(Photo : LEXPRESS.fr)
Nicolas Sarkozy a décoré douze militaires à l'occasion, ce lundi, de la cérémonie de prise d'armes d'automne aux Invalides, parmi lesquels Hélie Denoix de Saint Marc, 89 ans, ancien déporté et officier putschiste en 1961 en Algérie.
Après un ancien responsable OAS Collin, voici donc un ancien putschiste Hélie Denoix de Saint-Marc.
Alors arrêtons l’hypocrisie, si nous en sommes là c’est en raison des lois d’amnisties de la Droite mais aussi de la Gauche.
"La levée des sanctions à l’égard de responsables d’atrocités commises pendant la guerre d’Algérie interdit de vider l’abcès, puisqu’il y a effacement des repères qui distinguent entre ce qui est crime et ce qui ne l’est pas. Les simples exécutants ne seront jamais déchargés d’une partie de leur culpabilité, ou de leur honte. Les responsables, jamais identifiés. Les Français ne feront donc jamais ce que les Américains ont fait pour le Vietnam : juger leurs criminels de guerre. Et, bien vite, cette loi de 1982 qui avait pour justification le pardon commencera, d’abord, par réveiller l’ardeur des nostalgiques de l’OAS. Les leaders d’une extrême droite à 0,8 % des voix, au moment de l’élection présidentielle de 1981, “réintègrent” la vie politique."Benjamin Stora [1]
A partir de la fin de la guerre d’Algérie, les autorités françaises ont promulgué tout une succession d’amnisties et de grâces.
Ce furent d’abord les décrets promulgués lors des accords d’Évian (les 20 mars et 14 avril 1962) qui effaçaient à la fois les "infractions commises avant le 20 mars 1962 en vue de participer ou d’apporter une aide directe ou indirecte à l’insurrection algérienne", et celles "commises dans le cadre des opérations de maintien de l’ordre dirigées contre l’insurrection algérienne". Puis vinrent quatre lois successives. La première, du 17 décembre 1964, concernait les "événements" d’Algérie et fut suivie, le 21 décembre, d’une grâce présidentielle pour 173 anciens membres de l’OAS. Celle du 17 juin 1966 amnistiait les "infractions contre la sûreté de l’État ou commises en relation avec les événements d’Algérie". Vint ensuite, en pleine crise de Mai 68 et liée directement à elle, la grâce du 7 juin 68 concernant, cette fois, tous les membres de l’OAS qui étaient encore détenus ; elle fut suivie de la loi du 24 juillet effaçant toutes les infractions liées aux "événements" y compris celles "commises par des militaires servant en Algérie pendant la période". Cette loi, malgré le dépôt d’un amendement socialiste allant dans ce sens, ne stipulait pas encore la réintégration des intéressés dans leurs fonctions civiles ou militaires ni dans leurs droits à porter leurs décorations.
Ce fut chose faite après l’arrivée de la gauche au pouvoir. Déjà, en 1965, l’extrême droite proche de l’OAS avait été appelée à se rallier à la candidature de François Mitterrand ; l’année suivante, un projet de loi déposé par Guy Mollet, Gaston Deferre et le même François Mitterrand avait proposé le rétablissement des condamnés de l’OAS dans leurs grades et leurs fonctions ; et, en 1972, le programme commun de la gauche ne comportait aucune référence ou allusion aux suites de la guerre d’Algérie ni à la lutte pour la décolonisation. Avant les élections présidentielles de 1981, des négociations menées par des proches du candidat François Mitterrand aboutirent à l’appel du général Salan à voter Mitterrand et, entre les deux tours, à celui de l’organisation de rapatriés le RECOURS à "sanctionner" Valéry Giscard d’Estaing. C’est donc bien dans la ligne de cette politique que fut votée le 3 décembre 1982 la dernière des lois d’amnistie réintégrant dans l’armée les officiers généraux putschistes et permettant même les "révisions de carrière" nécessaires à la perception de l’intégralité de leurs retraites. Cela, au nom de l’argument formulé par François Mitterrand : "Il appartient à la nation de pardonner." [2]
D’après Gilles Manceron et Hassan Remaoun [3]
Notes
[1] La gangrène et l’oubli, éd. la Découverte, 1998.
[2] Lire la réhabilitation des généraux putschistes, en 1982.
[3] La guerre d’Algérie - de la mémoire à l’histoire, édition Syros, 1993.
Jean-Philippe Ould Aoudia
nous informe
A la demande de Jean-Philippe Ould Aoudia président de l’Association " Les Amis de Max Marchand, Mouloud Feraoun et leurs Compagnons " :
En janvier 2010, le Midi s’apprêtait à commémorer le cinquantième anniversaire de la «Semaine des barricades» des 23 -24janvier 1960 à Alger. Gabriel Anglade en était la cheville ouvrière en tant que secrétaire général du comité d’organisation des cérémonies visant à célébrer dans plusieurs villes du Midi ce qui fut le premier acte de désobéissance d’unités parachutistes aux autorités d’Alger. Gabriel Anglade est aussi conseiller municipal à Cagnes-sur-mer en charge des rapatriés. Est-il normal qu’un élu de la République fête le refus de deux régiments de parachutistes de rétablir l’ordre républicain ? D’autant que cet ancien terroriste de l’OAS a été condamné à 15 ans de réclusion criminelle pour sa participation à la tentative d’assassinat du général de Gaulle en mai 1962. Ce conseiller municipal a reconnu, photo à l’appui, avoir participé au massacre des six fonctionnaires de l’Éducation nationale le 15 mars 1962 à Alger.
C’est pourquoi l’association Les Amis de Max Marchand, de Mouloud Feraoun et de leurs Compagnons avait publié le communiqué suivant le 18 janvier 2010 :
D’anciens Ultras de la colonisation en Algérie envisagent de célébrer la journée des « barricades » le 23 janvier à Cagnes-sur-mer et le lendemain à Toulon.
Le 24 janvier 1960 à Alger, voulant rétablir l’ordre, 14 gendarmes mobiles ont été tués et 125 blessés par les tirs des fusils-mitrailleurs servis par des insurgés embusqués. Les autorités n’ont jamais indiqué le nombre des gendarmes qui devaient succomber à leurs blessures. Un certain nombre d’entre eux ont été déclarés «Mort pour la France».
Ceux qui ont, ce jour-là, déclaré la guerre à l’État, se retrouveront bientôt dans l’OAS. En tête des organisateurs figure Gabriel Anglade qui revendique sa participation à l’assassinat des six Inspecteurs des Centres sociaux éducatifs, le 15 mars 1962 à Alger, victimes dont notre association défend l’oeuvre et la mémoire.
Le pire serait à craindre si l’État ne dénonçait pas la récupération politique d’un jour noir pour la République, et s’il faisait preuve une fois encore de complaisance à l’égard de ceux qui n’ont pas hésité à mitrailler des gendarmes, tenter de renverser la République par le putsch le 21 avril 1961, abattre des policiers, assassiner des enseignants et tuer des magistrats, attenter à la vie du Chef de l’État.
Tout, alors, conduirait à penser que demain, la mémoire des victimes de l’OAS en France et en Algérie ne mériterait ni respect, ni hommage.
Les autorités ont obligation de défendre et d’honorer la mémoire des civils et des militaires, des magistrats et des fonctionnaires, défenseurs des institutions et des valeurs de la République, victimes du devoir.
Organiser les commémorations de la désobéissance des forces armées est-il compatible avec la qualité d’élu de la République ? La complaisance des autorités face à ces manifestations d’hommage aux insurgés des Barricades, aux assassins de gendarmes, revient à mépriser les forces de l’ordre tirées comme des lapins : 14 morts et 59 blessés dont certains vont mourir de leurs blessures. Parmi ces victimes militaires, toutes n’ont pas eu droit à l’attribution de la mention « Mort pour la France ».
Lorsqu’en 1988, quatre gendarmes sont morts en Nouvelle Calédonie lors de l’assaut contre la grotte d’Ouvéa, le monde politique s’indigna : « Il y a urgence à restaurer l’honneur » ; « Ces criminels méritent-ils le nom d’hommes?». Jean-Marie Le Pen cria vengeance, oubliant d’avoir protesté contre les extrémistes de l’Algérie française auteurs du massacre de gendarmes du Plateau des Glières à Alger.
Jean-Philippe Ould Aoudia
Fils de victime de l’OAS