• L’assassinat de Maurice Audin, 57 ans de mensonge d’Etat

    L’assassinat de Maurice Audin, 57 ans de mensonge d’Etat

    http://blogs.mediapart.fr/edition/complices/article/170914/l-assassinat-de-maurice-audin-57-ans-de-mensonge-d-etat

    Artistes et historiens seront réunis vendredi 19 septembre 2014 à Lens (Pas-de-Calais), en écho à l'exposition du Louvre sur les « désastres de la guerre », pour une soirée exceptionnelle en présence de Josette Audin, veuve de Maurice Audin, jeune et brillant mathématicien engagé pour l’indépendance de l’Algérie, assassiné à 25 ans en juin 1957 par des militaires français.

    La soirée fait écho à l'exposition Les désastres de la Guerre. 1800-2014 qui a lieu au Louvre-Lens jusqu'au 6 octobre, dans laquelle figure notamment une œuvre de Jean-Jacques Lebel intitulée Justice. L'assassinat de Maurice Audin ainsi que le Grand tableau collectif antifasciste de 1961. Lebel, ainsi que la commissaire de l'exposition, Laurence Bertrand-Dorléac, et d'autres artistes, notamment des plasticiens et des gens de théâtre, participeront à cette rencontre organisée par la Ligue des droits de l'homme. Une nouvelle fois, sera posée la question de la vérité sur la torture et la disparition de Maurice Audin, emblématique de « l'impensé colonial », impensé terreaux du FN, actif dans le secteur…

     Maurice Audin : Le Drian promet la vérité

    Le gouvernement « fera tout ce qui est en son pouvoir pour contribuer à l’établissement de la vérité », annonce le ministre de la défense après les dernières révélations sur l’assassinat en Algérie du mathématicien communiste. « On a tué Audin », avoue le général Aussaresses dans un enregistrement recueilli par le journaliste Jean-Charles Deniau.

    « On a tué Audin. Voilà. On l’a tué au couteau pour faire croire que c’était les Arabes qui l’avaient tué. Voilà. Qui c’est qu’a décidé de ça ? C’est moi. » C’est l’incroyable aveu fait par le général Aussaresses, peu avant sa mort, et qui vient d’être rendu public par le journaliste Jean-Charles Deniau, dans un livre intitulé La Vérité sur la mort de Maurice Audin (Équateurs, 2014).

    Maurice Audin, jeune mathématicien communiste, a été tué à Alger en juin 1957 après avoir été arrêté par des militaires français. Les circonstances de sa mort n’ont jamais été complètement élucidées et l’État français, que tout accuse, n’a jamais reconnu sa culpabilité.

    En décembre 2012, François Hollande avait été le premier président de la République française à se recueillir sur la place Maurice-Audin, à Alger, et il avait promis à sa veuve de lui remettre toutes les archives disponibles. Une promesse honorée par un décret du ministère de la défense en février 2013.

    L’assassinat de Maurice Audin, 57 ans de mensonge d’Etat

    François Hollande à Alger devant la stèle hommage à Maurice Audin

     en décembre 2012

    Mais les historiens ne se faisaient que très peu d’illusions sur la teneur de ces documents, qui ont vraisemblablement été expurgés depuis bien longtemps. C’est dire l’importance des révélations du livre de Jean-Charles Deniau. Au terme de son enquête, le journaliste conclut que Maurice Audin a été tué par un sous-officier français sur ordre du général Jacques Massu, patron de la 10e division parachutiste (DP) pendant la bataille d'Alger. Un ordre répercuté par Paul Aussaresses, alors officier de renseignements au 1er régiment de chasseurs parachutistes (RCP), l'un des quatre régiments de la 10e DP.

    L’assassinat de Maurice Audin, 57 ans de mensonge d’Etat

    Lors des questions au gouvernement, le député du Front de gauche François Asensi est revenu à la charge auprès du gouvernement pour qu’il reconnaisse l’assassinat d’Audin comme « crime d’État ». « Malgré le maintien du secret-défense, malgré des archives militaires probablement nettoyées, la vérité a depuis fait son chemin. Une enquête approfondie vient apporter de nouveaux éléments accablants. Il n’y a aujourd’hui plus de place au doute : Maurice Audin, militant communiste, a été enlevé, torturé, et assassiné par le 10e régiment de parachutistes de l’armée française », a-t-il expliqué. Une intervention ponctuée par le cri hallucinant d’un député UMP, dont le nom n’a pas été publié dans le compte-rendu officiel de l’Assemblée, à propos de Maurice Audin : « Un traître ! »

    Le ministre de la défense Jean-Yves Le Drian a quant à lui promis que « le gouvernement fait et fera tout ce qui est en son pouvoir pour contribuer à l’établissement de la vérité. (…) Établir la vérité est une obligation ». « Un livre vient de sortir il y a très peu de temps. Nous sommes en train d’en prendre connaissance », a-t-il également dit. Mais sans se prononcer sur une éventuelle reconnaissance comme « crime d'Etat ».

    Interrogé par Mediapart, le ministère de la rue de Brienne renvoie vers l'Elysée: « La décision d’une telle reconnaissance n’appartient pas au ministre de la Défense. Son rôle est d’identifier, pour ce qui concerne la Défense, tous les éléments qui permettront au chef de l’Etat de se prononcer en conscience. A cette fin, Jean-Yves Le Drian a demandé aux services concernés du ministère de rester mobilisés. » Pour l'instant, précise encore le ministère, aucune des archives remises à la veuve de Maurice Audin ne dévie de la ligne officielle de la France de l'époque, celle d'une évasion qui aurait mal tourné du mathématicien communiste: « La question qui se pose donc : dispose-t-on, dans les archives de l’Etat, de documents racontant la version de l’exécution ? Après des mois de recherche, force est de constater qu’il n’y en a pas, soit qu’il n’y en a plus, soit qu’il n’y en a jamais eu. »  

    http://www.mediapart.fr/journal/france/150114/maurice-audin-le-drian-promet-la-verite

     

     

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