décennies. Ce verrouillage total du siège rend quasi impossible ne serait-ce que le fait d’amplifier les secours, notamment médicaux. On le répète sans cesse, les hôpitaux sont totalement débordés et la plupart des blessés, de toute façon, n’arrivent pas dans les hôpitaux.
Par ailleurs, il y a aussi l’intensité des bombardements, avec les milliers de tonnes de bombes qui ont été déversées. Ça peut rappeler quelques situations, comme à Alep en Syrie dans les années 2010 ou même la ville de Grozny en Tchétchénie, en 1998, prise d’assaut par l’armée russe. Ce sont des bombardements dont l’intensité peut se comparer. Mais dans ces deux cas, il y avait quand même quelques possibilités de fuite, sans vouloir excuser Bachar al-Assad ou Poutine.
Lors de l’annonce du « siège complet » de Gaza, le ministre israélien de la Défense Yoav Gallant a comparé les Palestiniens à des « animaux humains ». Quelle fonction a cette déshumanisation ?
Il s’agit là d’un regard colonial. Pour saisir des terres, chasser ses propriétaires, détruire leurs récoltes, il faut nécessairement que vous les considériez comme des inférieurs, des barbares. Et à partir du moment où l’on se défend contre des barbares, tout est permis.
C’est un discours qui est déjà assez ancien. Ehud Barak, en pleine période de calme, décrivait Israël comme une « villa dans la jungle », c’est-à-dire un îlot de bien-être entouré de bêtes féroces. Il était alors le dernier Premier ministre à avoir négocié avec l’Autorité palestinienne et Arafat, lors des accords de Camp David et de Taba. On retrouve là les caractéristiques d’un regard colonial qui est par essence hiérarchique.
On entend beaucoup de termes dans l’espace médiatique, comme ceux de «génocide» ou moins politique, de « crise humanitaire ». Comment qualifier ce qui est en train de se passer ?
À ce stade, les termes qui conviennent le mieux sont les termes du langage ordinaire : c’est un carnage et une vengeance débridée. C’est une riposte totalement hors de toute proportion.
Mais reste à se demander où nous nous situons dans le langage judiciaire. Et là, il y a une incertitude. Le terme de génocide est une notion moins précise que ce qu’il laisse entendre, parce qu’il est sujet à une jurisprudence qui s’est considérablement élargie et qui lui a donc fait perdre un peu de son sens originel.
Je pense notamment à la guerre de Bosnie à la suite de laquelle des accusations de génocide ont été portées, comme à Srebrenica, alors même que les hommes de plus de 55 ans, les femmes et les enfants étaient concrètement épargnés. Ce sont les hommes en âge de combattre, entre 15 et 55 ans, qui ont été littéralement exterminés.
Néanmoins, le tribunal pénal pour l’ex-Yougoslavie jugeait qu’il s’agissait d’un massacre génocidaire. Comme c’est une notion juridique, ce sont les juges qui sont les plus à même de la mobiliser. Mais je trouve qu’étendre la qualification de génocide à toute violence de masse lui faire perdre sa singularité.
Au-delà de la jurisprudence, je pense que la conception plus sociale du génocide, au contraire, contredisait cet avis. C’est en somme une qualification qui porte en elle une tension, qui rend son usage particulièrement difficile.
Dans le contexte israélo-palestinien, je ne conteste pas l’usage de la qualification de génocide, mais à ce stade, il est difficile de savoir quoi en faire. En tout cas, je constate que des juristes de haut niveau dans le système des Nations Unies pensent que c’est un terme approprié, donc c’est quand même une indication forte.
La mobilisation de la qualification de « terroriste » semble soustraire Israël à ses obligations à respecter le droit international humanitaire…
Le droit humanitaire international repose sur la distinction entre combattants et non-combattants. Cette distinction est un principe fondamental de la quatrième convention de Genève de 1949. Pourtant, on entend, au plus haut niveau des autorités politiques et militaires israéliennes, qu’à Gaza, la population est complice des terroristes, et par conséquent terroriste en puissance elle-même.
La distinction entre combattants
et non-combattants est brouillée
Par cette appellation, la distinction entre combattants et non-combattants est donc brouillée, puisqu’elle permet de faire l’amalgame entre l’adhésion à la cause et le combat lui-même.
Toutefois, de manière un peu provocatrice, je dirais que de ce point de vue-là, ils n’ont pas totalement tort. Quel serait l’effet de cette ultraviolence, sinon de fabriquer une génération de jeunes gens dont l’unique obsession sera de se venger ? Et donc de tuer des juifs, parce que ce sont bien des juifs israéliens qui tentent de les massacrer.
Et que dire de l’usage du droit international humanitaire par les acteurs internationaux ?
L’usage du droit international humanitaire me semble être extrêmement pervers. Il permet aux Américains, aux Français ou aux observateurs étrangers qui soutiennent Israël d’avoir une posture humaniste en se montrant sensible à la souffrance des Palestiniens, mais sans trop de frais.
Rappeler l’État belligérant à ses obligations vis-à-vis du droit humanitaire, ne leur coûte rien. C’est une sorte de minimum en dessous duquel il n’y a plus d’humanité, mais ça ne change évidemment rien à l’allure de la guerre elle-même.
Israël a bénéficié pendant des décennies du non-rappel au droit international humanitaire, puisque l’implantation de populations civiles sur des territoires acquis par la force et contrôlés par une armée, constitue un crime de guerre.
Ces violations quotidiennes du droit humanitaire, les pays occidentaux ne les ont jamais condamnés
Ce crime de guerre se passe à peu près silencieusement, car ce ne sont pas des explosifs, des bombardiers, des hélicoptères. Ce sont des attaques beaucoup plus limitées, mais incessantes, présentes sur tout le territoire de la Cisjordanie et qui a abouti à cette constitution de grand bloc de colonie, en plus des petites colonies dispersées un peu partout, qui pourrissent littéralement la vie quotidienne des Palestiniens tout en les appauvrissant jour après jour.
Ces violations quotidiennes du droit humanitaire, les pays occidentaux, qui pourraient avoir une influence sur Israël, ne les ont jamais condamnés. Ou sinon dans des termes très vagues, comme « mise en cause du processus de paix ».
Quelles sont les conséquences de cet usage « creux » du droit international ?
Il y a déjà le fait que, sans aucune pression, Israël n’a aucun intérêt à la paix avec les Palestiniens. Mais aussi, cela crée une fracture abyssale avec tous ceux, en France et ailleurs, qui critiquent ce double standard des indignations contre la moindre conquête territoriale de la Russie en Ukraine et l’acceptation totale de la domination israélienne sur les territoires palestiniens.
Ce « double standard » devient trop gros et ne passe plus, d’autant plus qu’en France, on est particulièrement punitifs contre ceux qui prônent le boycott des produits qui proviennent des colonies de Cisjordanie.
Ce boycott est considéré comme un appel à la haine raciale alors qu’en parallèle, la France répond très bien aux attentes de défense du gouvernement israélien, comme lorsque Yaël Braun-Pivet proclame son soutien inconditionnel à l’État israélien.
Mais quel État bénéficierait de cet adjectif « inconditionnel » ? À qui va-t-on affirmer que quoi qu’il fasse, on le soutient ? Heureusement, cela a suscité un débat. Néanmoins, elle l’a dit et le maintient, alors qu’elle représente le troisième personnage de l’État français.
Comment expliquer que le débat autour de ce conflit soit si passionnel ?
Le conflit israélo-palestinien est un conflit très local : il se déroule sur la superficie de trois, voire quatre départements français. Cependant, c’est un conflit mondialisé qui a des résonances singulières dans chaque pays. Jusqu’en Chine, on trouve des manifestations de soutien à Gaza, mais aussi en Colombie, en Russie, en Afrique.
Chaque pays a une réception de ce conflit qui se reflète dans son histoire particulière. C’est notamment cela qui explique que dans le monde musulman, les massacres de Ouïghours passent inaperçus alors que les massacres de Palestiniens ont une saillance similaire à aucun autre.
Ce conflit reflète à la fois la culpabilité
de la collaboration contre les juifs, mais aussi l’amertume d’avoir perdu une colonie
En France, il y a à la fois Pétain et l’Algérie qui constituent la toile de fond sur laquelle on reçoit ce conflit. Il reflète donc à la fois la culpabilité de la collaboration contre les juifs, mais aussi l’amertume d’avoir perdu une colonie.
Et vu l’importance de la population musulmane et juive en France, il n’y a donc pas lieu de s’étonner que ce conflit prenne une telle place : ce n’est pas une importation. La France a soutenu activement le sionisme, et a un passé colonial qui, pour un certain nombre de gens, est à rapprocher de son soutien au sionisme. Donc, ce conflit n’est pas importé, il existe dans notre pays avec ses singularités, comme dans bien d’autres.
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Communiqué de la 4acg
Anciens appelés en Algérie, membres de l’association des anciens appelés en Algérie et leurs ami-e-s contre la guerre (4acg), nous ne pouvons rester silencieux devant ce qui se passe au Proche-Orient. Faute d'autres possibilités d'intervention, nous avons décidé d'interpeller ceux qui pourraient agir et ne le font pas, ou si peu.
Anciens appelés, réfractaires, Pieds-noirs, ami-e-s, la 4acg toute entière s’élève avec force contre la logique de guerre qui, dans ce conflit et de quelque côté que ce soit, semble vouloir exclure toute volonté de négociation et de paix..."
Nous demandons à ceux qui en ont les moyens institutionnels, politiques ou religieux, de tout mettre en œuvre pour :
- l’arrêt des bombardements et des massacres perpétrés sur les populations civiles
- l’arrêt des destructions d’infrastructures essentielles à la vie des civils palestiniens
- la cessation des attaques sur les hôpitaux, les écoles, les camps de réfugiés
- le rétablissement des réseaux d’alimentation en eau, en électricité et d’accès à l’internet
- la mise en place de centres de soins et de protection des populations fragiles, notamment les enfants, les femmes et les personnes âgées.
La 4acg demande aux parties en présence d’établir un dialogue qui seul, plus que la force, peut aboutir à un solution de justice et de paix.
Nous qui avons été témoins en Algérie des pires exactions et qui avons vu et vécu de près les souffrances et les blessures d’un peuple colonisé, nous ré-affirmons ici que la guerre ne résout rien, qu’elle ne mène qu’à la haine et à la mort.
La situation actuelle a des racines historiques, dont l’interprétation diffère selon les parties en présence. Mais au-delà des convictions, politiques, idéologiques ou religieuses, il y a l’homme qui souffre, la femme qui souffre, l’enfant qui souffre. Il y a l’humanité bafouée, niée, par ceux-là mêmes qui disent agir et se battre en son nom.
Nous appelons les responsables de tous bords, de tous pays, de toutes nationalités et croyances, à agir au plus vite pour faire cesser les horreurs auxquelles nous assistons au Proche-Orient.
Nous les appelons à privilégier l’humain aux idées, l’intelligence au fanatisme, et la vie plutôt que la mort.
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