• Sur le plateau des Glières

     

    Sur le plateau des Glières

    Moi je préfère me souvenir de son discours à lui… « Résister c’est refuser d’accepter le déshonneur » Stéphane Hessel

    Sur le plateau des Glières

    Gabrielle Teissier K 

    Citoyenne du monde, de gauche, athée, en résistance contre

    tous les racismes

    « La désobéissance, la préférence donnée aux valeurs par rapport à la loi, c’est une partie de notre citoyenneté, de notre citoyenneté résistante. Résister c’est refuser d’accepter le déshonneur, c’est de continuer à s’indigner lorsque quelque chose est proposé qui n’est pas conforme à ses valeurs, qui n’est pas acceptable, qui est scandaleux.  Et je le dis en particulier à ceux, et je sais qu’il y a en a ici, venus de Grenoble, ou d’ailleurs, qui commencent leur vie de jeunes, et qui vont avoir un monde en face d’eux, avec des défis qui ne peuvent être abordés utilement qu’en restant fermement attaché aux valeurs fondamentales sans lesquelles notre humanité risque de péricliter…   Donc bravo pour ce que vous faites déjà, attention à ce que vous avez encore à faire, aujourd’hui et demain… » avait dit Stéphane Hessel, plateau des Glières, 17 mai 2009.

    C’était il y a longtemps et c’est toujours, plus que jamais d’actualité…

    Le déshonneur, notre humanité toute entière le vit à Gaza où les puissants laissent faire…

    « C’est hors norme… Il n’y a aucun autre endroit dans le monde, à l’époque contemporaine, où un si large pourcentage de la population générale a été tué et un si large pourcentage de certains secteurs de la population : les femmes, les enfants, journalistes, les travailleurs humanitaires, les médecins, les professeurs d’université… » peut-on lire dans un article sur Mediapart. Hors norme. Inhumain.

     

    Stéphane Hessel au plateau des Glières 17 mai 2009

    © la vaka productions

    Pour celles et ceux qui ne sont pas abonnés à Médiapart voici l'article dont parle mon amie Gabrielle Tessier

    PROCHE ET MOYEN-ORIENT 

    Documenter les crimes de guerre à Gaza

    une difficulté extrême

    Depuis six mois, de nombreuses organisations de défense des droits humains sont contraintes d’enquêter à distance sur Gaza. Celles qui sont sur place sont submergées par  l’ampleur des destructions et des pertes humaines causées par l’armée israélienne.

    Lors des précédentes guerres dans la bande de Gaza, l’ONG palestinienne de défense des droits humains Al Mezan tenait le compte des Palestinien·nes tué·es, publiait quotidiennement des analyses juridiques et rédigeait des rapports détaillés sur les bombardements, à partir d’informations collectées sur le terrain par ses équipes. Depuis le 7 octobre 2023, la tâche s’avère impossible.

    « Je pense que même les mises à jour quotidiennes du ministère de la santé [du Hamas] ne reflètent pas la réalité de la situation car il me semble difficile aujourd’hui, à Gaza, de compter avec exactitude toutes les personnes tuées », relève Samir Zaqout dans une série de messages vocaux envoyés depuis le centre de la bande de Gaza. Voix rauque et débit rapide, le directeur adjoint d’Al Mezan est une figure des droits humains dans l’enclave : depuis 1999, il y documente les violations de ces droits, des attaques de l’armée israélienne jusqu’au recours par le Hamas à la peine de mort contre des prisonniers palestiniens.

    Depuis bientôt six mois, « nous avons tous perdu notre capacité à travailler normalement. Chaque mouvement à Gaza met ta vie en danger. Ce que nous endurons est sans précédent, nous sommes victimes d’un véritable génocide », poursuit-il. Plus de la moitié des bâtiments de la bande de Gaza ont été endommagés ou détruits, le ministère de la santé gazaoui recense plus de 33 000 Palestinien·nes tué·es et plus de 75 000 blessé·es. Selon l’ONU la famine est imminente dans le nord de l’enclave.

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    À l'hôpital Shuhada Al-Aqsa de Deir El-Balah, dans le centre de la bande de Gaza, le 3 avril 2024. © Photo AFP

    Les enquêteurs d’Al Mezan ne peuvent pas accéder à de larges zones, théâtres de violents combats ou bouclées par l’armée israélienne qui a mené des milliers d’arrestations dans la bande de Gaza ces derniers mois. Les soldats ont érigé des checkpoints, bloquant le passage du sud vers le nord de l’enclave.

    Tous les collaborateurs et collaboratrices d’Al Mezan et celles et ceux des deux ONG palestiniennes partenaires, Al-Haq et le Centre palestinien pour les droits humains (PCHR), limitent strictement leurs déplacements – quand elles et ils n’ont pas tout simplement quitté l’enclave pour tenter de sauver leurs proches.

    De passage à Paris, le fondateur et directeur exécutif du PCHR, Raji Sourani, faisait le décompte dans une interview à Mediapart : « Onze collaborateurs sont partis au Caire, sept sont en Cisjordanie. Deux collaboratrices ont été tuées. L’une avec trente-sept membres de sa famille. Une autre avec sept de ses proches. » Après avoir survécu à deux bombardements, Raji Sourani a fini par sortir de Gaza. Il se savait être une cible : il documente les crimes de guerre israéliens, qu’il expose devant les tribunaux.

    Collecter des preuves, et survivre

    Samir Zaqout, lui, a fui sa maison de la ville de Gaza au début de la guerre. Une seule de ses collègues est toujours dans le nord de l’enclave. Depuis des mois, les enquêteurs et enquêtrices gazaoui·es organisent leur survie et celle de leur famille en plus de leur travail : trouver de la nourriture, de l’eau, de quoi charger un portable et appeler des proches pour s’assurer qu’ils sont toujours en vie…

    « J’ai fait l’impossible pour me procurer un peu de connexion internet ! Le signal est faible, ça coupe tout le temps, mais c’est déjà formidable d’avoir Internet », lance avec autodérision Samir Zaqout. Il ne se déplace plus qu’à pied : la dernière fois qu’il a tenté d’acheter de l’essence pour sa voiture, elle se négociait à 127 shekels le litre, environ 32 euros.

    Ces chercheurs et chercheuses, habitué·es à naviguer le dense tissu social gazaoui, ont adapté leur travail. L’un des enquêteurs, par exemple, s’est posté sur un pont, à Wadi Gaza, en lisière de la zone nord de l’enclave, raconte Samir Zaqout : « Il y a un point d’accueil là-bas pour les déplacés qui fuient la famine [dans le nord de Gaza – ndlr]. Il y va, accueille les gens, prend leurs témoignages : quelle est leur situation ? où vivent-ils ? combien de fois ont-ils été déplacés… ? On parvient ainsi à récolter des informations. »

    On collecte des milliers de vidéos, on les vérifie et on les géolocalise. Cela nous aide à cartographier les incidents.

    Zaid Shuaibi, de l’ONG Al-Haq

    Les trois organisations palestiniennes enquêtent surtout sur des disparitions et sur les arrestations de Gazaoui·es. Elles ont documenté le calvaire des travailleurs palestiniens de Gaza qui se trouvaient légalement sur le sol israélien le 7 octobre 2023 et ont été arrêtés. Ou les violences et tortures qu’ont endurées les détenu·es arrêté·es en masse à Gaza et emmené·es pour certain·es vers des camps militaires en Israël, hors de tout cadre légal. « Une des femmes interrogées nous a dit qu’elle et trois autres avaient été victimes de harcèlement sexuel de la part des soldats. Mais ceci est compliqué à publier car elles ne veulent pas divulguer leurs noms », rapporte Samir Zaqout.

    Les ONG travaillent aussi à partir d’images disponibles en ligne ou récupérées auprès de témoins sur place, ainsi que de données satellitaires. « On collecte des milliers de vidéos, on les vérifie et on les géolocalise. Cela nous aide à cartographier les incidents », explique Zaid Shuaibi, de l’ONG Al-Haq. L’organisation travaille en partenariat sur certains projets avec le laboratoire pluridisciplinaire Forensic Architecture, produisant des modélisations ou vidéos qui reconstituent le déroulé précis d’une attaque ou d’un tir.

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    Au milieu des décombres autour de l'hôpital Al-Shifa de Gaza, le 3 avril 2024. © Photo AFP

    À Gaza, les équipes ont ainsi mené un récapitulatif détaillé des assauts israéliens menés ces derniers mois contre des hôpitaux sur toute la bande de Gaza. Ils ont mis en lumière un mode opératoire, qui se répète à chaque fois : d’abord l’armée menace les hôpitaux, puis « mène des attaques dans les environs, prend directement [l’hôpital] pour cible, l’assiège et l’occupe ». Leur enquête révèle que 28 hôpitaux ont ainsi été mis hors service à Gaza, dont tous ceux situés dans le nord de l’enclave.

    « Aucun autre endroit dans le monde »

    Les chercheurs et chercheuses étrangères ne peuvent pas se rendre dans l’enclave palestinienne. Ce n’est pas nouveau, souligne Donatella Rovera, enquêtrice senior pour Amnesty International : « J’allais souvent à Gaza, mais Israël nous en interdit l’accès depuis 2012. Pas juste à nous, Amnesty International, mais à n’importe quelle organisation de défense des droits humains. » Elle a l’habitude de travailler à distance ; beaucoup d’autres zones de conflit sont inaccessibles dans le monde, à l’instar du Soudan ou de la région du Tigré, en Éthiopie.

    Dans un premier temps, des chercheurs locaux mènent un travail d’enquête initial : « Par exemple, s’il y a eu un bombardement, ils se rendent sur place pour prendre des photos, vidéos, chercher des fragments », détaille-t-elle. Ils prennent contact avec les familles et témoins, instaurent un lien de confiance. Ensuite, Donatella Rovera et ses collègues mènent les interviews à distance. 

    À Gaza, cependant, cette enquêtrice chevronnée fait face à un niveau de dévastation inédit. « C’est hors norme… Il n’y a aucun autre endroit dans le monde, à l’époque contemporaine, où un si large pourcentage de la population générale a été tué et un si large pourcentage de certains secteurs de la population : les femmes, les enfants, journalistes, les travailleurs humanitaires, les médecins, les professeurs d’université…, s’alarme-t-elle. Les gens sont trop terrifiés pour parler. » Elle sent le désespoir s’installer chez ses interlocuteurs et interlocutrices, las de livrer leurs témoignages auquel le monde oppose une cruelle indifférence.

    Le monde a généralement tendance à croire la version israélienne avant tout autre chose.

    Donatella Rovera, Amnesty International

    La population de Gaza est noyée dans les deuils, traumatisée, accaparée par l’urgence de la survie ; l’enquête, elle, s’inscrit forcément dans le temps long. Elle s’attache à un cas précis, un instant T de la guerre qu’elle reconstitue avec précision. Amnesty International a par exemple documenté quatre frappes israéliennes, en décembre 2023 et janvier 2024, qui ont tué 95 personnes dont 42 enfants et une femme enceinte de huit mois à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, zone pourtant désignée comme un refuge par l’armée israélienne. Dans l’un des bombardements, le 14 décembre, Arwa, une fillette de 5 ans, a été retrouvée « décapitée dans l’explosion ».

    Amnesty International n’a trouvé aucun élément permettant d’identifier des cibles militaires à proximité lors des bombardements. « Ce constat laisse craindre que ces frappes constituent des attaques directes contre des civils ou des biens de caractère civil. Si tel est le cas, elles devront faire l’objet d’enquêtes en tant que crimes de guerre », peut-on lire dans le rapport. Prouver l’intention derrière des actes de guerre reste très difficile. C’est le cas dans tous les conflits, rappelle Donatella Rovera, mais « à la fin, que l’attaque soit disproportionnée ou indiscriminée ou qu’il s’agisse d’une attaque délibérée sur les civils, tout cela constitue des crimes de guerre ».

    Des ONG accusées de propagande

    De même, vérifier au cas par cas qu’il n’y avait absolument aucune cible militaire à proximité d’un bombardement est impossible, relève Eric Goldstein, directeur adjoint de la division Moyen-Orient et Afrique du Nord à Human Rights Watch (HRW). Cependant, à Gaza, « l’utilisation de la force est très excessive et il est difficile d’imaginer dans chaque cas une cible militaire qui justifierait la proportion de civils qui ont été victimes de ces bombardements », argumente-t-il.

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    Des soldats israéliens dans la bande de Gaza, le 31 mars 2024. © Photo Avishag Shaar-Yashuv / The New York Times / REA

    Depuis le 7 octobre 2023, le « brouillard de la guerre » s’épaissit : rumeurs et propagandes prennent le dessus, certaines informations sont difficiles à vérifier. « Les Gazaouis parlent plus ouvertement des violations commises par les Israéliens, il faut creuser davantage pour obtenir des informations sur le Hamas et les autres groupes armés. Or, dans le passé, on avait les moyens de gagner la confiance, explique Eric Goldstein. Puis il y a des choses qui sont claires : pour la famine, il n’y a pas de brouillard de guerre. Il est clair qu’Israël fait obstacle à la livraison d’aide humanitaire nécessaire alors que les terres agricoles sont endommagées. Il y a une vraie menace de famine. » 

    « Le monde a généralement tendance à croire la version israélienne avant tout autre chose », remarque aussi Donatella Rovera, prenant l’exemple de la suspension quasi immédiate des fonds versés à l’UNRWA, l’agence onusienne pour les réfugiés palestiniens, par plusieurs pays, après qu’Israël a accusé une infime partie de ses employés gazaouis d’avoir participé au 7 octobre 2023, sans en fournir de preuves.

    De son côté, l’État israélien cherche à discréditer les ONG de défense des droits humains. Le ministère des affaires étrangères a ainsi plusieurs fois qualifié Amnesty International d’organisation « antisémite », l’accusant le 26 octobre dernier d’être une « organisation de propagande travaillant pour les terroristes du Hamas ». En 2019, les autorités avaient expulsé le directeur d’Human Rights Watch pour Israël et les Territoires palestiniens, Omar Shakir, l’accusant de soutenir la campagne de boycott contre le pays.

    En octobre 2021, le ministre israélien de la défense, Benny Gantz, a émis un ordre déclarant « organisations terroristes » six ONG palestiniennes, dont Al-Haq. Cette dernière venait d’apporter un soutien appuyé à la Cour pénale internationale (CPI), présentant des preuves contre Israël pour crimes de guerre à Gaza lors de la guerre de 2014, menée par Benny Gantz, à l’époque chef d’état-major. En août 2022, l’armée israélienne avait perquisitionné et fermé les bureaux des six ONG. 

    Un travail avec les juridictions internationales

    Les organisations de défense des droits humains poursuivent malgré tout leur travail d’alerte et de coopération avec la justice internationale. HRW, par exemple, « a des contacts très souvent avec le bureau du procureur [de la CPI], on fournit des informations, on l’encourage à inclure ce qui se passe depuis le 7 octobre », explique Eric Goldstein. Leur rapport sur l’utilisation de la famine comme arme de guerre par Israël a été pris en compte dans le plaidoyer de l’Afrique du Sud devant la Cour internationale de justice (CIJ), accusant l’État israélien de « génocide » dans la bande de Gaza.

    « La communauté internationale ne fait pas ce qui devrait être fait pour stopper ce génocide », regrette cependant Zaid Shuaibi, de l’ONG Al-Haq. Son organisation, l’une des premières à défendre les droits humains dans le monde arabe, a été créée en 1978 avec pour ambition notamment de défendre les Palestinien·nes contre les crimes israéliens et de faire avancer leur cause en investissant le terrain du droit.

    « Notre travail est important, pas seulement pour voir les criminels israéliens en prison. Nous ne serons peut-être pas là pour le voir, explique le chercheur palestinien. Nous faisons cela pour le peuple palestinien, pour notre histoire. Après des décennies, on reviendra sur cette période et on constatera qu’Al-Haq a documenté ce génocide et qu’on sait ce qui s’est passé. »

    Ce travail de mémoire servira pour les générations futures, veut-il croire. Zaid Shuaibi fait le parallèle avec l’histoire de la Nakba, l’expulsion de 900 000 Palestinien·nes lors de la création d’Israël en 1948, qui lui a été transmise en héritage, comme à tous ses compatriotes. Ce traumatisme fondateur de l’identité palestinienne est douloureusement ravivé aujourd’hui, avec les images de camps de fortune des déplacé·es de Gaza dans le sud de l’enclave, à Rafah. Celles et ceux qui ont fui sont souvent des descendant·es des réfugié·es de 1948.

    SOURCE : Documenter les crimes de guerre à Gaza, une difficulté extrême | Mediapart 

     Hélas, hélas, hélas le pire est peut-être

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  • Commentaires

    1
    Baya chel
    Mercredi 10 Avril à 17:45
    Magnifique Stéphane Hessel, l' humanité témoignage sur les horreurs sionistes nazis à Gaza, peuple palestinien désarmé livré aux criminels, une honte pour tous les contemporains,
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