Pour le 21 septembre : journée internationale de la Paix
Veritas tenait son congrès national ce 12 septembre à Béziers. Veritas ? C’est une organisation de rapatriés d’Algérie qui a sa vérité historique qu’elle n’entend pas soumettre au débat. Naturellement le maire de la ville était présent pour accueillir les congressistes. Il y avait aussi Elie Aboud, député de la circonscription et responsable du Groupe d’Etudes pour les Rapatriés.
Nous avons pu lire les discours de Ménard et du secrétaire adjoint de Veritas. Pas de surprise, nous connaissions leurs positions. Les Européens d’Algérie, les Harkis ont été abandonnés par le gouvernement de l’époque, qui avec la signature des Accords d’Evian, a permis la fin de la guerre et l’accès à l’indépendance du pays.
Bien sûr le silence est fait sur la réalité du colonialisme et de la guerre atroce qui l’a maintenu sous perfusion pendant plus de sept ans. Le sort des Algériens, qui subissaient l’occupation de la France, n’est pas abordé. Celui des appelés du contingent, embarqués contre leur volonté dans cette galère, pas davantage. Ne comptent dans l’affaire que les malheurs des Pieds Noirs et des Harkis (que l’on ménage plus volontiers aujourd’hui qu’au temps de la guerre !).
Il faudrait que Veritas accepte de se poser la question : pourquoi, si le colonialisme avait fait leur bonheur, les Algériens ont engagé une guerre difficile pour s’en défaire ? Pourquoi les Français ont massivement ratifiés par référendum le processus de paix engagé à Evian ?
Dans les deux discours que nous avons lus, on retrouve le racisme, la xénophobie et l’islamophobie qui conduisent à la haine du musulman assimilé au terroriste djihadiste alors qu’il est la première victime de gens qui se réclament de la même religion que lui. Dans le même ordre d’idée, les deux intervenants prennent parti pour Israël contre les Palestiniens alors que ceux-ci subissent le colonialisme et une forme d’apartheid.
Le risque de guerre que cela engendre est évacué. Veritas rassemble des gens qui ont connu un ordre fondé sur la domination militaire. Ils ont été surpris quand cette page de l’histoire a été tournée et voudraient à présent revenir en arrière comme ils avaient tenté de le faire après le 19 mars 1962.
La violence à laquelle s’étaient livrés avant et après cette date les partisans de l’Algérie française a contribué à rendre impossible toute autre perspective que le départ des Européens d’un pays qui était aussi le leur.
Oran le 5 juillet 1962 n’a-t-il pas été préparé par la mise à feu et à sang de la ville en avril de la même année ? Je peux en témoigner, je n’ai pas pu embarquer dans ce port alors que j’étais libérable et il nous a fallu le faire à Mers el Kébir.
Veritas et Ménard amalgament volontiers le FLN et Daesh. Ils n’ont pourtant pas les mêmes objectifs. Daesh n’a certainement pas celui de libérer le peuple de l’oppression colonialiste. Mais la logique de notre système se saisit de tous les prétextes pour préparer les esprits à la guerre. Celle-ci permettra de vendre des armes, de s’approprier des richesses, d’endiguer les actions pour vivre mieux, et de raccommoder la porcelaine quand elle aura pris fin (si les morceaux peuvent encore être recollés !)…
Aussi à l’opposé de la violence et de la haine, il me paraît utile de faire quelque chose le lundi 21 septembre, journée internationale pour la Paix. Je sais, ce n’est pas facile, mais, malgré les difficultés, je le crois possible et finalement nécessaire, nécessaire précisément parce que possible. Evidemment nous ne mobiliserons ni Veritas ni Ménard mais il n’y a pas qu’eux !
Jacques CROS
Pour l’édition 2014 de la Journée internationale de la paix, l’actrice Ariane Ascaride avait accepté de parrainer l’événement et d’enregistrer une vidéo pour l’occasion. Disponible en ligne, cette vidéo se veut un message de ralliement pour tous les pacifistes convaincus ou en devenir, un appel à rejoindre le Collectif 21 septembre pour créer un monde de paix.