Je suis tombé par hasard sur une série d’articles concernant la grande résistante Madeleine Riffaud que je vais vous présenter. Je me suis souvenu qu’en 2014 j’avais déjà parlé d’elle sur mon blog, dont voici le lien :
"Tous les combats de Madeleine Riffaud" Un article d’Alain Ruscio, historien - micheldandelot1
D'autre part tous les liens de cette couleur sont souvent des vidéos, merci de cliquer dessus.
Michel Dandelot
Au début du mois de septembre 2022, la grande résistante Madeleine Riffaud, 98 ans, a vécu un calvaire à l’Hôpital Lariboisière. Elle a été abandonnée sur un brancard sans manger pendant 24 heures. Dans cette tribune à l’intention de Nicolas Revel, Directeur de l’APHP, elle dénonce l’état révoltant de l’hôpital public.
Il y a deux semaines, j’ai dû me rendre aux urgences pour un examen important dû à un covid long, variant omicron.
Le SAMU m’a emmenée à l’hôpital Lariboisière, à midi et demi, le dimanche 4 septembre pour examens. Je me suis retrouvée couchée au milieu de malades qui hurlaient de douleur, de rage, d’abandon, que sais-je. Et les infirmières couraient là-dedans, débordées… Elles distribuaient des « J’arrive ! » et des « ça marche ! » « J’arrive, j’arrive ! ». Mais personne n’arrivait. Jamais.
Moi-même, j’ai mis douze heures pour obtenir la moitié d’un verre d’une eau douteuse. Tiède. Je suis restée 24 heures sur le même brancard, sans rien manger, dans un no man’s land. C’était Kafka.
Rendez-vous compte : je suis aveugle. Je sentais parfois qu’on emportait mon brancard, que je traversais une cour, peut-être ? Il faisait plus froid, c’est tout ce que je peux dire. Et puis on m’a laissée là, sans aucune affaire, sans moyen de communication avec mes proches (qu’on ne prévenait d’ailleurs pas de l’évolution de la situation, seul le docteur Christophe Prudhomme a pu avoir quelques nouvelles, je le remercie ici).
Étais-je dans un couloir ? Dans une salle commune ? Au bout d’un moment, j’ai vraiment cru que je devenais folle. Ah, si j’avais eu un appareil photo comme quand j’étais reporter de guerre… Si j’avais pu voir ce que j’entendais… Dès l’arrivée à l’hôpital, mon ambulance est passée devant des gens d’une absolue pauvreté, qui se plaignaient à grands cris d’avoir été refoulés.
Drogue ? Misère sociale ?
Ceux-là n’ont même pas été admis dans « le service-porte », la foire aux malades, l’antichambre de l’hôpital par où l’on accède aux urgences. Les infirmières, qui n’ont déjà pas assez de temps à consacrer aux malades admis entre les murs, les voient forcément quand elles vont prendre leur service.
Nul doute que leur vocation est réduite en charpie depuis longtemps. D’où les « Ça marche », les « J’arrive. » J’ai entendu ça toute la nuit.
Les infirmières et aides-soignants, je les connais bien, j’ai vécu parmi eux, je sais qu’elles auraient éperdument voulu arriver à s’occuper de chacun… Et surtout que l’hôpital marche.
Le lendemain après-midi, l’hôpital n’ayant pas de lit disponible pour moi, on m’a transférée dans une clinique privée, sans jamais avoir prévenu mes proches. J’étais la troisième âme errante que cette clinique réceptionnait ce jour-là.
J’avais déjà fait une enquête de l’intérieur en 1974, en m’engageant incognito comme aide-soignante dans un service de chirurgie cardio-vasculaire d’un hôpital parisien. J’avais aussi travaillé au SAMU dans le service du professeur Huguenard à l’hôpital Mondor. De cette immersion, j’ai publié le livre “Les linges de la nuit” qui s’est vendu à près d’un million d’exemplaires en 1974 (réédité chez Michel Laffont en 2021).
Hôpital d’il y a cinquante ans ou hôpital ultramoderne, les problèmes sont toujours les mêmes : manque de personnel qualifié, manque de crédit, l’écart se creuse entre la technique de la médecine de pointe et les moyens mis à sa disposition.
Après la sortie du livre, j’avais rencontré le directeur de l’Assistance Publique dans un face à face télévisé. Nous étions tombés d’accord sur tous les points ! Tout le monde est d’accord, sauf les gouvernements qui se suivent et qui, au mieux, ne bougent pas.
Nous avions été nombreux, au cours des années, à témoigner sur l’état lamentable de la santé. Durant tout ce temps, aucun dirigeant n’a voulu entendre. Si la pandémie de 2020 a changé quelque chose, c’est en mal : le personnel est épuisé. L’état les a tous abandonnés, soignants comme malades.
Ma mésaventure, c’est une histoire quotidienne dans l’hôpital en France.
Mon sort est celui de millions de Parisiens et de Français.
Ceux qui me connaissent savent que je n’ai jamais demandé de passe-droit de toute ma vie. Mon âge n’y change rien. Mais j’ai remarqué qu’il était presque une circonstance aggravante, et ce pour deux raisons :
1/ On pensait que j’étais trop vieille pour que ça vaille la peine de me soigner (réflexe pris lors de l’épidémie de covid ?).
2/ Dès que je parlais, on se disait que j’étais gâteuse et on pensait d’emblée que je racontais n’importe quoi… alors pas la peine de m’écouter.
Pourtant, j’ai une voix. Une voix qui ne s’en est jamais prise au personnel. Ça ne changera pas.
Évidemment, j’ai mal, mais je vais continuer à me bagarrer, comme d’habitude.
Moi, j’ai de la chance, j’ai des amis, et des confrères journalistes. Mais tous ces pauvres gens qui n’ont personne, que peuvent-ils faire ? Quand on entre dans le circuit infernal, quand on est aspirés dans le néant des urgences, on ne peut pas en sortir indemne. Parfois même, on n’en sort pas vivant… L’infirmier libéral qui vient à mon domicile m’a dit que c’était arrivé à un de ses patients, il y a trois semaines.
Si je peux être leur voix – comme Aubrac m’avait demandé d’être l’une de celle de la Résistance – alors je le serai.
J’ai encore un peu de force, c’est pour la donner !
Madeleine Riffaud
Paris, le 19 septembre 2022
Pénurie de soignants :
la résistante Madeleine Riffaud condamnée à patienter 24h sur un brancard sans manger à l'hôpital
Elle est nulle la politique macronienne
et ses complices
de droite et d’extrême droite
La résistance et historienne Maleleine Riffaud a passé 24h aux urgences de l'hôpital de Lariboisière sur un brancard avant d'être prise en charge. Elle a publié une lettre ouverte au directeur de l'AP-HP.
Madeleine Riffaud a vécu un véritable calvaire. Cette résistance de la Seconde Guerre mondiale, âgée de 98 ans, poète, journaliste et historienne, a passé 24 heures aux urgences de l'hôpital de Lariboisière sans être prise en charge.
Dans la revue Commune, elle publie une longue lettre ouverte au directeur de l'AP-HP (Assistance Publique-Hôpitaux de Paris), Nicolas Revel, dans laquelle elle dénonce "l'état lamentable du secteur de la santé".
Le 4 septembre dernier, elle se rend aux urgences de l'hôpital parisien pour un examen important suite à un Covid long. À son arrivée, elle est obligée d'attendre dans un couloir tandis que les infirmières courent, sans la prendre en charge. "Elles distribuaient des 'j'arrive!' [...] mais personne n'arrivait." confie-t-elle. Son seul répit : un verre d'eau qu'on lui tend au bout de 12 heures d'attente.
"Je suis restée vingt-quatre heures sur le même brancard, sans rien manger, dans un no man's land" souligne-t-elle.
À bout de forces, la nonagénaire sera transférée dans une clinique privée, au lendemain de son admission à l'hôpital. Par son témoignage, Madeleine Riffaud profite de l'occasion pour tirer la sonnette d'alarme.
"Les problèmes sont toujours les mêmes [...] Tout le monde est d'accord, sauf les gouvernements qui se suivent et qui, au mieux, ne bougent pas".
Selon elle, la crise sanitaire n'a fait qu'aggraver la prise en charge des patients dont "parfois même, on n'en sort pas vivant". La semaine dernière, un patient de 81 ans est décédé au milieu des urgences de Strasbourg, après avoir attendu plus de vingt heures.
Par cette lettre ouverte, cette ancienne résistante décide de faire du manque de moyens des personnels soignants un combat. "J'ai encore un peu de force, c'est pour la donner." Pour l'heure, le directeur de l'établissement, Nicolas Revel ne s'est pas exprimé.
TOUS LES COMBATS
DE MADELEINE RIFFAUD
à l’occasion du 90 ème anniversaire de Madeleine Riffaud, j’ai écrit ce petit texte
Alain Ruscio
le 30 août 2014
Ce 23 août, Madeleine Riffaud – mais elle est, elle reste, pour des milliers de ses amis, Madeleine, tout simplement – a 90 ans. La connaissant, nous savons déjà que nous allons subir ses foudres, pour ne pas dire plus, de rappeler ce simple fait. « Je n‘ai jamais fêté mes anniversaires, ce n’est pas maintenant que je vais commencer ». Et pourtant, Madeleine doit l’accepter : son destin appartient un peu à la grande communauté de ses amis, de ses camarades. Et nous avons bien le droit, nous, de saisir chaque occasion pour lui dire combien nous l’aimons, nous l’admirons.
Un jeune cinéaste franco-vietnamien, Philippe Rostan, avait réalisé il y a quelques années un film remarqué, « Les trois guerres de Madeleine Riffaud » (Résistance, Algérie, Vietnam). Nous pourrions ajouter : … et tout le reste, alors ?
Elle a dix-huit ans lorsqu’elle établit le contact avec la Résistance à la Fac de Médecine de Paris. Elle y adopte le nom de guerre de Rainer (clin d’œil internationaliste au grand poète allemand Rainer Maria Rilke). Et son courage amène ses camarades de lutte à lui confier des missions de plus en plus périlleuses.
En 1944, alors que la Wehrmacht est partout en recul, la Résistance décide de franchir un cran dans la lutte armée dans la capitale, avant l’arrivée des troupes alliées. « Nous voulions que Paris se libère elle-même », rappelle-t-elle ( « Madeleine Riffaud toujours en Résistance » , film de Jorge Amat).
Elle est volontaire pour une mission périlleuse : abattre un officier allemand. Elle passe à l’acte sur le pont de Solferino.
« Neuf balles dans mon chargeur / Pour venger tous mes frères / Ça fait mal de tuer / C’est la première fois / Sept balles dans mon chargeur / C’était si simple / L’homme qui tirait l’autre nuit / C’était moi ».
Arrêtée par un milicien, livrée à la Gestapo, torturée, condamnée à mort, elle échappe in extremis au peloton d’exécution, grâce à un échange de prisonniers. Cela se passe le 19 août, au moment précis où commence l’ultime combat pour la libération de Paris.
Madeleine, qui a rang d’officier FTP, rejoint son groupe, Saint-Just (quel plus beau nom trouver ?), dont elle prend le commandement. Le 23 août, ce groupe prend d’assaut et bloque un train blindé allemand, au tunnel des Buttes-Chaumont. 23 août 1944 ? Le jour de ses vingt ans. Mais pour elle, pas de trêve : le 25 elle est, toujours à la tête de sa compagnie, à l’assaut du tout dernier bastion allemand, la caserne de la place de la République.
C’est ce jour-là que de Gaulle prononce sa célèbre phrase « Paris outragé ! Paris brisé ! Paris martyrisé ! mais Paris libéré !... ». Libéré par son peuple, oui. Mais à ce moment Michel Tagrine, jeune héros FTP de 22 ans, compagnon d’armes de Madeleine, vient d’être fauché, l’un des derniers martyrs de la Libération.
Ce soir-là, raconte Madeleine, alors que tout Paris riait, nous, ses compagnons d’armes, pleurions comme des gosses… Cette première expérience exceptionnelle, cette Résistance d’une très jeune femme, sera plus tard contée par elle sous le titre « On l’appelait Rainer ».
C’est ensuite, après la Libération, une nouvelle vie, le tourbillon un peu fou de la victoire, d’un début de célébrité. « Je suis tombée dans la légalité comme on plonge les fesses dans un seau d’eau froide », dit-elle (film Jorge Amat).
Elle rencontre les dirigeants du PCF, fait la connaissance d’Eluard, de Picasso (qui fera plus tard son portrait), d’Aragon, de Vercors, à qui elle voue depuis une grande admiration. Elle devient l’épouse de Pierre Daix, un autre héros de la Résistance, dont elle se séparera dès 1947.
Madeleine dit : « À cette époque, je ne savais que manipuler les armes ». Trop de modestie ! Il n’y a pas que cela : elle écrit. Des poèmes. Et magnifiquement. Son premier ouvrage, « Le poing fermé » , est préfacé par Paul Eluard.
Simultanément, elle choisit la carrière journalistique. Elle entre à « Ce Soir », alors l’un des grands quotidiens progressistes français, dirigé par Aragon. Elle y croise une grande, grande dame, qui sera d’une influence déterminante sur le cours de sa vie : Andrée Viollis, naguère auteure de « SOS Indochine » (1935).
Andrée Viollis lui présente alors Ho Chi Minh, en visite officielle en France pour tenter d’éviter le déclenchement de la guerre d’Indochine – ce qu’il ne parviendra pas à faire. Madeleine a gardé un souvenir ému de cette première rencontre (il y en eut tant d’autres !). L’oncle Ho lui dit : « Ma fille, le journalisme est un métier. Apprends, apprends, puis ensuite viens me voir dans mon pays ». Ce qu’elle fit dix ans plus tard.
Entre temps, de « Ce Soir », elle est passée à « La Vie ouvrière », où elle participe, par la plume, aux campagnes de la CGT (appel de Stockholm, luttes contre la guerre d’Indochine, notamment lors de l’affaire Henri Martin).
Elle trouve pourtant, toujours, le temps de poursuivre une carrière littéraire ( « Le courage d’aimer » , recueil de poésies, « Les baguettes de jade » , récit romancé des rencontres faites avec la délégation vietnamienne, notamment du poète Nguyen Dinh Thi, lors du Festival de Berlin, en 1951).
La guerre « française » d’Indochine, justement, s’achève. Madeleine avait été de ceux qui, depuis le début, avaient soutenu l’indépendance du Vietnam, avaient prédit les impasses tragiques de la politique française. Dien Bien Phu leur donna raison.
Madeleine est volontaire pour partir, toujours pour la « VO », couvrir les tout premiers temps de l’existence du nouvel État indépendant vietnamien, installé à Hanoi. Mais aussi, pourquoi le masquer, pour retrouver Nguyen Dinh Thi. Elle passera là, sans doute, les plus belles années de sa vie, au milieu de ce peuple qui alors commence la reconstruction, croyant éviter une seconde guerre, contre les Etats-Unis cette fois.
Sa proximité avec Ho Chi Minh est une chose connue de tous. Pour beaucoup, Madeleine est un peu « la fille française de l’Oncle ». Épisode heureux, épisode trop court. « Ta place est en France, pour y éclairer ton peuple, pour y participer aux luttes », lui dit alors Ho. Grandeurs et douleurs de l’engagement…
Nous sommes alors en 1956. Depuis deux ans, une nouvelle épreuve vient de commencer. L’aveuglement colonialiste, qui n’a aucune limite, amène les dirigeants français à engager le pays dans une nouvelle guerre, en Algérie.
C’est pour « L’Humanité », cette fois, que Madeleine va reprendre le combat. Elle intègre l’équipe prestigieuse de la rubrique internationale, dirigée par Pierre Courtade, où elle se fera des amitiés définitives, les si regrettés Yves Moreau, Robert Lambotte, Jean-Émile Vidal, François Lescure… Madeleine va partager tous les combats de ce journal.
De Paris, elle écrit des pages émouvantes (qui a pu oublier son « Adieu aux martyrs de Charonne » ? ses polémiques, elle l’ancienne Résistante, avec l’ex collabo Papon, devenu préfet de police ?).
Mais ce diable de femme n’aime que le terrain. Avec l’accord de son journal, elle part, clandestinement, en Algérie, avec les dangers encourus que l’on imagine, en cette période où les « ultras » de l’Algérie française haïssent les journalistes de métropole et tout ce qui ressemble à la gauche. Alors, une journaliste communiste…
Elle échappe d’ailleurs miraculeusement à un attentat de l’OAS mais est gravement blessée.
La guerre d’Algérie se terminant comme la précédente, en Indochine, par l’accès à l’indépendance du peuple colonisé, Madeleine est de retour à Paris.
Pas pour longtemps. Le cycle infernal des guerres menées par l’Occident contre la liberté des peuples ne cessant pas, c’est de nouveau sur le Vietnam que l’actualité braque ses projecteurs. Là, les Etats-Unis prenant le relais de la France coloniale – c’est l’époque où le monde ne voit que le beau sourire de Kennedy, oubliant un peu vite l’impérialisme américain–, ont décidé d’ériger une barrière « contre le communisme », en fait d’interdire au peuple vietnamien de s’unir et de choisir son destin.
Madeleine, qui a évidemment gardé le Vietnam au cœur, y repart, toujours pour « L’Humanité ». Ce journal aura alors sur place un tandem d’exception : Charles Fourniau, historien devenu un temps journaliste, pour les analyses de fond, les éclairages indispensables, Madeleine Riffaud pour le vécu, la sensibilité. Madeleine l’intrépide est sur le terrain, parmi ses sœurs et ses frères vietnamiens, au sud « Dans les maquis Vietcong » (titre d’un ouvrage paru en 1965 reprenant ses reportages) ou « Au Nord-Vietnam : écrit sous les bombes » (autre ouvrage, 1967).
Ses reportages d’ailleurs dépassent largement le lectorat habituel de « l’Huma ». Ses textes sont traduits dans plusieurs langues, les micros se tendent vers elle à chaque nouvelle étape de la lutte du peuple vietnamien.
Enfin, Madeleine ne sait pas seulement écrire : elle parle. Tous ceux (une génération entière !) qui sont venus l’écouter à la Mutualité raconter, toujours avec des détails choisis, significatifs, teintés souvent d’humour, le quotidien de la résistance du Vietnam, n’ont pu oublier la sensation de cette femme, apparemment frêle, à l’héroïsme (elle n’aime pas, mais pas du tout, le mot) tranquille, parlant simplement des dangers encourus.
Cette phase américaine de la guerre du Vietnam s’achève en 1975. Madeleine, à sa place, celle d’une journaliste-écrivain-témoin d’exception, y a contribué. Les « trois guerres de Madeleine Riffaud » s’achèvent. On pourrait plus précisément dire les « trois victoires partagées » …
Madeleine continue ensuite ses combats humanistes de mille manières. L’une d’entre elle est de se couler incognito, durant plusieurs mois, dans la peau d’une aide-soignante, de connaître là encore de l’intérieur le travail, les luttes, les espoirs et parfois les désespoirs du personnel hospitalier. Au terme de cette expérience naîtra un livre-choc, lu encore aujourd’hui, sur la vie quotidienne de ces autres héroïnes, « Les linges de la nuit » .
Même si les années ont passé, elle est encore et toujours active. L’un des derniers témoins de la Libération de Paris, elle est très sollicitée, en ce 70 ème anniversaire de ce grand événement. Et le Vietnam, toujours, la taraude…
On l’a vue il y a quelque temps, sur le parvis des Droits de l’Homme, aux côtés d’Henri Martin, dénoncer les effets terribles de l’Agent orange, aujourd’hui encore, sur les enfants de ce pays.
Elle était présente, parlant debout, droite, une heure durant, lors de la soirée d’hommage qui fut rendue récemment au Centre culturel vietnamien, à elle-même, à Raymonde Dien elle aussi présente, et à Henri Martin.
Alors, oui, nous savons que nous allons nous faire houspiller. Mais nous prenons le risque de dire, avec tant d’autres : « Bon anniversaire, Madeleine » .
DE MADELEINE RIFFAUD
film de Philippe Rostan
2010
extraits - 12:21
Résistante pendant la Seconde Guerre mondiale puis journaliste engagée sur le front de la décolonisation, Madeleine Riffaud raconte ses engagements qui la mèneront à couvrir trois guerres : Indochine, Algérie, Vietnam.
Ce film a remporté une Etoile de la Scam en 2011
et le Grand Prix du Film Documentaire au Festival d’Alger en 2012
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Seconde Guerre mondiale :
le parcours de Madeleine Riffaud une résistante encore en vie raconté en bande dessinée
Madeleine Riffaud, 97 ans, est l'une des dernières résistantes de la Seconde Guerre mondiale encore en vie. À seulement 17 ans, elle s'était engagée contre l'occupation nazie. Une bande dessinée qui retrace le parcours de cette héroïne vient de sortir.
Elle s'appelle Madeleine Riffaud. À 97 ans, elle est l'une des dernières résistantes vivantes. Après quatre années de travail, une partie de sa vie est racontée dans une bande dessinée. Celle-ci retrace son parcours depuis son engagement dans la Résistance qui a commencé lorsqu'elle était adolescente, précipitée après l'humiliation d'un officier allemand. "Il m'a foutu un coup de pied au cul, il m'a envoyée valser à 2 mètres", raconte-t-elle.
À 19 ans, elle tue un militaire allemand
Alors engagée dans la Résistance, à 19 ans, elle tue de sang-froid un militaire allemand en juillet 1944 en plein cœur de Paris, pour inciter les habitants à se lever contre l'occupant. "On regrette toujours d'avoir ôté la vie à quelqu'un", déclare-t-elle aujourd'hui. Torturée par la Gestapo, elle contribue à la libération de Paris puis devient grand reporter. Longtemps, elle n'évoque pas ses actes de résistance. Pour réaliser cette bande-dessinée, elle a ouvert ses archives personnelles. "C'est une vie d'aventures incroyables", commente Jean-David Morvan, scénariste de la BD La Rose Dégoupillée (éditions Dupuis).
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